Grand débat : Edouard Philippe assure vouloir « tenir compte de tout ce qui aura été dit »

Grand débat : Edouard Philippe assure vouloir « tenir compte de tout ce qui aura été dit »

Le premier ministre « regrette » le retrait de Chantal Jouanno de l’organisation du grand débat. Il n’a pas encore annoncé son remplaçant. Edouard Philippe assure que « la parole sera libre » lors du grand débat, lancé par Emmanuel Macron la semaine prochaine dans l’Eure. Cent Français seront tirés au sort dans chaque région.
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Pas encore commencé, le grand débat semble déjà devoir être relancé. En bon soldat, le premier ministre Edouard Philippe s’est employé à défendre ce mercredi la consultation annoncée par Emmanuel Macron, face à la crise des gilets jaunes. Elle n’est pourtant pas dans sa culture politique issue de la droite. Mais il s’agit d’« un des éléments de réponse aux préoccupations ».

Le grand débat sera officiellement lancé mardi prochain par Emmanuel Macron, à Grand-Bourgtheroulde, dans l’Eure, avec 700 maires. Pas de Français lambda donc, mais des élus qui feront tampon. Le Président va aussi envoyer une lettre à tous les Français pour « cadrer un certain nombre d’éléments ».

Impression d’un débat cadenassé

Reste que ce grand débat connaît déjà des difficultés. Chantal Jouanno, qui devait chapeauter son organisation en tant que présidente du Conseil national du débat public, a décidé de lâcher l’affaire après la polémique sur son salaire pour le moins élevé. Et la volonté de l’exécutif d’exclure d’emblée certains sujets, comme la suppression de l’ISF, met du plomb dans l’aile sur l’utilité de la consultation.

Sous couvert d’anonymat, un ministre ne cache pas avoir été lui-même gêné par ce premier cadrage global : « C’est très maladroit comme présentation. On ne peut pas dire, il y a des choses dont on peut parler et d’autres pour lesquelles on ne peut pas. Sinon, vous commencez mal. Il y a des manières de faire et de dire ».

Calendrier parlementaire bousculé pour tenir compte du grand débat

Après un séminaire gouvernemental consacré essentiellement au sujet, le premier ministre a assuré au contraire vouloir prendre en compte la « revendication de considération », « au plus près des Français ». Il y aura, comme annoncé, plusieurs thèmes mis en avant : transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, l’immigration. Mais comme pour répondre aux craintes d’un débat cadenassé à l’avance, Edouard Philippe assure que « la parole (sera) libre ». Il ajoute :

« Débattre, c’est aussi tenir compte de ce qui a été dit. Sinon on débattrait pour rien. Nous affirmons clairement notre volonté de tenir compte de tout ce qui aura été dit ».

Le premier ministre en veut pour preuve la question de la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % les plus aisés, ce qui a donné lieu à un joli cafouillage du gouvernement, ou le calendrier parlementaire complètement bousculé. Il a confirmé le « report de l’examen de la réforme constitutionnelle (…) pour prendre en compte ce que les Français diront ». Le texte sur le développement des métropoles est aussi repoussé pour « attendre les résultats du débat ». « En bonne intelligence avec le président du Sénat, nous avons reporté d’un mois la loi d’orientation sur les mobilités » a encore ajouté le locataire de Matignon.

1264 « kits » pour guider le grand débat

Pour l’heure, les premières « réunions d’initiatives locales pourront commencer dès la semaine prochaine » et « des stands mobiles seront mis à disposition ».

Le gouvernement a prévu des kits pour accompagner l’organisation du grand débat. Ils seront présentés aux associations d’élus lundi 14 janvier. Ces kits sont territorialisés et donnent accès à des cartes régionales. Un kit est prévu par intercommunalité, soit 1264, avec à chaque fois les données socio-démographiques liées. Plusieurs thèmes sont mis en avant – culture, santé, logement – avec une fiche par thème, déclinée du niveau local au national.

« Une centaine de Français tirés au sort dans chaque région »

De son côté, la Commission nationale du débat public a planché sur une fiche méthodologique pour aider à organiser les débats, avec par exemple le meilleur horaire conseillé. Des fiches didactiques plus précises seront aussi mises à disposition, comme par exemple pour expliquer comment fonctionne la proportionnelle.

Dans un second temps, des « conférences citoyennes régionales » seront mises en place. Elles « permettront à une centaine de Français tirés au sort dans chaque région, de pouvoir donner leur avis sur ce qu’il ressort (…) et nourrir la réflexion du Parlement et du Président ».

La démission de Jouanno n’est « qu’une péripétie »

Edouard Philippe n’a pu éviter le sujet Jouanno. Il prend « acte » de sa « démission », qu’il « regrette, car elle intervient tard dans le processus ». Autrement dit, l’ancienne ministre des Sports de Nicolas Sarkozy a mis le gouvernement dans la panade. Mais « ce n’est, au fond, qu’une péripétie. Ce qui compte, ce n’est pas la personne, c’est le débat ».

Reste que le premier ministre n’a pu cacher une forme de gêne. Il n’a pas pu donner le nom du remplaçant de Chantal Jouanno puisqu’il ne l’a pas encore. Les nouvelles consultations, qu’il a annoncées avec les syndicats et les associations d’élus, avant le grand débat, pourraient aider à trouver la perle rare. Le nom de cette personnalité devrait être vite connu. Edouard Philippe annonce une « communication en tout début de semaine prochaine ».

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