Le 29 avril 1945, les femmes françaises votaient pour la première fois. Gilberte Brossolette, résistante et femme politique, est entrée à l’Assemblée consultative provisoire de 1944 avant même de pouvoir voter. Elle siège au Sénat comme élue de la Seine, l’ancien département de Paris, jusqu’en 1958. C’est la première femme vice-présidente du Sénat.
Une grande résistante
Gilberte Brossolette est journaliste quand l’armistice de 1940 est signé et que Vichy lui interdit d’exercer son métier. Avec son mari, Pierre, ils organisent dès l’automne des réunions secrètes chez eux. Dans leur librairie rue de la Pompe, elle met en place une « boîte aux lettres » clandestine pour les Résistants.
En 1942, après plusieurs perquisitions à leur domicile et l’interrogatoire de leur fils par les autorités, Gilberte et Pierre Brossolette décident de partir pour Londres. Une fois en Angleterre, elle s’occupe de faire le lien entre le Commissariat à l’Intérieur de la France Libre et la BBC.
Après la mort de son mari en 1944, elle rentre en France et reprend son activité de journaliste à la Radiodiffusion française. Elle reçoit la médaille de la Résistance pour ses activités en Angleterre et devient chevalier de la Légion d’Honneur.
La première femme vice-présidente du Sénat
Elle est active à la Fédération Socialiste de l’Aube dans les années 1930. En 1944 et 1945, Gilberte Brossolette siège à l’Assemblée consultative provisoire puis est élue à la seconde Assemblée Constituante pour la SFIO. C’est dans ce cadre qu’elle demande l’inéligibilité des porteurs de la Francisque, la décoration attribuée par le régime de Vichy marquant l’estime du Maréchal Pétain.
En 1946, elle fait partie des vingt et une femmes élues au Conseil de la République, l’ancêtre du Sénat. Elle en est élue vice-présidente la même année, faisant d’elle la première femme à présider une séance au Sénat et à y prendre la parole. Dotée d’une « capacité naturelle à présider », d’après son fils Claude, elle reste à ce poste jusqu’en 1954.
Contre la Constitution de 1958
Siégeant au sein de la commission des affaires étrangères et de la presse, domaine présenté comme masculin, elle s’engage sur des sujets européens comme le statut du Conseil de l’Europe ou encore la Communauté européenne du charbon et de l’acier.
En 1958, elle vote contre les pleins pouvoirs au Général de Gaulle et contre la révision constitutionnelle qu’il porte. C’est durant la même année qu’elle renonce à se présenter de nouveau au Sénat.
Gilberte Brossolette reprend par la suite ses activités de journaliste à la radio et tient une chronique sur la politique étrangère. Elle meurt en 2004, à l’âge de 98 ans.