La France est en alerte rouge et Paris a commencé à se barricader à la veille d'un nouveau samedi de manifestations de "gilets jaunes", une...
Par Jacques KLOPP avec les bureaux de l'AFP en régions
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La France est en alerte rouge et Paris a commencé à se barricader à la veille d'un nouveau samedi de manifestations de "gilets jaunes", une crise sociale et politique qui ébranle le pays et sidère le monde.
Commerces fermés, spectacles annulés, matches de foot reportés, programme du Téléthon et parcours de la marche pour le climat changés: partout dans l'Hexagone, des dispositions exceptionnelles sont en vigueur pour se prémunir d'une nouvelle flambée de violences, comme celles qui avaient entaché les manifestations du 1er décembre.
La situation est suivie de très près à l'étranger. La plupart des capitales ont appelé leurs ressortissants à ne pas s'exposer. Bruxelles, Prague et Lisbonne leur ont même conseillé de reporter leur séjour à Paris.
"Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs", a estimé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Principales fermetures de lieux publics et de commerces annoncées et dispositif de sécurité prévu à Paris pour le samedi 8 décembre
AFP
Face au risque d'une nouvelle explosion de violences, un dispositif policier "exceptionnel" sera déployé sur tout le territoire avec 89.000 membres des forces de l'ordre, dont 8.000 à Paris.
Dans la capitale, pour la première fois depuis des décennies, l'État engagera des "VBRG", ces véhicules blindés à roue de la gendarmerie.
Éric Drouet, visé par une enquête après avoir appelé à entrer dans l’Élysée, a également appelé à laisser "Paris aux casseurs" et d'aller manifester "sur le périphérique" parisien à la place.
Un des représentants des "gilets jaunes libres", Benjamin Cauchy, a appelé à ne pas aller manifester à Paris, estimant que ce rendez-vous était "un traquenard".
Un véhicule blindé de la gendarmerie, le 7 décembre 2018 stationné à Versailles et prêt à être mobilisé samedi dans les rues de la capitale
POOL/AFP
Il a été reçu avec une délégation de "gilets jaunes" pendant une heure et demie vendredi soir à Matignon par le Premier ministre, "conscient de la gravité de la situation", selon lui.
"Le Premier ministre nous a écoutés et promis de porter nos revendications au président de la République. Maintenant nous attendons M. Macron. J'espère qu'il va parler au peuple de France comme un père, avec amour et respect et qu'il prendra des décisions fortes", a déclaré à la sortie Christophe Chalençon, un autre porte-parole du mouvement.
Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron ne s'exprimera qu'en "début de semaine prochaine" sur la crise.
Le chef de l’État s'est rendu dans la soirée au fort de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) pour y rencontrer pendant près d'une heure des gendarmes mobiles qui seront déployés aux Champs-Élysées.
Une vingtaine d'interpellations ont eu lieu vendredi contre des éléments radicaux, a affirmé la ministre de la Justice Nicole Belloubet. "Nous cherchons absolument à éviter les violences et les heurts", a-t-elle déclaré sur BFMTV.
- Une balle par courrier -
Des gendarmes s'entretiennent avec des "gilets jaunes" à Saint Beauzire (centre), le 6 décembre 2018
AFP
La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a affirmé que "les imprécations en faveur d'un renversement de la Vème République sont inutilement dangereuses", tout en s'en prenant, sans le nommer, à Emmanuel Macron, "un homme dénué d'empathie pour le peuple, engoncé dans la morgue des élites et le mépris de classe".
Le gouvernement a multiplié les appels au calme, constatant que l'annulation de la hausse des taxes sur les carburants n'a pas suffi à apaiser la colère.
68% des Français soutiennent la mobilisation des "gilets jaunes", selon un sondage OpinionWay pour LCI publié vendredi, un chiffre stable par rapport à l'enquête de la semaine dernière.
"Nous voulons vivre et non survivre" dit la pancarte des 'Gilets Jaunes', à Torce près de Rennes le 2 décembre 2018
AFP/Archives
L'exécutif craint une alliance entre ultradroite, ultragauche, "gilets jaunes" les plus remontés et jeunes de banlieue, dont certains se sont livrés à des pillages samedi dernier dans la capitale.
Plusieurs responsables de la majorité font état de "remontées inquiétantes". Le député "marcheur" du Pas-de-Calais Benoit Potterie a déposé plainte après avoir reçu une balle par courrier à sa permanence. Elle était accompagnée d'un message manuscrit: "la prochaine fois tu la prends entre les deux yeux."
Mesures de sécurité prévues par l'État lors des manifestations prévues partout en France samedi 8 décembre 2018
AFP
En régions, une interdiction de manifester a été décrétée dans quatre communes du Nord tandis qu'à Montauban, 28 cocktails Molotov et trois bombes artisanales ont été saisis sur un rond-point occupé par des "gilets jaunes".
- "On barricade tout" -
Plusieurs dizaines de "gilets jaunes" ont pénétré en début d'après-midi dans le siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Jacline Mouraud, une des représentantes du mouvement, à Bohal le 13 novembre 2018
AFP/Archives
A Paris, 2.000 éléments de mobilier urbain ont été démontés. La tour Eiffel, le Louvre et plusieurs grands magasins seront fermés samedi, tout comme de nombreux commerces et restaurants.
"On barricade tout pour demain", dit Denis Thibaudet, un menuisier fixant des panneaux en bois pour protéger les vitrines d'une boutique de champagne.
Les hôpitaux parisiens ont mis en place "un dispositif de vigilance renforcé".
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en a appelé aux entreprises, soulignant que "tout le monde doit faire sa part" et évoquant le versement d'une prime exceptionnelle défiscalisée et exonérée de charges.
Cette prime a été qualifiée de "bonne idée" par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux. Mais les syndicats la jugent insuffisante.
Une extension de la mobilisation des "gilets jaunes" à d'autres secteurs est également crainte, notamment chez les agriculteurs et dans l'éducation où la situation est très tendue.
Quelques milliers de lycéens ont défilé vendredi à Paris aux cris de "Macron démission".
Dans les transports routiers toutefois, la CGT, après FO, a levé son appel à faire grève de manière illimitée à partir de dimanche soir.
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