A la peine depuis le début du mouvement des gilets jaunes, les partis cherchent à se montrer force de propositions pour sortir de la crise des gilets jaunes que traverse le pays. A gauche, le Parti socialiste pâtit de la concurrence de la France insoumise. Mais il tente de se faire entendre.
Dimanche, le PS a d’abord écrit au premier ministre Edouard Philippe pour demander des Etats généraux « sur le pouvoir d’achat et le financement de la transition énergétique ». Reçus ce lundi matin à Matignon comme les autres partis, les responsables socialistes mettent aujourd’hui sur la table une proposition de loi (PPL) pour sortir de la crise. « L’obstination n’est plus possible aujourd’hui » a lancé le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, à la sortie. Avec son homologue de l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, et Olivier Faure, numéro 1 du PS, ils déposent cette PPL. Huit propositions à « mettre en œuvre tout de suite », dès janvier 2019.
- Première mesure, à la fois concrète et symbolique, que propose le PS : rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune « pour rétablir la justice fiscale ». Mis en cause depuis le début du quinquennat, la transformation de l’ISF en IFI fait même douter aujourd’hui certains parlementaires LREM. Le gouvernement est prêt à l’évaluer, voire à modifier la réforme, si les investissements attendus en retour ne sont pas au rendez-vous. Le PS préconise aussi une augmentation de la fiscalité sur les revenus mobiliers, comme les dividendes. Deux mesures qui financeraient les suivantes.
- Un moratoire sur les taxes sur le carburant pour « annuler la nouvelle hausse des taxes ». C’est en réalité ce qu’a voté la majorité LR-UDI au Sénat. Les sénateurs PS s’étaient abstenus et avaient plutôt proposé le retour de la TIPP flottante, soit la variation des taxes en fonction du prix du baril.
- Nouvelle version du chèque énergie pour « 8,5 millions de Français supplémentaires ». Il serait augmenté de 25% et pourrait couvrir « une partie des coûts en carburant ».
- Autre mesure : augmentation de la prime d’activité.
- Les socialistes proposent aussi une indexation des retraites de base sur l’inflation, comme cela a été voté au Sénat lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale.
- Sur la hausse de la CSG, qui touche les retraités, le PS veut la limiter aux seules pensions équivalentes à plus de 3.000 euros par mois pour un retraité célibataire.
- Enfin, le Conseil national de la transition énergétique aurait une fonction supplémentaire, celle d’évaluer l’impact de la fiscalité écologique, selon le niveau de revenus, via des indicateurs « de partage de l’effort en matière de transition énergétique ».
Face à cette crise des gilets jaunes, le PS doit faire le point ce lundi soir lors d’un bureau national exceptionnel, organisé au Sénat. Le premier secrétaire Olivier Faure n’a pas exclu que son parti se joigne à la motion de censure des communistes et de la France insoumise, à l'Assemblée nationale. Un renfort des 30 députés du groupe socialiste indispensable pour déposer la motion. L’addition des groupes communistes et France insoumise rassemble 32 députés. Il en faut 58 pour déposer une motion de censure.
« Nous ne sommes pas là pour mettre de l’huile sur le feu, nous cherchons à donner des réponses » a expliqué à Public Sénat Olivier Faure, avant le bureau national (voir les images de Flora Sauvage et Samia Dechir). « Soit le gouvernement bouge » et le PS n’ira pas plus loin. Mais dans le cas contraire, le premier secrétaire prévient : S’« il ferme la porte à toute réelle discussion. Dans ce cas, nous irons jusqu’au bout en déposant, signant et votant une motion de censure avec le reste des partis de gauche ».
Olivier Faure : « Si le gouvernement ferme la porte à toute réelle discussion, nous irons jusqu’au bout en déposant une motion de censure avec le reste des partis de gauche »