En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Gouvernement Barnier : un virage à droite et une place importante réservée aux parlementaires
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Premier enseignement de cette liste annoncée ce 21 septembre 2024 : le parti LR fait son retour dans les responsabilités gouvernementales, alors que jusqu’ici, l’Elysée et Matignon avaient procédé depuis 2017 à une série de débauchages personnels. Au sein du gouvernement, 16 des 39 membres sont membres des Républicains ou l’ont été, mais on ne compte qu’un seul ministère régalien (Bruno Retailleau à l’Intérieur). Ils font quasiment jeu égal avec les membres des partis historiques de l’ex-majorité présidentielle (Renaissance, MoDem et Horizons), qui comportent 17 membres. Renaissance détient 12 postes, le MoDem est représenté par trois personnes, tout comme l’UDI. Horizons se contente de deux représentants, et le Parti radical fait son entrée avec une ministre. Sur les 17 ministères de plein exercice, on en compte trois gérés par LR, et deux par des ex-LR.
Michel Barnier avait promis un « nouveau gouvernement », c’est le cas, avec peu d’appelés du gouvernement démissionnaire. Sept personnes du gouvernement Attal sont reconduites au gouvernement : Sébastien Lecornu est maintenu à la Défense, et Rachida Dati à la Culture.
Autre ministre d’importance, Catherine Vautrin passe du Travail et de la Santé à un ministère centré sur les collectivités territoriales. Jean-Noël Barrot prend du galon au Quai d’Orsay, et assure au MoDem l’un des portefeuilles les plus prestigieux, celui de chef de la diplomatie. Agnès Pannier-Runacher retourne à ses premières responsabilités gouvernementales, avec la Transition écologique et l’Energie, et cède son poste de ministre déléguée à l’Agriculture. Guillaume Kasbarian passe du Logement à la Fonction publique, et Marina Ferrari travaillera désormais sur le Tourisme, et non plus sur le Numérique. A noter également le retour de Geneviève Darrieussecq, qui était en charge des dossiers relatifs aux personnes handicapées dans le gouvernement Borne, et des anciens combattants durant le premier quinquennat.
Une série de signaux dans l’ordre protocolaire et la dénomination des portefeuilles
Une évolution par rapport aux gouvernements Attal et Borne : l’Economie et l’Intérieur ne sont plus en tête de liste. Le secrétaire général de l’Elysée a commencé par annoncer les noms de Didier Migaud à la Justice, et de Catherine Vautrin, ministre des Partenariats avec les territoires et de la Décentralisation. Un signe sans doute que le Premier ministre veut donner davantage d’importance aux collectivités locales, et probablement pacifier les relations de ces dernières avec l’Etat.
Deux ministères vont dépendre de Matignon, ce qui illustre l’urgence de ces dossiers. En pleine crise calédonienne, François-Noël Buffet, est ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-Mer. Autre défi de taille pour les prochaines semaines : le vote du budget, dans une situation financière dangereuse. L’ancien rapporteur général du budget, Laurent Saint Martin, est aussi ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics.
Près de six membres sur dix dans le gouvernement sont parlementaires
Face une configuration politique très fragile à l’Assemblée nationale, Michel Barnier s’est beaucoup appuyé sur un vivier de parlementaires. Ils représentent 23 des 39 postes, et même 24 si on compte Laurent Saint-Martin, l’ancien rapporteur général (Renaissance) du budget, battu aux législatives de 2022 face à Louis Boyard. 14 députés accèdent à des responsabilités gouvernementales.
Et, c’est inédit, 9 sénateurs sont nommés au gouvernement. Jamais la Haute assemblée n’avait envoyé dans l’histoire récente autant de représentants dans l’exécutif : six viennent de la droite sénatoriale, dont deux figures de poids, le président Bruno Retailleau qui hérite de l’Intérieur, et François-Noël Buffet, pour le dossier brûlant des Outre-Mer. Laurence Garnier, que l’on disait avant le week-end en partance pour un ministère consacré à la Famille, ce qui avait suscité une polémique à gauche et dans le camp présidentiel, sera chargée de la Consommation. Le ministère de la Famille revient à Agnès Canayer, sénatrice rattachée au groupe LR et proche d’Edouard Philippe.
Deux rouages essentiels dans un paysage politique explosif reviennent à des sénatrices : le ministère des Relations avec le Parlement sera assumé par Nathalie Delattre, du Parti radical. Marie-Claire Carrère-Gee (LR) devient ministre chargée de la Coordination gouvernementale, une nouvelle création. Françoise Gatel (UDI) et Sophie Primas (groupe LR) héritent de deux dossiers qui ne leur sont pas du tout inconnus, respectivement la Ruralité et le Commerce extérieur. Thani Mohamed Soilihi, sénateur de Mayotte siégeant dans le groupe macroniste de François Patriat, sera chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux.
Une présence symbolique et très discrète de la société civile
A noter également la présence de quelques élus locaux, avec trois maires (l’ex-LR Gil Avérous, l’UDI Fabrice Loher, et le LR Nicolas Daragon), un président de conseil départemental en la personne de François Durovray — le président de l’Essonne va gérer les Transports — et un conseiller régional LR d’Île-de-France, Othman Nasrou.
Deux personnes n’avaient pas de responsabilités politiques : Didier Migaud, l’ancien socialiste qui siégeait à la présidence de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique depuis 2020, et l’ancienne préfète et dirigeante d’entreprise Salima Saa. Une seule personnalité vient de la société civile : Clara Chappaz, qui présidait la French Tech, et qui sera chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, le premier attribut du portefeuille illustrant la volonté d’appréhender cet enjeu au plus haut niveau.
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