Good cop / Bad cop, quand Macron et Philippe ne parlent pas le même langage
La crise révèle les hommes. Entre Emmanuel Macron, optimiste et Édouard Philippe, plus prudent, elle révèle des différences de style voire quelques divergences. Hashtag a mené l’enquête.

Good cop / Bad cop, quand Macron et Philippe ne parlent pas le même langage

La crise révèle les hommes. Entre Emmanuel Macron, optimiste et Édouard Philippe, plus prudent, elle révèle des différences de style voire quelques divergences. Hashtag a mené l’enquête.
Marie Lebon

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C’est « le père la rigueur de cette crise sanitaire, le nouveau Raymond Barre du coronavirus »… Si depuis le début de la crise du Covid-19, Édouard Philippe, le chef du gouvernement, est resté droit dans ses bottes, comme l’analyse le communicant Philippe Guibert, ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron qui a changé de personnage au fil des semaines.
À l’annonce du confinement, le chef de l’État adopte une posture de chef de guerre, « à la Clemenceau » allant sur le terrain. Un costume qui ne convient « ni à la situation, ni à sa personnalité » affirme le communicant. Ce qui explique selon lui qu’à partir de la mi-avril, le président change de style, « enfourchant le tigre de l’optimisme ».

Un pays pour deux dirigeants

Mais en France, les deux hommes n’ont pas le même rôle « c’est la dyarchie à la française », un régime politique où le pouvoir est exercé par deux dirigeants.
Ainsi, « par nature, Emmanuel Macron doit se projeter dans un avenir plus lointain que celui de son Premier ministre » ce qui, comme l’analyse Philippe Guibert, peut donner une impression de dissonance et donc « un décalage de communication ».

En effet, insiste Véronique Reille-Soult de Dentsu Consulting, en France, un Premier ministre « c’est un peu comme le directeur général d’une grande entreprise, il est là pour faire appliquer les choses, avoir un langage de vérité quitte à ne pas toujours être sympathique ». Son rôle servir la politique du Président qui lui doit « fixer le cap et emmener la France ».

Une spécificité française car ailleurs en Europe et même dans le monde, seul le Premier ministre, « ou la chancelière, en Allemagne » cristallise les tensions.
Ailleurs « pas de figure de président providentiel à qui on demande de résoudre tous les maux comme on peut le faire en France » poursuit Véronique Reille-Soult pour qui cette différence est la cause de l’impopularité des gouvernants, comparés à leurs homologues.

Des dissonances qui ont eu un impact sur le moral des Français

Pour Erwan Deveze, expert en neurosciences, fondateur de Neuroperformance Consulting, « en situation de crise, on a une suractivation émotionnelle, le cerveau des émotions est suractivé ici négativement ».
Ainsi, « le cerveau des Français se nourrit de ces incertitudes, entretenues notamment par les discours aux styles différents du binôme Macron-Philippe, ce qui crée de l’angoisse ». 
Une angoisse que nous alimentons nous-même car comme le souligne Erwan Deveze pour conclure « les Français, par nature, sont un peuple très pessimiste ».   

 

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