« Gilets jaunes »: le gouvernement veut mobiliser les entreprises pour contenir le déficit
Contraint de trouver comment financer les mesures de pouvoir d'achat accordées aux "gilets jaunes", le gouvernement cherche à...

« Gilets jaunes »: le gouvernement veut mobiliser les entreprises pour contenir le déficit

Contraint de trouver comment financer les mesures de pouvoir d'achat accordées aux "gilets jaunes", le gouvernement cherche à...
Public Sénat

Par Antonio RODRIGUEZ, Marie HEUCLIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Contraint de trouver comment financer les mesures de pouvoir d'achat accordées aux "gilets jaunes", le gouvernement cherche à mettre à contribution les entreprises, et pourrait aller plus loin que la demande de prime exceptionnelle défiscalisée évoquée par Emmanuel Macron.

Le président de la République a réuni mercredi après-midi une centaine de chefs d'entreprises pour les mobiliser en faveur du pouvoir d'achat.

Si Emmanuel Macron n'a pas évoqué de mesures contraignantes, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, auditionné au Sénat, a lui estimé qu'"un effort spécifique" pourrait être demandé aux grandes entreprises, en plus des efforts sur la dépense publique auxquels travaille le gouvernement.

"J'y suis favorable", a-t-il affirmé, ajoutant qu'"après tout, dans les circonstances actuelles, il n'est pas illégitime de demander un effort particulier aux plus grandes entreprises".

Le gouvernement veut déjà mettre en place la taxation des géants du numérique (Gafa). Elle "devrait rapporter en année pleine 500 millions d'euros", selon M. Le Maire, qui n'a pas précisé si la France appliquerait cette taxe dès l'an prochain sans attendre un accord européen.

Autre piste envisagée, la modulation de la baisse de l'impôt sur les sociétés, dont le taux était censé passer de 33,3 à 31% l'an prochain, avant de descendre progressivement à 25% d'ici la fin du quinquennat. "C'est l'une des pistes" a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, qui a dit ne pas connaître les arbitrages finaux.

Devant les chefs d'entreprises, Emmanuel Macron n'a pas évoqué de nouvelles taxes, ni un report de la transformation du CICE en baisses de charges, prévue l'an prochain, répétant qu'il n'était pas question de "détricoter" les réformes menées depuis 2017.

"On a pas vocation à augmenter les taxes", a souligné l'Elysée.

"Le président a écouté tout le monde, il nous a demandé les efforts que nous étions prêts à faire", a indiqué à la sortie le président de Nexity Alain Dinin, l'un des rares chefs d'entreprises à s'exprimer après la réunion.

- l'oeil sur le déficit -

D'éventuelles mesures supplémentaires s'ajouteraient à la prime exceptionnelle que le président de la République a déjà demandé aux entreprises de verser à leurs salariés en annonçant qu'elle serait défiscalisée.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire doivent recevoir jeudi les partenaires sociaux pour échanger sur le sujet. D'ores et déjà, plusieurs grands groupes, comme Orange, Publicis, Altice, Iliad, LVMH, Kering ou Total, ont répondu favorablement à cet appel.

Chacun adapte toutefois les modalités de versement et le montant de cette prime. Si Altice et Iliad ont choisi de verser 1.000 euros, Orange a opté pour ce montant uniquement pour ses salariés dont le salaire annuel brut est inférieur à 25.000 euros. Ceux qui gagnent entre 25.000 et 30.000 euros toucheront 500 euros.

Le géant pétrolier Total a lui décidé de verser 1.500 euros à tous ses salariés en France, selon son PDG Patrick Pouyanné. Un porte-parole de l'entreprise a précisé à l'AFP que la possibilité d'une défiscalisation avait joué sur le montant de la prime, tout comme "le fait de pousser les entreprises à contribuer" à l'effort collectif.

Pour les entreprises plus petites, l'équation est plus compliquée. Mardi, la CPME a estimé que "le nombre de PME en capacité de distribuer une prime de ce type restera malheureusement limité".

L'enjeu pour le gouvernement, dont les annonces sont scrutées par Bruxelles, est que le déficit public ne s'éloigne pas trop de la limite européenne de 3% du PIB.

"Je souhaite que nous prenions toutes les mesures nécessaires pour nous rapprocher le plus possible des 3%, c'est-à-dire de nos engagements européens", a affirmé Bruno Le Maire mercredi devant les sénateurs.

La veille, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, avait chiffré le coût des mesures annoncées par M. Macron à 10 milliards d'euros, estimant que le déficit s'élèverait ainsi à 3,4% pour 2019 avant d'éventuelles mesures d'économie.

Dans la même thématique

« Gilets jaunes »: le gouvernement veut mobiliser les entreprises pour contenir le déficit
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

« Gilets jaunes »: le gouvernement veut mobiliser les entreprises pour contenir le déficit
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

« Gilets jaunes »: le gouvernement veut mobiliser les entreprises pour contenir le déficit
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le