Politique
Les sénateurs font bloc derrière leur président de parti, Bruno Retailleau, qui a annoncé le lancement d’une procédure d’exclusion à l’égard des ministres membres de LR, nommés ce soir dans le gouvernement Lecornu II.
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48 heures après la reconduction de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, l’Elysée a annoncé par simple communiqué ce dimanche 12 octobre, peu après 22 heures, la composition du nouveau gouvernement, composé de 19 ministres et 15 ministres délégués. Le Premier ministre était arrivé peu après 19 heures au palais de l’Elysée pour s’entretenir avec le président de la République, qui sera en déplacement en Egypte ce lundi. Le ministre a théoriquement eu « carte blanche » de la part du président de la République, avait fait savoir vendredi l’entourage du chef de l’Etat.
La nouvelle équipe du Premier ministre comporte plusieurs nouveautés notables par rapport au gouvernement éphémère annoncé il y a une semaine. Selon l’entourage du Premier ministre, Sébastien Lecornu a « proposé un mélange de société civile avec des profils expérimentés et de jeunes parlementaires ». Plusieurs membres de LR figurent au gouvernement. Le bureau politique annonce que ces derniers ne peuvent plus se réclamer de leur parti, et qu’ils cessent leurs fonctions dans les instances dirigeantes.
Des personnalités issues de la société civile intègrent le gouvernement. Jean-Pierre Farandou, président sortant de la SNCF (2019-2025) est nommé ministre du Travail et des Solidarités. Monique Barbut, présidente du WWF-France, remplace Agnès Pannier-Runacher, comme ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature. En 2020, elle était envoyée spéciale auprès du président de la République pour la préparation du « One Planet Summit » Biodiversité. Serge Papin, ancien PDG du groupement coopératif Système U (2005 à 2018), est nommé ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat.
À noter aussi que Laurent Nuñez, l’actuel préfet de police de Paris revient à la place Beauvau, en remplacement de Bruno Retailleau, il intègre la première place dans l’ordre protocolaire. Il était secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner d’octobre 2018 à juillet 2020. Édouard Geffray, ancien directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco) de 2019 à 2024, devient le nouveau ministre de l’Education nationale, en remplacement d’Élisabeth Borne.
Le député LR du Val-de-Marne et ancien maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, est nommé ministre de la Ville et du Logement. Son arrivée le place est une entorse à la position officielle fixée par son parti samedi, celle d’un « soutien sans participation » au gouvernement.
Le député Laurent Panifous, président du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), qui avait participé à la réunion des dirigeants politiques vendredi à l’Elysée, devient ministre chargé des Relations avec le Parlement.
Stéphanie Rist, députée Renaissance, ancienne rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale de l’Assemblée nationale, devient ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées.
Plusieurs ministres nommés dimanche dernier dans le gouvernement Lecornu I sont maintenus : c’est le cas Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, Gérald Darmanin comme garde des Sceaux, Roland Lescure, ministre de l’Economie et des Finances, et d’Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, ces deux derniers devant présenter dans les prochaines heures les projets de budget de l’année 2026.
Rachida Dati est maintenue à la Culture, Marina Ferrari aux Sports, ou encore Aurore Bergé, à l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
Catherine Vautrin quitte le Travail et la Santé, et gérera les Armées, succédant ainsi à Bruno Le Maire resté officiellement quelques heures à ce ministère, avant d’être déchargé par le Premier ministre qui a assuré l’intérim. Deux membres de LR sont également reconduits à leur poste, Philippe Tabarot aux Transports, tout comme Annie Genevard à l’Agriculture, là aussi en irrégularité avec les consignes de leur parti. Naïma Moutchou, ancienne vice-présidente (Horizons) de l’Assemblée nationale, qui avait été appelée au ministère de la Fonction publique la semaine dernière, est nommée au ministère des Outre-mer.
Françoise Gatel prend du galon. L’ex-ministre déléguée chargée de la Ruralité, dans le gouvernement de François Bayrou, membre de l’UDI, devient ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, à la place d’Eric Woerth.
Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sous le gouvernement Bayrou, réintègre le gouvernement. Tout comme Maud Bregeon, députée Renaissance, et ancienne porte-parole du gouvernement sous Michel Barnier.
Quittent donc les responsabilités ministérielles ce soir : Bruno Retailleau (Intérieur), Manuel Valls (Outre-mer), Élisabeth Borne (Education nationale), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), ou encore Éric Woerth (Aménagement des territoires, de la Décentralisation et du Logement).
Le Conseil des ministres du nouveau gouvernement Lecornu aura lieu le mardi 14 octobre, au retour du chef de l’Etat de son voyage officiel en Egypte.
Voir la liste complète des ministres et ministres délégués ici.
Pour aller plus loin
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