« Gilets jaunes »: les étapes d’une fronde inédite en France
Le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France, donné lieu à des scènes de...

« Gilets jaunes »: les étapes d’une fronde inédite en France

Le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France, donné lieu à des scènes de...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France, donné lieu à des scènes de guérilla urbaine et amené le gouvernement à adopter des mesures sociales et à lancer un grand débat.

Depuis le 17 novembre, ces événements ont fait dix morts, pour la plupart lors d'accidents à des barrages, et plus de 2.000 blessés (manifestants ou forces de l'ordre).

- "Traque aux conducteurs" -

Dans une vidéo sur Facebook postée le 18 octobre, rapidement virale, une inconnue, Jacline Mouraud, interpelle "Monsieur Macron" et dénonce "la traque aux conducteurs". Une pétition "Pour une baisse des prix du carburant", lancée par une auto-entrepreneuse, Priscillia Ludosky, cartonne sur internet.

Le samedi 17 novembre, la première journée de blocage de routes rassemble en France 282.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent.

Des ronds-points sont "occupés", les revendications des manifestants s'élargissent.

- Premières annonces -

Samedi 24 novembre, pour l'acte 2 de leur mobilisation, des manifestants s'opposent durement aux forces de l'ordre sur les Champs-Élysées à Paris. Quelque 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés.

Le 27, Emmanuel Macron dit vouloir adapter la fiscalité des carburants aux fluctuations de prix et organiser une "grande concertation" dans les territoires, qui deviendra le grand débat.

- Chaos à Paris -

Le 1er décembre, le troisième samedi de mobilisation donne lieu à de multiples violences, surtout à Paris, où l'Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés autour connaissent des scènes de guérilla urbaine.

Le ministère de l'Intérieur recense 136.000 manifestants en France.

- 100 euros pour les Smicards -

Le 4 décembre, le Premier ministre Édouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Le lendemain, Emmanuel Macron fait savoir que l'augmentation est purement et simplement annulée pour 2019.

Le samedi 8, l'acte 4, émaillé de heurts, mobilise 136.000 manifestants.

Le 10 décembre, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic, des heures supplémentaires "sans impôts ni charges" et une nouvelle exemption de hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d'euros.

- Mobilisation en baisse -

Mobilisation plus calme et en baisse le samedi 15 décembre, avec 66.500 manifestants recensés.

Le ministère de l'Intérieur accepte trois jours plus tard de revaloriser les salaires des policiers.

Le 21, le Parlement vote les mesures d'urgence annoncées par Emmanuel Macron.

L'Intérieur dénombre 38.600 manifestants à travers le pays pour l'acte 6, samedi 22, et 32.000 pour l'acte 7 au milieu des fêtes, samedi 29.

- Rebond de participation -

La mobilisation et la tension remontent pour l'acte 8, samedi 5 janvier: 50.000 manifestants sont recensés. Des manifestants forcent avec un engin de chantier l'entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Un ex-boxeur professionnel, Christophe Dettinger, est filmé frappant deux gendarmes à Paris.

Le 7 janvier, Edouard Philippe annonce une nouvelle loi "anticasseurs". Le texte présenté, issu de la droite, fera craindre jusque dans la majorité une atteinte au droit de manifester, et sera en conséquence profondément remanié le 23 en commission à l'Assemblée.

- Grand débat -

L'acte 9, samedi 12 janvier, réunit 84.000 manifestants, dont 8.000 à Paris et plus de 6.000 à Bourges, sans heurts majeurs. Mais plusieurs journalistes sont victimes d'agressions.

Emmanuel Macron lance le grand débat national, dans une lettre aux Français rendue publique dimanche 13, puis lors d'un échange-marathon avec les maires normands, le 15 janvier dans l'Eure.

L'acte 10 du samedi 19 janvier mobilise encore, selon les autorités, 84.000 manifestants en France, avec un record de 10.000 personnes à Toulouse, et des heurts à Bordeaux.

Le 23, le gouvernement décide d'équiper de caméras-piétons les forces de l'ordre dotées de lanceurs de balles de défense (LBD), qui font polémique en raison de blessures graves causées à des manifestants.

- Liste aux européennes -

Des "gilets jaunes" annoncent le 23 un embryon de liste aux européennes, menée par une aide-soignante, Ingrid Levavasseur.

Le lendemain, Emmanuel Macron s'invite à un débat-citoyen dans la Drôme. Le 25, Edouard Philippe en fait autant dans les Yvelines.

Samedi 26, l'acte 11, qui doit se prolonger d'une "nuit jaune", est marqué par des heurts, à Paris et Nantes notamment. La participation baisse avec 69.000 manifestants en France selon l'Intérieur, dont 4.000 dans la capitale.

Des "foulards rouges", citoyens qui dénoncent les violences des "gilets jaunes" mais se défendent d'être pro-Macron, doivent défiler dimanche 27 à Paris.

Partager cet article

Dans la même thématique

« Gilets jaunes »: les étapes d’une fronde inédite en France
4min

Politique

Dans une ambiance tendue, le Sénat rétablit le gel des pensions et des prestations sociales en l’assouplissant

Comme annoncé, le Sénat a rétabli en séance publique le gel des pensions et des prestations sociales prévue dans la version initiale du projet de loi de la Sécurité sociale, avant d’être supprimée à l’Assemblée nationale, au grand dam de la gauche. Les sénateurs ont, toutefois, assoupli ce gel en préservant bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les pensions de retraite inférieures à 1 400 euros brut.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Direct. Budget de la Sécu : suivez les débats au Sénat sur la suspension de la réforme des retraites

15 jours après le vote des députés sur la suspension jusqu’au 1er janvier 2028 de la réforme des retraites de 2023, c’est au tour du Sénat d’examiner cet article du projet de loi de la Sécurité sociale, ce mardi à partir de 17h. La majorité sénatoriale de droite par la voix de Gérard Larcher a promis que la chambre haute rétablirait la réforme.

Le

2min

Politique

Violences sexuelles : Aurore Bergé souhaite imposer un casier judiciaire vierge pour les professionnels au contact d’enfants

Porté par la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes, un projet de loi-cadre sur les violences faites aux femmes et aux enfants a été remis hier à Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu. Parmi les 53 mesures, Aurore Bergé prône un casier judiciaire vierge pour tout professionnel travaillant avec des mineurs, et met l’accent sur un meilleur encadrement du dépôt de plaintes.

Le

« Gilets jaunes »: les étapes d’une fronde inédite en France
3min

Politique

Budget : « Une loi spéciale ne peut pas faire office d’un budget », prévient Amélie de Montchalin

L’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale se poursuit au Sénat avant un vote prévu demain dans l’après-midi. Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre de l’Action et des Comptes publics, Amélie de Montchalin a rappelé qu’il n’y a pas « d’alternatives au compromis parlementaire » et s’est montrée réticente quant à l’usage d’une loi spéciale pour faire adopter le budget.

Le