Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force ouvrière, a salué « une mobilisation réussie », après la journée intersyndicale du 18 septembre contre l’austérité budgétaire, qui a réuni entre 500 000 et un million de manifestants, selon les estimations. « Qui peut mettre autant de personnes dans la rue à part les syndicats ? Aucun parti politique, aujourd’hui, ne peut en faire autant », a-t-il réagi ce vendredi, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.
Ce vendredi l’intersyndicale a lancé un ultimatum au Premier ministre Sébastien Lecornu, lui demandant de renoncer à la plupart des orientations budgétaires présentées au début de l’été par son prédécesseur François Bayrou, parmi lesquelles la désindexation des pensions et des salaires de la fonction publique, la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires, ou encore la réforme de l’assurance chômage. Ils réclament également la mise en place d’une taxation des plus hauts revenus.
Sans réponse de la part de l’exécutif d’ici le 24 septembre, les huit syndicats qui avaient appelé à la grève jeudi s’engagent à organiser une nouvelle journée de mobilisation.
« Le président de la République n’aime pas le dialogue social »
« Les syndicats ont voulu dire : attention, qui que soit le Premier ministre, si vous nous ressortez le projet de budget de François Bayrou, ça ne pourra pas marcher », commente Jean-Claude Mailly. « Le gouvernement, s’il est raisonnable, va devoir tenir compte de ce qu’il s’est passé hier », avertit l’ancien responsable de FO, qui trouve néanmoins « intelligent » de la part de Sébastien Lecornu d’avoir voulu rencontrer les différentes forces syndicales avant les partis d’opposition.
« Le dialogue social a été bafoué depuis plusieurs années », constate Jean-Claude Mailly. « Le président de la République n’aime pas le dialogue social, il considère que c’est une perte de temps. Il en a les effets aujourd’hui », pointe l’ex-secrétaire général de FO. « On peut parler d’une forme de mépris. La démocratie ce n’est pas que l’élection des parlementaires et celle du président de la République, c’est aussi la démocratie sociale. »
« Il faut tenir un an et demi »
« On ne fait pas des manifs pour le plaisir. À un moment, la coupe est pleine. Mais il vaut mieux qu’une colère s’exprime plutôt que de céder à la résignation », poursuit Jean-Claude Mailly. Il estime que la solution à la crise politique actuelle repose pour une large part « sur les épaules du bloc central, des Républicains et des socialistes ».
« Le président est-il prêt à remettre en cause sa politique de l’offre ? Les Républicains sont-ils prêts à accepter une taxation des ultra-riches ? Les socialistes sont-ils prêts à ce que ça ne soit pas la taxe Zucman ? », interroge-t-il. « Imaginons qu’il n’y ait pas d’accord. Que se passe-t-il derrière ? Un gouvernement technique ? Combien de temps va-t-il tenir ? », alerte Jean-Claude Mailly. « Ils ont une responsabilité démocratique. Il faut tenir un an et demi. »