Gérard Larcher : « Notre démocratie est vivante »
Alors que le Sénat reprend ses travaux pour une séance de questions d’actualité et l’examen des textes liés à la crise sanitaire, Gérard Larcher assure le gouvernement de son soutien sur les mesures d’urgence prises. Sur le report du 2nd tour des municipales, il souhaite que la date de dépôt des listes se fasse avant fin mars.

Gérard Larcher : « Notre démocratie est vivante »

Alors que le Sénat reprend ses travaux pour une séance de questions d’actualité et l’examen des textes liés à la crise sanitaire, Gérard Larcher assure le gouvernement de son soutien sur les mesures d’urgence prises. Sur le report du 2nd tour des municipales, il souhaite que la date de dépôt des listes se fasse avant fin mars.
Public Sénat

Par Perrine Tarneaud

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Perrine Tarneaud : Le Sénat s’apprête à siéger dans un contexte d’épidémie et de confinement de la population, avec des mesures inédites : que répondez-vous à ceux qui ne comprennent pas que vous réunissiez alors qu’on demande aux Français de rester chez eux ?

Gérard Larcher : Notre démocratie est vivante et nos institutions doivent fonctionner.  Les Français comprennent qu'en démocratie, le Parlement assure la continuité du pouvoir législatif et le pouvoir de contrôle de l’action du gouvernement. Les mesures d'urgence doivent être votées par le Parlement. Elles le seront dans le respect des règles sanitaires imposées par la situation.

 

Comment allez-vous vous organiser pour limiter les risques en conférence des présidents, en commission, et dans l’hémicycle ?

G. L. : Les recommandations de sécurité sanitaire seront scrupuleusement respectées. Pour chacune de ces réunions seront observées la distance de sécurité entre chaque personne, la restriction des documents papier ;  des gels hydroalcooliques seront à disposition, les micros seront nettoyés et désinfectés après chaque usage et un nettoyage de l'hémicycle sera effectué entre chaque séance. Il y aura des règles d’entrées et de sorties.

 

Vous-même, dans ce contexte très singulier, comment le président du Sénat travaille? Comment vous maintenez le contact avec vos collaborateurs et avec l’institution ?

G. L. : Nous nous sommes adaptés. Je travaille bien entendu chaque jour au Sénat et y vis depuis mardi. La plupart de mes collaborateurs travaillent chez eux en lien avec le directeur de cabinet et moi-même.

Le Secrétaire Général du Sénat et le Secrétaire Général de la Questure me rendent compte régulièrement de la mise en œuvre du plan de continuité de l'activité de l'Institution.

 

Quelles nouvelles des 2 sénatrices touchées par le virus ? Vous avez connaissance d’autres cas de sénateurs atteints par le virus ?

G. L. : Les sénatrices touchées ont elles-mêmes rendu public leur état de santé. Je les ai eues au téléphone, les nouvelles sont rassurantes. Bien entendu, elles restent confinées chez elles.

 

Dans les semaines à venir, le travail parlementaire va-t-il se poursuivre au Sénat, avec des auditions, ou des questions d’actualité ?

G. L. : Les activités de contrôle vont se poursuivre, c’est le fondement de notre pacte Républicain et du rôle du Parlement. Nous envisageons la meilleure manière d’opérer ce contrôle. Nous allons le définir en lien avec le Président de l’Assemblée Nationale.

 

Le projet de loi d’urgence examiné aujourd’hui par le Sénat répond-il à notre état sanitaire ? Êtes-vous satisfait des mesures prises par le gouvernement ?

G. L. : Nous avons été et sommes en contact permanent avec le Gouvernement pour l'élaboration de ces textes d’urgence. Nous l'avons assuré de notre soutien pour les examiner rapidement et en responsabilité. Le Sénat sera bien entendu vigilant afin que les mesures prises pour répondre à la crise sanitaire que traverse le pays le soient dans le respect des libertés individuelles et collectives.

