Gouvernement, taxe Zucman, retraites, budget : que retenir de l’interview de Sébastien Lecornu ?

Le Premier ministre sort du silence en donnant un interview au Parisien. Il livre une série de réponses sur le calendrier des prochains jours, en précisant la date de l’annonce du gouvernement, et ses premiers arbitrages budgétaires.
Romain David

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Dix-sept jours après sa nomination à Matignon, Sébastien Lecornu sort du silence. Dans un long entretien au Parisien, publié ce vendredi 26 septembre, le Premier ministre présente ses premières orientations budgétaires et évoque la nomination du futur gouvernement, qui devrait intervenir en début de semaine prochaine. « Je suis au travail », assure Sébastien Lecornu, qualifiant de « bavardages intempestifs » les critiques sur le temps qu’il a passé ces derniers jours à consulter les principales forces politiques et les partenaires sociaux.

Un gouvernement avant le 1er octobre

« Le gouvernement sera nommé avant le début des travaux parlementaires », assure Sébastien Lecornu, alors que la session ordinaire du Parlement reprend le mercredi 1er octobre. La future équipe ministérielle sera donc connue avant cette date.

« Celles et ceux qui vont accepter d’entrer au gouvernement doivent partager les grandes orientations du socle commun et savoir négocier avec le Parlement mais aussi les partenaires sociaux et les collectivités locales », avertit le Premier ministre. Face une Assemblée nationale politiquement très fracturée, il attend des membres gouvernement « qu’ils allaient chercher des compromis en séance jusque tard dans la nuit », laissant entrevoir une méthode de négociation au cas par cas, quand certains appellent à la mise en place d’un contrat de gouvernement.

Alors que de nombreux commentateurs estiment que le locataire de Matignon ne pourra trouver un socle de stabilité sans l’appui des socialistes, Sébastien Lecornu indique « qu’il ne veut pas de débauchage de personnalité issue d’une formation politique qui ne soutiendrait pas le gouvernement. » Il précise toutefois vouloir « trouver des compromis avec les oppositions ».

Un budget qui tiendra compte des « premières consultations »

Le Premier ministre annonce vouloir partir d’une « feuille blanche ». « Je présenterai un budget qui tiendra compte des premières consultations que j’ai eues avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales, et des formations politiques », a-t-il précisé.

Sébastien Lecornu ne parle plus d’un objectif d’un déficit public ramené à 4,6 % l’an prochain, comme le prévoyait jusqu’ici la trajectoire de son prédécesseur, mais vise un « projet robuste aux alentours de 4,7 % ». Il maintient en revanche l’objectif d’un retour d’un déficit public à 3 % en 2019.

Interrogé sur des choix plus précis, le chef du gouvernement n’a pas souhaité répondre sur l’inscription ou non d’une année blanche dans ce budget. « Il est donc hors de question de préparer un budget d’austérité et de régression sociale », a-t-il prévenu, annonçait une progression des dépenses de retraite de 6 milliards d’euros, et 5 milliards d’euros pour celles de la santé.

Il annonce un « effort important sur les ministères », promettant « six milliards d’euros sur l’État et son train de vie ».

Fiscalité : pas d’augmentation globale

Sur le volet de la fiscalité, le nouveau Premier ministre écarte un retour de l’impôt sur la fortune (ISF), et estime que la taxe Zucman n’est « pas une bonne réponse ». Le Premier ministre ne « veut pas » que le niveau global des impôts augmente mais estime que la « répartition de la charge » doit évoluer. « Le débat doit avoir lieu, et là encore c’est au Parlement à la fin de le trancher. Je ferai donc une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront », s’engage-t-il.

Retraites : pas de suspension de la réforme

Alors que la gauche et les syndicats réclament la suspension du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, Sébastien Lecornu botte en touche : « Aucun gouvernement n’a jamais remis en cause une réforme des retraites d’un gouvernement précédent », souligne l’ancien LR. Le Premier ministre estime cependant que la réforme conduite par Élisabeth Borne n’est pas « achevée ». Il évoque notamment « les questions sur la pénibilité et sur les femmes », mais évacue la possibilité d’un nouveau conclave.

Interrogé sur la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison avec mandat de dépôt différé, Sébastien Lecornu « exprime son amitié pour l’homme et sa famille ». Concernant les critiques sur l’exécution provisoire de la peine, que d’aucuns dénoncent comme une atteinte à la présomption d’innocence, le Premier ministre estime que « si une loi pose débat, il appartient au Parlement de s’en saisir. »

Avec Guillaume Jacquot

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