Greenpeace a annoncé lundi porter plainte contre la députée LREM Perrine Goulet "pour incitation au meurtre", alors qu'elle a recommandé de "tirer" en cas d'intrusion dans une centrale nucléaire, comme l'ont fait des militants de l'ONG.
"Pourquoi nous ne ferions pas un peu comme aux Etats-Unis? Avec une sécurisation par mirador et possibilité effectivement de ne pas se poser de questions et quand il y a une intrusion, de tirer", s'était interrogée jeudi Perrine Goulet, membre de la commission d'enquête sur la sûreté nucléaire, lors d'une audition du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
"Il suffit d'avoir le panneau Greenpeace ou d'appeler avant, parce que Greenpeace le fait quand ils rentrent" dans une centrale, avait-elle argumenté. "Je pense (qu')à un moment il va falloir ne plus distinguer puisque c'est un délit de rentrer sur une centrale nucléaire (...) Il y a des forces de sécurité, elles doivent intervenir et ne pas se poser de questions, peut-être que ça dissuadera", avait ajouté la députée de Nièvre.
"Ces propos sont graves et indignes d’une élue de la République. Suggérer de tirer sur des militants non violents ne résoudra en rien le manque de sécurité dans les centrales nucléaires d’EDF", s'est offusqué Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, dans un communiqué.
"Si les militants de Greenpeace se sont introduits à deux reprises dans deux centrales nucléaires en six semaines, c’est pour dénoncer les failles de sécurité de ces installations", poursuit-il.
La plainte doit être déposée en fin de semaine ou en début de semaine prochaine, a précisé une porte-parole de Greenpeace à l'AFP.
"Je n’ai évidemment jamais appelé au meurtre de militants d’ONG", a réagi Perrine Goulet dans un communiqué. "J'ai évoqué +la possibilité d’étudier le recours à des tirs de sommation ou d’immobilisation à l’encontre d'intrus pénétrant sur des sites nucléaires et qui, à l’inverse de Greenpeace, ne se seraient pas identifiés en amont des périmètres ultra-sécurisés+", poursuit-elle.
"Si l’on peut entendre les inquiétudes de l’organisation Greenpeace" sur la sécurité des sites nucléaires, "nous pouvons émettre des réserves quant aux méthodes employées par quelques militants pour le souligner", estime-t-elle.
Huit militants de Greenpeace ont été condamnés fin février à des peines de prison avec sursis ou de la prison ferme pour s'être introduits sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) en octobre. Une autre intrusion de Greenpeace a eu lieu sur le site nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) en novembre.