La sénatrice LR du Morbihan, Muriel Jourda a été élue candidate à la présidence de la commission de lois suite à un vote interne au groupe. Grande favorite pour succéder à François-Noël Buffet, Muriel Jourda incarne une ligne dure sur l’immigration et était opposée à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. De quoi faire douter les élus centristes et de gauche de sa capacité à susciter le consensus au sein de la commission.
Gouvernement Barnier : « C’est un gouvernement de perdants », selon la gauche du Sénat
Par Simon Barbarit
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« Il y a presque plus de LR au gouvernement qu’il y en a à l’Assemblée », ironise le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard. Il est vrai qu’une fois n’est pas coutume, un Premier ministre d’Emmanuel Macron a fait la part belle aux élus de la chambre haute pour composer son équipe gouvernementale. On y retrouve des ténors de la droite sénatoriale, le président du groupe Bruno Retailleau à l’Intérieur, le président de la commission des lois, François-Noël Buffet aux Outre-Mer. Nommée ministre chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, Sophie Primas a présidé la commission des affaires économiques et est une proche de Gérard Larcher. On peut aussi ajouter Marie-Claire Carrère-Gee, sénatrice LR proche de Michel Barnier désormais ministre chargée de la Coordination gouvernementale. La conservatrice sénatrice LR, Laurence Garnier, nommée secrétaire d’Etat chargée de la Consommation. Membre apparentée du groupe LR, Agnès Canayer, qui a obtenu le portefeuille de la Famille et de la Petite enfance, est une sénatrice très active à la commission des lois. Elle était rapporteure du projet de loi visant à inscrire l’IVG dans la Constitution. Elle y était opposée avant finalement de voter pour au Congrès après avoir « entendu la demande forte de la société ».
« Je suis particulièrement dubitative sur l’attelage Bruno Retailleau à l’Intérieur et Didier Migaud à la Justice »
« C’est un gouvernement très à droite mais le Sénat est à droite donc, c’est logique. Mais je me demande quand même quel est le liant entre ces LR et les macronistes. Comment vont-ils pouvoir travailler ensemble après n’avoir eu de cesse de fustiger leur politique. Je suis particulièrement dubitative sur l’attelage Bruno Retailleau à l’Intérieur et Didier Migaud à la Justice, la seule personnalité dite de gauche de ce gouvernement. Je me souviens de ces combats en tant que député contre les peines planchers, l’état de nos prisons, la protection judiciaire de la jeunesse. J’ai l’impression de revenir à ma première année de sénatrice en 2011, sous Nicolas Sarkozy », réagit la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman.
« Ça veut dire que le Sénat va être le principal support de ce gouvernement »
A la différence près qu’en 2011, la droite avait tous les pouvoirs. En 2024, elle n’est que la 5e force politique de l’Assemblée avec 47 députés et sort d’une année 2024 marquée par deux lourdes défaites électorales aux Européennes et législatives, mais reste majoritaire au Sénat avec les centristes. « Ça veut dire que le Sénat va être le principal support de ce gouvernement et que beaucoup de projets de loi vont entamer leur examen chez nous », analyse Patrick Kanner, président du groupe socialiste. Lui aussi s’interroge sur la place de son ancien collègue socialiste dans ce gouvernement. « Didier Migaud est le numéro 2, il va donc prononcer un discours de politique générale d’un gouvernement de droite au Sénat le 1er octobre. C’est une forme de sadisme de la part d’Emmanuel Macron quand même ».
« Ce gouvernement ne va tenir que grâce à un RN capricieux »
« C’est un gouvernement qui n’est pas légitime démocratiquement. C’est un gouvernement de perdants. Il ne s’appuie sur aucune réalité politique et ça va peser dans l’opinion. Son seul mérite, c’est celui de la clarification. C’est un simple remaniement à droite toute avec notamment Bruno Retailleau à l’Intérieur qui nous ferait presque regretter Darmanin », tranche Guillaume Gontard.
Les trois présidents de la gauche du Sénat s’accordent sur un dernier constat. « Ce gouvernement ne va tenir que grâce à un RN capricieux. Il sera obligé de le satisfaire », conclut Cécile Cukierman.
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