Edouard Philippe s'est dit jeudi contre "un grand soir fiscal", un "exercice d'une grande complexité", plaidant pour se cantonner à une refonte des impôts locaux, lors d'une visite "surprise" à un débat à Saint-Germain-lès-Corbeil en Essonne.
"Je ne sais pas faire le grand soir fiscal", a déclaré le Premier ministre devant une soixantaine de personnes réunies dans la salle des fêtes de cette petite ville de 7.500 habitants.
"J'ai bien compris que les Français disaient qu'ils voulaient moins d'impôts. Je l'ai entendu fort et clair", a-t-il ajouté, en référence à la crise des "gilets jaunes".
"Mais changer toute la fiscalité, c'est un exercice d'une grande complexité", "un exercice redoutable", a-t-il insisté, en se disant "partisan de faire en sorte qu'il y ait de la stabilité en la matière".
"En revanche, j'ai indiqué qu'on voulait le faire au moins au niveau local (..) pour faire un système plus simple, plus juste et plus lisible", a-t-il poursuivi, en défendant "la suppression de la taxe d'habitation", qui "n'est pas une mauvaise mesure".
Durant plus de 2H30 de débats, M. Philippe a répondu à une salve de questions portant notamment sur les déserts médicaux dans le pays, une problématique prégnante dans ce territoire situé à une trentaine de kilomètres au sud de Paris.
"Ce n'est plus une caractéristique des seuls territoires ruraux", a souligné le Premier ministre en la qualifiant d'"extrêmement préoccupante". M. Philippe a détaillé en retour des mesures du projet de loi Santé actuellement en examen à l'Assemblée et qui prévoit notamment la suppression du numerus clausus et du redoutable concours de fin de première année d'études de santé.
M. Philippe a aussi déploré le développement de "la précarité de l'emploi, la permittence".
"Il y a eu une explosion dans les dix dernières années des CDD très courts.(...) Ce n'est pas seulement l'affaire du privé, l'état n'est pas un très bon employeur. L'employeur public a aussi laissé se développer des situations très choquantes", s'est-il insurgé en promettant de lutter contre "la multiplication des contrats courts".
Interpellé sur l'introduction d'une limite d'âge pour les élus, M. Philippe a estimé qu'il s'agissait d'une "bonne question".
"Il faut se la poser mais je suis toujours hésitant sur ces règles qui imposent, parce que c'est assez facile de trouver des contre-exemples", a déclaré le Premier ministre.
M. Philippe participait là à son 8e grand débat et s'est félicité à la sortie des milliers de réunions organisées. "Il y a une vraie appétence de nos concitoyens à dire, à échanger, pour faire avancer le pays et trouver le compromis démocratique", a-t-il assuré à la presse.