Grève à la SNCF : les réactions politiques au Sénat
Au premier jour de la grève très suivie à la SNCF, le Sénat se divise. La droite soutient le gouvernement tandis qu’une partie de la gauche craint une privatisation à terme.

Grève à la SNCF : les réactions politiques au Sénat

Au premier jour de la grève très suivie à la SNCF, le Sénat se divise. La droite soutient le gouvernement tandis qu’une partie de la gauche craint une privatisation à terme.
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Ce mardi marque le début de la galère pour les usagers du train. Selon la SNCF, 48% des « agents indispensables » étaient en grève, créant de nombreuses perturbations, à travers la France. Face au mouvement, le gouvernement, s’est montré ferme. « Si les grévistes doivent être respectés, les millions de Français qui veulent aller à leur travail, parce qu'ils n'ont pas le choix, parce qu'ils veulent aller travailler, doivent également être respectés » a expliqué le Premier ministre Edouard Philippe, ce mardi, à l’Assemblée nationale.

SNCF: "Je respecte les grévistes mais les millions de Français qui doivent se déplacer, ont droit au respect" affirme Edouard Philippe
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Comme au Palais Bourbon, le Sénat se divise autour de ce mouvement social qui dénonce la remise en cause du statut des cheminots pour les nouveaux entrants mais aussi la mise en concurrence du rail, prévue depuis plusieurs années.

La droite soutient le gouvernement

À droite, les sénateurs ne cachent pas leur soutien à cette réforme. « Il faut que le gouvernement tienne » lance le sénateur LR Rémy Pointereau qui refuse que l’on prenne « en otage les voyageurs. » Même son de cloche chez son collègue Philippe Dominati. « Ces grèves sont excessives dans la mesure où il s’agit d’un statut ancien et particulier, payé par la totalité des Français, qui coûte, à peu près entre 3 et 4 milliards d’euros » explique le sénateur de Paris. « Il faut tenir la position ferme » insiste-t-il.

Fabienne Keller, membre d’Agir (ex-Constructifs), estime pour sa part que « beaucoup de droits seront préservés » pour les cheminots, dans le cadre de cette réforme. « Je compte sur eux pour accepter une forme d’adaptation de leur situation » souligne-t-elle.

Statut des cheminots : "beaucoup de droits seront préservés" assure Fabienne Keller
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En revanche, le sénateur centriste Hervé Maurey, auteur d’une proposition de loi sur la mise en concurrence des réseaux ferroviaires, tance la « manière » de faire du gouvernement qui « manque de concertation » sur le sujet.  « J’ai un peu le sentiment que le gouvernement se moque du Sénat » souligne-t-il, critiquant le manque de dialogue de l’exécutif. Pour rappel, le gouvernement souhaitait faire passer sa réforme par ordonnances, avant de finalement reculer, concernant la mise en concurrence. Ce sujet fera donc l’objet d’un débat parlementaire.

SNCF : « J’ai un peu le sentiment que le gouvernement se moque du Sénat »
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« On ne gère pas la France comme une startup »

Même une partie de la gauche semble prête à cette révision du statut des cheminots.  « Aucun statut n’est là ad vitam aeternam » prévient le président du groupe socialiste, Patrick Kanner. Avant de tempérer : « Seulement, il faut créer le dialogue pour que les choses puissent évoluer dans de bonnes conditions. Et là, manifestement, il y a un malentendu. Il y a même une grosse incompréhension entre les salariés de la SNCF et le gouvernement. On ne gère pas la France comme une startup. »

En revanche, une partie du groupe est vent debout contre la réforme. « Ce n’est pas acceptable » prévient le sénateur de Paris David Assouline. « Le déficit n’a rien à voir avec le statut. Ce n’est pas la faute des cheminots, ce sont parfois des mauvais choix budgétaires (…) On peut discuter d’une réforme de la SNCF mais ce n’est pas la voie qui est choisie. C’est une voie de passage en force, qui est assez brutale. » Pour sa collègue Marie-Noëlle Lienemann, Emmanuel Macron veut même « faire un totem, à la Margaret Thatcher. » Enfin, du côté des communistes, le sénateur Pierre Laurent, dénonce lui aussi la réforme. « Chacun a conscience que c’est un grand service public qui, s’il est désorganisé, va porter des coups à la cohésion du territoire » explique-t-il, affirmant que « le gouvernement affiche une espèce de surdité inquiétante » sur la question.

SNCF : David Assouline dénonce "le passage en force" du gouvernement
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Vers la privatisation ?

Autre point de crispation : le spectre d’une privatisation de la SNCF. Le gouvernement martèle qu’elle n’aura pas lieu, même si l’entreprise devrait être transformée en société anonyme, dans le cadre de la mise en concurrence. « Un changement de statut ne signifie pas pour autant privatisation, au sens classique du terme, avec des actionnaires. Nous serons d’une très grande vigilance » tente de rassurer Patrick Kanner. Pour Marie-Noëlle Lienemann, les intentions du gouvernement sont pourtant évidentes. « C’est évident, on connaît le truc » assure-t-elle. « On n’ose pas affronter la privatisation puisque les Français n’en veulent pas. Alors, on change de société. Puis après, on dit : ‘ah l’État n’a plus assez d’argent pour investir donc on va demander du capital privé’. Et puis après, il faut le rentabiliser. Et comme par hasard, on dit : ‘finalement, ce n’est pas rentable’. Ça ne marche pas bien et on finit par privatiser vraiment. On a vu ça sur plein de secteurs. Il ne faut pas être dupe. »

Grève de la SNCF : "Emmanuel Macron veut faire un totem" dénonce Marie-Noël Lienemann
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Désormais, le gouvernement table sur un essoufflement du mouvement et sur l’exaspération des usagers. En attendant, « le gouvernement tiendra bon», assure la ministre des Transports, Élisabeth Borne, sur BFMTV.

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