“Gilets jaunes”: intrusion dans un ministère, le coeur du pouvoir visé
C'est le coeur du pouvoir qui a été visé samedi par les "gilets jaunes" avec l'intrusion violente dans le ministère du porte-parole du...
Par Stéphanie LEROUGE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
C'est le coeur du pouvoir qui a été visé samedi par les "gilets jaunes" avec l'intrusion violente dans le ministère du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a dénoncé une "attaque inadmissible contre la République".
Selon le récit à l'AFP de M. Griveaux, des "gilets jaunes" et des "gens habillés en noir" ont "pris un engin de chantier qui était dans la rue" et "défoncé la porte du ministère" vers 16H15-16H30.
Entrés dans la cour, ils ont "cassé deux véhicules, quelques vitres, et puis ils sont repartis". Les personnels présents ont été "mis en sécurité" et évacués.
Le président Emmanuel Macron, sans faire référence à cet incident en particulier, a dénoncé une "extrême violence" venue "attaquer la République - ses gardiens, ses représentants, ses symboles", lors de l'"acte VIII" des "gilets jaunes" qui a rassemblé 50.000 personnes en France, selon le gouvernement, et a été émaillé de heurts dans plusieurs villes.
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'extérieur de son ministère après l'intrusion des "gilets jaunes", le 5 janvier 2019
AFP
Une telle intrusion dans un ministère est très rare. La dernière en date remonte à 1999 avec le saccage par des agriculteurs du bureau de Dominique Voynet au ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement.
"Ce n'est pas moi qui ai été attaqué, c'est la République" et "la maison de France", a réagi M. Griveaux. "C'est inacceptable et j'espère que les vidéos permettront d'identifier et de poursuivre les auteurs, et qu'ils seront très très durement condamnés", a-t-il ajouté, accusant les auteurs d'être les "ennemis de la démocratie".
Selon l'insoumis Juan Branco, ex-avocat de Jean-Luc Mélenchon, qui dit avoir été aux côtés des auteurs, ces manifestants étaient des "gilets jaunes lambda" qui, "à la violence du gouvernement", ont "répondu en investissant le lieu censé porter leurs mots".
Vendredi, M. Griveaux avait déclaré que le mouvement des "gilets jaunes" était "devenu le fait d'agitateurs qui veulent l'insurrection et, au fond, renverser le gouvernement".
- "Pyromanes de la République" -
Le parquet de Paris a indiqué à l'AFP qu'il avait ouvert une enquête confiée au 3ème district de police judiciaire. Il n'y a pas eu pour l'instant d'interpellation.
Les "gilets jaunes", dont certains ne cachent pas leur souhait de renverser le pouvoir en place, ont à plusieurs reprises tenté de briser les cordons de police pour s'approcher de l'Elysée au cours des manifestations qu'ils mènent tous les samedis depuis la mi-novembre.
Une manière pour les plus radicaux d'entre eux de répondre au défi lancé par Emmanuel Macron au début de l'affaire Benalla, lorsqu'il a invité ses opposants à venir le "chercher".
L'un des leaders du mouvement, Eric Drouet, interrogé sur ce qu'il comptait faire si la manifestation arrivait devant l'Élysée, avait ainsi répondu: "On rentre dedans".
L'intrusion de samedi a déclenché de vives réactions au sein de la majorité. "Voilà sans doute la manière dont M. Drouet et ses indéfectibles soutiens comptaient +entrer à l’Elysée+. Voilà le résultat des dérives verbales et des appels à l'insurrection. Honte aux pyromanes de la République", a tweeté le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Marc Fesneau, dont les bureaux sont dans le même lieu que ceux de M. Griveaux.
"Derrière les fonctions, il y a aussi un humain, père de jeunes enfants... où est la fraternité ?", s'est émue la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa.
Le leader de la Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, soutien des "gilets jaunes", a lui mollement condamné cette action. "Qui sème le vent, récolte la tempête. Benjamin Griveaux parlait +d'aller plus loin dans le changement, d'être plus radicaux+: il a dû évacuer son ministère. Je condamne les violences, mais aussi la volonté de l'exécutif d'envenimer la situation", a-t-il affirmé.
La porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, tout en condamnant "fermement" des violences "inadmissibles", a cité Molière en déclarant que "le mépris est une pilule qu'on peut avaler mais qu'on ne peut mâcher".
Selon le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, "aucune contestation ne justifie de frapper des policiers à terre, d'attaquer un ministre, de casser, de brûler". "Ces violences sont l'œuvre de voyous qui veulent faire dégénérer le mouvement et discréditer les revendications" des "gilets jaunes", a-t-il écrit sur Twitter.
Dans le Lot, neuf candidats sont sur la ligne de départ. Dans ce département rural, qui élit deux sénateurs au scrutin majoritaire, la bataille se joue essentiellement entre socialistes et radicaux. A gauche, l’élection de Jean-Marc Vayssouze-Faure semble assurée. Chez les radicaux en revanche, plusieurs candidats se disputent la succession de Jean-Claude Requier, président du groupe au Sénat.
Gérard Longuet, trois fois ministre, ancien président de la région Lorraine et parlementaire pendant 45 ans, ne se représente pas aux élections sénatoriales 2023. Retour sur une vie politique en montagnes russes.
Invité de Public Sénat ce 20 septembre, le député LFI de Seine-Saint-Denis a vivement critiqué la position de fermeté exprimée par le ministre de l’Intérieur, face à l’afflux de migrants sur l’île italien de Lampedusa. « Nous devons prendre notre part », a-t-il estimé au contraire.
Alors que la moitié du Sénat sera renouvelée dimanche lors des sénatoriales, l’institution a évolué ces dernières années. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le Sénat a marqué l’actualité grâce à ses commissions d’enquête, qui lui ont formé une stature de « contre-pouvoir ». Le Sénat a su ainsi redorer son blason. Avec la majorité relative à l’Assemblée, la Haute assemblée joue un rôle beaucoup plus constructif et sait composer avec le gouvernement, texte par texte. Et chacun y trouve son intérêt.