 

Le projet de loi urgence comporte une disposition sur le report du 2nd tour des élections municipales, le gouvernement prévoit aussi de repousser jusqu’en juin la date de dépôt des listes pour le second tour. Les sénateurs dénoncent dans leur ensemble un « tripatouillage » électoral : c’est la porte ouverte aux manipulations selon vous ?

G. L. : Concernant le second tour des élections municipales, je considère, et c’est une position largement partagée par les Sénateurs, que le « gel » des résultats du premier tour n’a pas pour objectif de permettre un temps supplémentaire de négociation pour la constitution des listes pour le second tour. Cela relève du respect du principe de sincérité. Il y aura débat avec le gouvernement afin de prévoir une date limite dont l’échéance ne dépasserait pas la fin de ce mois.

 

Les mesures d’urgence économique permettront-elles de faire face au choc subi ?

G. L. : Les textes économiques et financiers que le Parlement examine aujourd'hui et demain sont indispensables et me semblent aller dans la bonne direction. Les mesures proposées sont fortes et globalement adaptées à la nature des défis qui s'offrent à nous. Il s'agit d'abord d'aider les entreprises, leurs salariés et les travailleurs indépendants à passer ce cap difficile, de garantir également la continuité de la vie économique et sociale, et enfin d'assurer que l'activité économique puisse repartir  une fois la crise sanitaire derrière nous. Cette nuit, la BCE ( Banque Centrale Européenne) a, elle aussi, pris des décisions importantes. Le financement des entreprises en sera facilité et les États de la zone euro vont pouvoir déployer dans de bonnes conditions leurs plans de lutte contre le coronavirus et de soutien à économie. Voilà l'urgence que nous devons traiter collectivement. Il faut aller vite en se concentrant sur l'essentiel. Nous tirerons ensuite les enseignements de cette crise.

 

Concernant les propos d’Agnès Buzyn dans le Monde : vous diriez que l’ancienne ministre est fatiguée par sa campagne ?

G. L. : L’heure est ni aux polémiques ni aux commentaires de ces polémiques, l’heure est à la priorité sanitaire et aux mesures concrètes.

 

Elle dit avoir alerté l’exécutif dès la fin janvier sur la dangerosité du virus et l’impossibilité d’organiser les élections municipales : la gestion de la situation sanitaire est critiquée par l’opposition, cette gestion a-t-elle failli ?

G. L. : Je vous ai répondu.

 

L’unité nationale est-elle déjà fissurée ? Marine Le Pen envisage une saisine de la Haute Cour de Justice contre Emmanuel Macron, JL Mélenchon parle de responsabilité pénale, de votre côté, vous envisagez de créer une commission d’enquête ou une mission d’information sur la gestion de la crise ?

G. L. : L'idée d'engager la responsabilité du Chef de l'État appartient aux auteurs de ces propos. Cela ne me paraît pas digne, à l'heure où l'on parle, de la situation. En revanche, l'Assemblée nationale et le Sénat doivent continuer à assurer leur mission de contrôle de l'action du Gouvernement. C'est leur rôle constitutionnel. Cela n’a donc rien de polémique. S'agissant des mesures liées aux conséquences de la crise sanitaire, les différents rapporteurs des textes suivront leur application. Indépendamment du suivi des textes d'urgence, le Sénat doit également continuer à exercer sa mission générale de contrôle de l'action du Gouvernement.

Dans la même thématique

AFFICHES
3min

Politique

Enquête sur des prêts accordés au RN : quelles sont les règles en matière de financement de la vie politique ?

Le RN est de nouveau dans le viseur de la justice. Selon Challenges, entre 2020 et 2023, 23 particuliers ont accordé de manière récurrente des prêts au Rassemblement national, pour un montant total de plus de 2,3 millions d’euros. Après la révélation de l’ouverture d'une enquête judiciaire, Jordan Bardella a dénoncé une « opération de harcèlement » et « une volonté de mort financière » de son parti. Public Sénat revient sur les règles qui encadre le financement de la vie politique.

Le