Gérard Larcher : « Si Valérie Pécresse n’est pas au deuxième tour, le président de la République sera réélu »
Valérie Pécresse est « clairement à droite », tout en étant « une femme ouverte sur les questions de société ». « Elle a tout à fait la dimension » pour diriger le pays, défend le président LR du Sénat, Gérard Larcher sur Public Sénat, alors que la candidate a été critiquée après son meeting du Zénith.
Par Public Sénat
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Le vote utile anti-Macron. Pour Gérard Larcher, voter Pécresse, c’est le seul moyen de battre le chef de l’Etat. Alors que deux sondages donnent Eric Zemmour très légèrement devant Valérie Pécresse, le président LR du Sénat prévient : « Je le dis clairement. Si Valérie Pécresse n’est pas au deuxième tour, le président de la République sera réélu. Et à ceux qui s’apprêtent à voter, et qui ne souhaitent pas un deuxième mandat (du Président), il faut qu’ils réfléchissent », met en garde Gérard Larcher, invité de Public Sénat.
« Quand on ne maîtrise pas l’immigration, ça nous conduit à une forme de séparation »
Interrogé sur la polémique, à droite, après l’emploi par Valérie Pécresse des termes « grand remplacement » et « Français de papier », vocabulaire de l’extrême droite, le sénateur des Yvelines souligne que lorsqu’« on reprend la phrase de Valérie Pécresse, elle a dit qu’elle n’en voulait pas ». « Je veux des Français de cœur. Voilà pourquoi la question de l’intégration, de l’assimilation, de l’accueil dans notre pays sont des sujets importants. Quand on ne maîtrise pas l’immigration, ça nous conduit à une forme de séparation », alerte le président LR du Sénat, selon qui il « faut qu’on apporte des réponses à cette question migratoire. Il faut le faire dans le cadre de nos valeurs républicaines ».
Pour ce proche de longue date de la candidate, il n’y a pas de virage à droite de la présidente de la région Ile-de-France. « C’est une femme qui est clairement à droite, ouverte sur la pensée d’un certain nombre de modérés », « une femme ouverte sur les questions de société, attentive aux autres », « elle a tout à fait la dimension » pour diriger un « pays tellement fracturé, qui a besoin de clarté ».
« Nous sommes toujours une assemblée de la construction »
Alors que la session parlementaire se termine la semaine prochaine, pour cause de campagne électorale – les commissions et commissions d’enquête continuent cependant leur travail – Gérard Larcher fait le bilan de cette législature. Il revient sur les relations, parfois compliquées, avec l’exécutif depuis près de cinq ans. « Les relations avec le Sénat ont été vivantes », lance Gérard Larcher, rappelant cependant que la Haute assemblée a « voté beaucoup de texte, près de 70 %. Ça démontre que nous sommes toujours une assemblée de la construction, et pas une assemblée qui se place dans l’opposition par principe. Au Sénat, on ne dit jamais oui par discipline et jamais non par dogmatisme », aime à rappeler le président de la Chambre haute. « Mais quand on dit non, c’est non. Je pense à la dernière révision constitutionnelle sur le climat et le terme « garantir » », illustre Gérard Larcher, qui voit qu’« aujourd’hui, (le Président) fait demi-tour sur le nucléaire. Ce n’est pas inutile que nous ayons dit non… »
Quant à la réforme institutionnelle et constitutionnelle, qui devait réduire le nombre de parlementaires, et qui a abouti à un échec entre l’exécutif et le Sénat, Gérard Larcher rappelle que « nous avons dit non, car il y avait la question de la représentativité ». « Et le Président s’était engagé à renforcer le rôle et la place du Parlement, or nous avions la réduction de l’importance de la commission mixte paritaire », pointe-t-il.
Bilan de Macron : « La déception a été importante »
Quant à l’action du chef de l’Etat, « c’est quand même un bilan où la déception a été importante », selon Gérard Larcher. Même si le Sénat a « soutenu » certaines décisions, comme « les ordonnances travail » ou sur « l’alternance ». Face à la crise du covid-19, « le quoi qu’il en coûte n’était pas inutile, nous l’avons même soutenu dans la plupart de ses phases, mais la réalité, c’est 3.000 milliards d’euros de dette, une dépense publique qui a augmenté » et le « déficit extérieur », regrette Gérard Larcher. Au final, « c’est quand même un quinquennat qui n’a pas réussi à retisser la confiance ».
Mali : « On ne peut pas rester », selon Gérard Larcher
Interrogé sur le retrait probable de la France au Mali, alors que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est auditionné ce mercredi au Sénat, Gérard Larcher s’y est dit favorable. « Aujourd’hui, nous sommes face à une junte militaire qui préfère les miliciens d’un groupe privé, Wagner, lié à la Russie. Et on ne peut pas rester dans un pays dont les forces politiques, fussent-elles arrivées par la force et en dehors de tout contexte démocratique, ne veulent plus de la présence de nos armées », affirme Gérard Larcher, alors que « le Parlement sera associé à la réflexion la semaine prochaine », lors d’un débat, mais « peut-être après que la décision soit prise ».
Le président du Sénat rappelle que « 58 soldats sont tombés » au Mali, sans compter des « centaines de blessés », « on leur doit, au-delà de l’hommage, un peu une dette de patrie. C’est ce que nous devrons partager, au-delà des clivages politiques ».
Regardez l’intégralité de l’entretien avec Gérard Larcher :
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.