Au premier jour d'une grève massive contre sa réforme des retraites, l'exécutif réfléchit à d'ultimes arbitrages pour la rendre acceptable,...
Grève: comment « lâcher du lest » sans battre en retraite
Au premier jour d'une grève massive contre sa réforme des retraites, l'exécutif réfléchit à d'ultimes arbitrages pour la rendre acceptable,...
Par Gabriel BOUROVITCH
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Au premier jour d'une grève massive contre sa réforme des retraites, l'exécutif réfléchit à d'ultimes arbitrages pour la rendre acceptable, après avoir écouté les doléances des syndicats, reçus une dernière fois cette semaine par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye.
Pas d'économies immédiates
Emmanuel Macron en a fait un principe: le futur "système universel" censé remplacer les 42 régimes existants devra être "équilibré financièrement" dès le départ.
Pour remettre les compteurs à zéro, il faudrait combler un déficit de 8 à 17 milliards à l'horizon 2025, selon les projections du Conseil d'orientation des retraites.
Et les options sont limitées: l'exécutif ne veut ni augmenter les cotisations ni baisser les pensions ni relever l'âge légal de départ.
Reste donc l'option d'un allongement de la durée de cotisation, dont la CFDT ne veut pas entendre parler. "C'est niet", balaie son secrétaire général Laurent Berger, qui prévient que le premier syndicat français "se mobilisera" si cette piste était finalement retenue.
Le sujet irrite aussi la CFTC, pour qui "s'il n'y pas de mesure paramétrique, ce serait déjà pas mal", selon sa vice-présidente Pascale Coton.
Une "clause du grand frère"
Le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye à l'Assemblée nationale, le 3 décembre 2019 à Paris
AFP
Le chef de l'Etat avait promis avant son élection que sa réforme ne concernerait pas "ceux qui sont à moins de 5 ans de la retraite".
A l'opposé, les cheminots de l'Unsa et de la CFDT demandent qu'elle ne s'applique qu'aux nouveaux entrants à la SNCF.
Une "clause du grand-père" jugée "impossible" par M. Delevoye car, "si on la fait pour une profession, il faut la faire pour tout le monde".
"La généraliser serait un renoncement", acquiesce Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT.
"Entre ces deux extrêmes, on doit pouvoir trouver le bon curseur", veut croire le Premier ministre, Edouard Philippe.
En guise de compromis, le numéro un de l'Unsa, Laurent Escure, propose une "clause du grand frère" qui "protégerait tous les régimes" pour les 10 à 15 prochaines années.
Des "garanties" ciblées
Le président de la République admet que "certaines professions" pourraient être "lésées" par sa réforme, notamment les personnels hospitaliers et les enseignants.
Evolution du ratio entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités de 2002 à 2030, selon les projections du Conseil d'orientation des retraites
AFP
Face à l'ampleur de la mobilisation dans l'Éducation nationale, le ministre Jean-Michel Blanquer assure que "les pensions ne baisseront pas". Mais l'Unsa exige "des garanties de revalorisation pour les profs". Des gages que le Premier ministre s'est "engagé à inscrire dans la loi", sans toutefois évoquer la question salariale.
A la SNCF et à la RATP aussi, les personnels attendent "des compensations pour ne pas y perdre", même si "le sujet est plutôt celui de l'âge de départ", observe M. Sève, qui juge que le gouvernement "a intérêt à lâcher du lest" sur ce point.
Il l'a déjà fait pour les policiers et les contrôleurs aériens, assurés de conserver leur droit à un départ anticipé à 57, voire 52 ans. Un statu quo envié par d'autres, comme les chauffeurs routiers. "Chacun a ses propres revendications", souligne Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière.
Un effort sur la pénibilité
M. Macron "n'adore pas ce mot" qui "donne le sentiment que le travail serait pénible".
Les syndicats l'exhortent pourtant à se faire violence: l'Unsa veut une "prise en compte de la pénibilité quel que soit le secteur d'activité ou le statut", la CFTC souhaite "maintenir sa reconnaissance en donnant des points supplémentaires" et la CFDT veut l'étendre à davantage de salariés.
"C'est évident qu'on l'élargit", juge M. Sève, qui espère à la fois "modifier les seuils", en particulier pour le travail de nuit, et réintégrer les quatre critères supprimés du "compte pénibilité" originel (postures pénibles, port de charges lourdes, vibrations, risque chimique).
"Sinon les pilotes de lignes auront droit au travail de nuit mais les maçons n'auront rien", résume-t-il.
Sauf que M. Philippe s'est seulement montré ouvert à "évoluer" sur "certains sujets" dont le travail de nuit, sans "refondre complètement un système" qu'il avait en partie vidé de sa substance au début du quinquennat.
"A partir du moment où ils ont modifié ce régime, il y a moins de solutions", constate, un brin amer, un des architectes du "compte pénibilité".
Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.
Dans une lettre adressée aux maires de France, le premier ministre répète qu’« un grand acte de décentralisation sera bientôt présenté devant le Parlement pour définir précisément la compétence de chacun ».
A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.
Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.