Exercice incontournable en période électorale : le débat entre candidats. Public Sénat (canal 13 de la TNT) et les médias du groupe Ebra organisent ce jeudi soir, à partir de 17 heures jusqu’à 19h30, le premier débat des élections européennes. Seront présentes sur notre plateau huit têtes de liste : Manon Aubry (La France insoumise), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Léon Deffontaines (Parti Communiste), Raphaël Glucksmann, (Place Publique et Parti Socialiste), Valérie Hayer (Renaissance, MoDem et Horizons), Marion Maréchal (Reconquête !) et Marie Toussaint (Les Ecologistes), mais aussi l’eurodéputé Thierry Mariani, qui représentera Jordan Bardella pour le Rassemblement national.
Ils auront 2h30 pour présenter leur vision de l’Europe, confronter leurs points de vue et répondre aux questions des deux présentateurs, Thomas Hugues et Nathalie Mauret, sur quatre thèmes : l’agriculture, l’immigration, la guerre en Ukraine, l’énergie et le pouvoir d’achat. Un exercice contraint, d’autant plus avec un si grand nombre d’orateurs, laissant à chacun une marge de manœuvre étroite pour s’imposer sur ses adversaires et capitaliser. Interrogé par Public Sénat, Gaspard Gantzer, l’ancien conseiller communication de François Hollande à l’Elysée, nous explique comment réussir à se distinguer et marquer les esprits dans ce type de débats.
Concrètement, comment se prépare-t-on à cet exercice ?
« Il faut d’abord se préparer sur le fond, davantage encore que sur la forme. Il y a un véritable travail d’apprentissage, de bachotage à réaliser en amont. Les candidats doivent connaître le sujet sur le bout des doigts, ce qui implique aussi de réfléchir aux angles d’attaques que pourront privilégier leurs adversaires, d’anticiper les questions qui seront posées, pour ne pas être pris en défaut.
Et sur la forme ? Les candidats ont aussi intérêt à soigner leur apparence, travailler leur posture, leur voix ?
Effectivement, mais il ne faut pas non plus oublier que l’on est aussi jugé quand on ne parle pas. Il faut veiller à ne pas donner de signes extérieurs d’agacement, de lassitude ou de fatigue, surtout que les moments d’attente peuvent être longs lorsqu’il y a autant de participants.
On imagine que l’enjeu n’est pas le même pour des personnalités politiques bien identifiées par le grand public, comme François-Xavier Bellamy, Raphaël Glucksmann ou encore Marion Maréchal, que pour des figures plus confidentielles comme Léon Deffontaines, Marie Toussaint ou Valérie Hayer ?
Il faut parvenir à se distinguer, par une formule choc, un argument qui fera mouche. Les inconnus ont une vraie carte à jouer dans ce type d’exercice, car la curiosité des téléspectateurs est généralement teintée de bienveillance. On se souvient que durant la présidentielle de 2017, Philippe Poutou avait marqué les esprits pendant les débats. Je pense que quelqu’un comme Marie Toussaint, qui est très solide sur le fond, a toutes les chances de se révéler ce soir.
À l’inverse, les poids lourds ont généralement tendance à la jouer défensif, surtout s’ils sont bien placés dans les sondages. L’enjeu n’est pas tant de grimper que de limiter l’érosion. Mais ce n’est pas nécessairement une bonne stratégie. En 2016, durant les débats de la primaire de la droite, Alain Juppé, archi-favori, était pratiquement inexistant et s’est laissé dévorer par François Fillon.
Les candidats auront au total quatre minutes pour répondre aux différentes questions posées sur chacune des thématiques. Dans un temps aussi restreint, ont-ils plutôt intérêt à privilégier le didactique, l’explicatif, ou à aller à la confrontation pour tenter de déstabiliser leurs adversaires ?
Il faut trouver la bonne séquence, le moment fort qui vivra sur les réseaux sociaux, mais en veillant à ne pas tomber dans le clash, qui n’est que rarement bien perçu par le public. »