Annecy Journees parlementaires du parti de droite Les Republicains

Gouvernement Barnier : l’aile gauche de Renaissance, pas satisfaite, pose ses conditions

L’aile gauche de l’ex-majorité présidentielle renâcle devant certains noms qui circulent depuis hier soir pour le gouvernement de Michel Barnier. Ceux des droitiers Bruno Retailleau ou Laurence Garnier font grincer des dents. Cette dernière ne devrait finalement pas être nommée. Ceux qui plaident pour un élargissement à gauche posent leurs conditions pour soutenir l’équipe du nouveau Premier ministre.
Mathilde Nutarelli

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Depuis hier soir, les noms qui composeront le prochain gouvernement commencent à circuler. Si on connaît les grands équilibres politiques, les choses ne sont pas encore sûres. Pourtant, les rumeurs qui tournent provoquent des remous, particulièrement au sein des troupes d’Emmanuel Macron.

Les grands équilibres du gouvernement se sont ébruités

Hier soir, nous apprenions les grands équilibres politiques du gouvernement Barnier. Trente-huit ministres, dont seize de plein exercice. Parmi eux sept Renaissance, trois LR, deux Modem, un Horizons, un UDI, un divers droite et un divers gauche.

Pour ce dernier, le nom qui circule est celui de Didier Migaud, actuel président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (qui est actuellement chargée de vérifier la compatibilité des personnes proposées avec le poste de ministre). Pour les LR, le nom de Bruno Retailleau, l’actuel président du groupe au Sénat, circule pour l’Intérieur, comme celui du président de la commission des lois du Palais du Luxembourg François-Noël Buffet pour les Outre-mer, ou celui de la Secrétaire générale des LR Annie Genevard pour l’Agriculture. Laurence Garnier, sénatrice LR de la Loire Atlantique a également été pressentie un temps pour devenir ministre de la Famille. Le nom de l’ancienne ministre Agnès Pannier-Runacher circule pour l’Ecologie.

Garnier, Retailleau : des noms qui crispent

Ces listes de noms ne satisfont pas complètement du côté du parti présidentiel. Un élu de poids au Parlement plutôt proche de l’aile gauche souligne le manque d’enthousiasme de ses troupes concernant les hypothèses qui circulent. « On est plutôt désabusés sur deux-trois noms », confie-t-il. Le premier dont il nous parle, c’est celui de Laurence Garnier, qui a été active dans le mouvement d’opposition au mariage pour tous, a voté contre l’interdiction des thérapies de conversion et l’inscription de l’IVG dans la Constitution. « Le nom de Garnier n’a pas réjoui, il a même choqué », reconnaît-il. « Elle a des projets rétrogrades », tacle Patricia Schillinger, sénatrice RDPI (Renaissance). Dans la matinée, nous avons appris que la sénatrice devrait finalement être écartée du gouvernement. Si l’aile gauche de l’ex-majorité présidentielle n’accueille pas à bras ouverts la potentielle nomination de Bruno Retailleau à Beauvau, « il fallait s’y attendre », nous confie l’élu mentionné plus haut. « Cela ne me choque pas que des LR de premier plan entrent au gouvernement, mais celui qui crispe, c’est le nom de François-Noël Buffet aux Outre-mer, car il n’a pas de plus-value sur ce sujet », explique-t-il. D’autant qu’au Sénat, les LR se sont inscrits dans l’opposition frontale à Emmanuel Macron, ce dont se souvient Patricia Schillinger : « Bruno Retailleau n’était pas dans la même majorité que nous, il a été un opposant à Emmanuel Macron, malgré les mains tendues du groupe RDPI, il est resté dans son opposition dure ». La sénatrice le reconnaît, cela risque d’être « un peu dur ».

La défiance est telle que ce matin, la députée Sophie Errante, un soutien d’Emmanuel Macron depuis 2017, a annoncé quitter le groupe Ensemble pour la République. « Il n’est pas impossible que d’autres départs aient lieu du groupe EPR dans les jours à venir », nous confirme-t-on.

« L’aile gauche de l’ancienne majorité se sent lésée »

Ce qui les chagrine, en plus des LR avec lesquels ils ne partagent pas le fond, c’est le déséquilibre en défaveur de l’aile gauche de Renaissance. « L’aile gauche de l’ancienne majorité se sent lésée, même si Agnès Pannier-Runacher est nommée ministre, cela n’est pas suffisant », se lamente un parlementaire macroniste de cette sensibilité.

La frilosité de certains Renaissance ne signifie pas une censure immédiate de Michel Barnier et de son gouvernement. Ils attendront la déclaration de politique générale du Premier ministre le premier octobre prochain, pour décider. « La déclaration de politique générale sera construite avec les présidents de groupe, y compris Gabriel Attal », veut se rassurer un macroniste de l’aile gauche, « les profils très à droite comme Bruno Retailleau devront suivre cette feuille de route ». « Nous verrons ce qu’ils vont proposer et comment ils vont travailler », juge Patricia Schillinger, « le groupe RDPI au Sénat saura s’opposer quand il faudra et voter les choses quand elles vont dans le bon sens ».

Ils posent des lignes rouges, comme des conditions à la non-censure ou du moins à la non-entrave au bon travail du gouvernement : pas de hausse d’impôts sur les classes moyennes et modestes, pas de retour en arrière sur les sujets sociétaux. « Nous avons besoin d’apaisement, et il faut arrêter de penser aux prochaines élections », plaide la sénatrice.

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