Dans une interview accordée au média en ligne Brut, Bruno Le Maire est revenu sur son départ du gouvernement de Sébastien Lecornu : « Quand je vois que je suis le problème, j’appelle le Premier ministre et je lui dis : ‘Je me casse, pas de problème’ », « et j’appelle le président de la République et je lui dis : ‘Je me casse, pas de problème’ ».
Point de crispation entre les LR et le gouvernement
Sa nomination avait fait hurler du côté des Républicains dimanche soir. L’ancien locataire de Bercy, avait été nommé pour rejoindre le ministère des Armées, par Emmanuel Macron lui-même. Une douche froide pour la droite qui n’avait pas manqué de monter au créneau, Bruno Retailleau annonçant dans la foulée la réunion d’un comité stratégique LR dès lundi matin et reprochant à Sébastien Lecornu de ne pas l’avoir tenu au courant. « Un problème de confiance », a-t-il reproché sur le plateau du 13 heures de TF1, « je ne peux pas m’engager dans un gouvernement où on ne me dit pas tout ».
La colère des Républicains a précipité la démission du Premier ministre vieux de 27 jours, remise lundi à 9 heures Emmanuel Macron, enterrant une partie du gouvernement formé pas plus tard que la veille. De quoi plonger un peu plus encore la France dans une crise politique sans précédent. Quelques heures plus tard, Bruno Le Maire annonçait sa décision de se « retirer du gouvernement sans délai et de transférer mes responsabilités de ministre des Armées au Premier ministre », une proposition acceptée par le président de la République, dans un post sur le réseau social X. « J’ai refusé d’y aller », car « je ne veux pas être un problème pour les Français », s’est-il justifié auprès de Brut. « On ne se rend pas dans un lieu de pouvoir si on n’estime pas avoir la légitimité pour exercer ce pouvoir ».
« Un prétexte »
Bruno Le Maire s’inquiète néanmoins que « derrière toute cette mascarade, on s’aperçoive que les problèmes sont beaucoup plus profonds », et affirme avoir averti Sébastien Lecornu de n’être « qu’un prétexte dans cette affaire ». « C’est quoi ce délit de sale gueule ? », s’indigne-t-il. Des attaques « violentes, fausses et incompréhensibles », et une « curée médiatique hors concours », dont il a été « stupéfait ».
Prévenu dimanche soir par le Premier ministre d’un « sujet du côté des Républicains », Sébastien Lecornu l’a incité à « joindre Bruno Retailleau ». L’ancien ministre des Finances, assurant avoir « d’excellentes relations » avec le ministre de l’Intérieur « depuis des années », rapporte, sur un ton comique, avoir tenté de l’appeler deux fois, ainsi que le standard de la place Beauvau, sans réponse. « J’ai essayé de calmer le jeu, de joindre Bruno Retailleau, et je n’y suis pas arrivé ».
Sa « responsabilité » du déficit budgétaire de 2023-2024
La faute de Bruno Le Maire ? La droite voit en lui un symbole du dérapage budgétaire des dernières années du gouvernement macroniste. Il admet avoir sa « responsabilité », ayant été « sept ans, ministre des Finances », mais martèle néanmoins s’être « battu », « chaque jour », « pour faire des économies ». « C’est ça, la vie de ministre des Finances, tout le monde veut dépenser plus » et « personne ne veut faire des économies », continue-t-il, « les présidents, ça adore dépenser, les ministres, ça adorer dépenser ». Et d’abonder : « C’est très bien, mais à un moment donné, il faut choisir. La politique c’est décider, et décider c’est choisir ».
« Aucune indemnité »
Interrogé sur la question des avantages liés à l’exercice de sa fonction, bien qu’express, de ministre des Armées, Bruno Le Maire, assure qu’il ne touchera « aucune indemnité, zéro euro », comme il n’en a « pas pris » en partant « du ministère des Finances en 2024, après y avoir passé sept ans ». L’occasion pour l’ex-patron de Bercy de rappeler qu’il n’a « jamais occupé de logement de fonction », y compris lorsqu’il officiait au sein du ministère de l’Agriculture qui dispose pourtant « d’un magnifique hôtel particulier dans le centre de Paris », qui « fait partie des choses qu’il faudrait liquider assez rapidement pour mettre plus de simplicité dans la vie publique », estime Bruno Le Maire, relançant ainsi le débat sur les privilèges accordés aux Premiers ministres et aux ministres.