Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
Grand débat : « On a une surreprésentation des CSP+, des centres-villes, des retraités », détaille Benjamin Morel
Par Helena Berkaoui
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C’est l’heure de la restitution pour le grand débat national organisé pour désamorcer le mouvement des gilets jaunes. Ce lundi, le Premier ministre a dressé un état des lieux de cette initiative inédite au Grand palais (lire notre article). Très critiqué dans les rangs de l’opposition, cet exercice soulève également des interrogations chez les observateurs.
Parmi les quelques 1,5 million de participants à ce grand débat, qui s’est exprimé ? « La population qui a été écoutée pendant le grand débat, c’est plutôt l’électorat du centre, plutôt l’électorat de la République en Marche ou en tout cas un électorat auquel la majorité peut s’adresser », précise Benjamin Morel, docteur en science politique. Rien d’étonnant, selon lui, puisque « les méthodes de démocratie participative conduisent à mobiliser une population qui a l’habitude de s’impliquer en politique » d’où « une surreprésentation des CSP+, des centres-villes, des retraités » parmi les participants du grand débat. « C’est un exercice intéressant car il permet d’écouter une certaine partie de la population mais il n’est pas représentatif », insiste Benjamin Morel.
« La crise des gilets jaunes a d’abord été une crise d’impotence du politique »
Analysant la contestation parfois violente essuyée par l’exécutif, Benjamin Morel tempère : « Quand vous regardez l’histoire du parlementarisme en France, vous voyez que le taux d’antiparlementarisme n’est pas bien plus élevé aujourd’hui qu’hier ». Si un phénomène nouveau s’observe, c’est celui d’une « crise de l’impotence de l’État, c’est-à-dire que jadis vous aviez des élus qui n’étaient pas très populaires mais vous leurs faisiez tout de même crédit d’une constance idéologique et d’une capacité d’agir sur le réel et aujourd’hui c’est un peu ça qu’on a perdu ». Ce qui l’amène à penser que « cette crise des gilets jaunes a d’abord été une crise d’impotence du politique ». Si la détestation des élites se lit également à la lecture de certaines revendications – référendum d’initiative citoyenne, réduction du nombre des élus - Benjamin Morel souligne que les principales revendications restent la fiscalité et le pouvoir d’achat.