Grand débat: l’exécutif se donne un mois pour trancher
Après les questions, s'approche le temps des réponses: à l'issue de deux mois de consultations tous azimuts, l'exécutif se donne jusqu'à la mi...

Grand débat: l’exécutif se donne un mois pour trancher

Après les questions, s'approche le temps des réponses: à l'issue de deux mois de consultations tous azimuts, l'exécutif se donne jusqu'à la mi...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL, Jérôme RIVET

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après les questions, s'approche le temps des réponses: à l'issue de deux mois de consultations tous azimuts, l'exécutif se donne jusqu'à la mi-avril pour décider ce qu'il compte faire des très nombreuses propositions nées du grand débat, avec des "choix" qui s'annoncent "difficiles" selon Edouard Philippe.

Vendredi marque la fin officielle de la première phase du grand débat, celle des réunions locales et du dépôt des contributions des internautes sur la plateforme granddebat.fr.

S'ouvre désormais celle de la restitution et de la synthèse, marquée notamment par deux week-ends de conférences régionales avec des citoyens tirés au sort. Et de nombreuses réunions gouvernementales en coulisses pour préparer un "atterrissage" délicat, pour lequel l'Elysée et Matignon entendent préserver l'effet de surprise.

"Il y aura des mesures, mais ce n'est pas un programme, plutôt un projet (...) La question c'est: le président est-il prêt à aller loin ? Et ma réponse c'est: oui, il est prêt", assure un ténor de la majorité.

Dans un calendrier du débat resté largement à la main de l'exécutif, Emmanuel Macron va poursuivre sa tournée de la France pour échanger avec les élus des quatre régions qu'il n'a pas encore rencontrés: la Bretagne, la Corse, les Hauts-de-France et les Pays de la Loire.

"Le président va continuer à épuiser le débat. Il a vocation à s'exprimer tant que le Parlement n'est pas saisi" début avril, indique un proche.

Grand débat : les dates à venir
Grand débat : les dates à venir
AFP

Fustigée par l'opposition comme une "campagne déguisée" du chef de l'Etat à l'approche des élections européennes du 26 mai, la très grande implication d'Emmanuel Macron et des membres du gouvernement dans les réunions du grand débat a été critiquée mardi par les "garants" chargés de veiller à son indépendance.

La manière dont la communication présidentielle et gouvernementale s'est prolongée "a pu contribuer, après avoir mobilisé, à entraver la mobilisation", a souligné le politologue Pascal Perrineau, l'un des cinq "garants".

Le chef de l'Etat entend lui "faire son miel", l'une de ses expressions favorites, des dix rencontres auxquelles il a participé depuis le 15 janvier.

"Le grand débat mute de semaine en semaine", a-t-il résumé le 7 mars à Gréoux-les-Bains. En expliquant "ne presque plus" entendre parler du référendum d'initiative citoyenne (RIC), l'une des priorités des "gilets jaunes", alors que le sujet du pouvoir d'achat "reste très, très fort" et que ceux de l'écologie et de la santé sont apparus en force.

- "Choix" et "renoncements" -

Sur toutes ces questions, très disparates, les ministres ont eux aussi remis pour la plupart des contributions. Le Parlement sera lui saisi d'un débat sans vote, avec une déclaration d'Edouard Philippe prévue le 9 avril.

Puis Emmanuel Macron devrait clore le grand débat à partir de la mi-avril, "en donnant les grands axes de réponse et le sens de la direction à suivre", selon Sébastien Lecornu, ministre coanimateur du grand débat.

Mais "il ne faut pas imaginer qu'un beau soir à 20H00, il y aurait une grande déclaration du président qui dirait devant le drapeau: +voilà, je vous ai compris, voilà les 4-5 choses qu'on va faire, fermez le banc, on passe à autre chose+. Ca ne peut pas être ça", a prévenu mercredi le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM).

Les annonces pourraient s'étaler jusqu'à l'été et prendre différentes formes parmi les pistes qui circulent: référendum, projets de lois, Grenelle social, remaniement...

Le début d'année a vu s'effriter la mobilisation des "gilets jaunes", tombée à 28.600 personnes selon l'Intérieur le 9 mars. Mais sans faire cesser les manifestations des samedi, ni la crainte que les décisions post-grand débat ne déçoivent et réveillent la vague jaune.

"Imaginer qu'il serait possible de sortir du grand débat par une série d'annonces, de vérités révélées, c'est se tromper sur la nature même de l'exercice et sur la volonté même de ceux qui y ont participé", a averti mardi Edouard Philippe. Pour qui il faudra aboutir à un "compromis démocratique" avec "des choix, y compris sur des renoncements, y compris sur des choix difficiles".

Autre complexité: articuler la "sortie" du grand débat avec la campagne des élections européennes du 26 mai, source supplémentaire de tensions et d'attaques. D'autant que la tête de liste de la majorité risque d'être piochée au sein du gouvernement d'ici le premier grand meeting LREM du 30 mars.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Grand débat: l’exécutif se donne un mois pour trancher
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le