Troisième journée de mobilisation en France depuis la rentrée. C’est la deuxième à l’appel des organisations syndicales, qui se mettent au diapason pour protester contre les pistes budgétaires qui se dessinent à Matignon. A Paris, la manifestation à l’appel de l’intersyndicale s’est élancée à 14 heures de la place d’Italie. En marge du cortège, la CGT, la CFDT et Force Ouvrière expriment leur colère, à l’unisson.
« Le Premier ministre des copier-coller »
En réaction aux pistes de budget égrenées ce matin, Sophie Binet tacle un Premier ministre qui marche dans les pas de son prédécesseur, accusant Sébastien Lecornu de devenir « le Premier ministre des copier-coller ». Défiscalisation des heures supplémentaires, retour de la prime Macron, baisse de l’impôt sur les revenus pour les couples au SMIC… Ces mesures, annoncées par Matignon au matin de cette troisième journée de manifestation, font grincer des dents les syndicats. La secrétaire générale de la CGT dénonce « la reprise de mesures qui existent déjà ou qui ont déjà existé », et appelle plutôt à « revaloriser le travail » et « augmenter les salaires ». Pas de quoi apaiser une colère sociale « énorme », « qui n’est pas près de s’arrêter ». Sophie Binet ne mâche pas ses mots : « C’est pas des discours de langue de bois ou des mesurettes qui permettront d’y répondre. Il faut répondre aux exigences sociales, enterrer définitivement tous les sacrifices pour le monde du travail prévus dans la copie Bayrou ».
« Pas comme ça qu’il va apporter la preuve d’une rupture »
Un constat partagé par la patronne de la CFDT : « La colère est là », et « il est important de lui offrir un cadre pour s’exprimer ». Marylise Léon « attend de pied ferme le Premier ministre », et espère que ce dernier répondra rapidement aux demandes formulées par les organisations syndicales, alors que depuis leur rencontre à Matignon, Sébastien Lecornu n’a pas initié « de négociations, ni de contact ». Les annonces de ce matin ? Ce n’est « pas comme ça qu’il va apporter la preuve d’une rupture », critique-t-elle, « il faut accepter que les gouvernements précédents se sont trompés ».
Sébastien Lecornu « dans l’impasse »
« Pas de gouvernement, pas de budget, pas de majorité… », énumère Frédéric Souillot. Pour le secrétaire général de la Force Ouvrière, Sébastien Lecornu se trouve « dans l’impasse », rappelant que le Premier ministre « est le plus mal noté de la Ve République ». A l’inverse, l’intersyndicale « montre quelque chose de solide », « de fort », dans « l’instabilité politique et sociale » actuelle.
LFI promet le dépôt d’une motion de censure « d’ici la fin de la semaine »
Aussi présents à la manifestation, les insoumis partagent les revendications des organisations syndicales. Manuel Bompard estime qu’ « il y aura à nouveau plusieurs centaines de milliers de personnes dans la rue ». Et ce, « alors qu’on n’a pas le contenu du budget », pointe-t-il du doigt. « Ce sont des mobilisations très politiques. Contre la politique du gouvernement et du président de la République ». Le secrétaire national de LFI met l’accent sur « le besoin de davantage de coordination », une nécessité appuyée par Jean-Luc Mélenchon.
Il fustige « des mesures qui s’inscrivent dans la continuité » des politiques précédentes. Amer, il critique le retour de la prime Macron annoncée ce matin, alors qu’ « on nous avait parlé de rupture », « il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles ». Les pistes budgétaires avancées ont renforcé « notre détermination à obtenir la censure de ce gouvernement le plus rapidement possible ». Malgré le rétropédalage de Sébastien Lecornu sur la suppression des deux jours fériés, le locataire de Matignon n’est, pour l’heure, pas revenu sur l’année blanche et le doublement des franchises médicales. Le député LFI promet le dépôt d’une motion commune aux écologistes, communistes et insoumis « dès la nomination du gouvernement », soit potentiellement « d’ici la fin de la semaine ».
« Qui va payer la facture ? »
De son côté, François Ruffin condamne des « réformettes qui sont en fait des contre-réformes », et s’accorde à réclamer, lui aussi, une véritable rupture fiscale. Alors que Sébastien Lecornu « avance de manière masquée », le député ex-insoumis s’inquiète : « Qui va payer la facture de la dette ? Du déficit ? ». Aujourd’hui, « tous les syndicats sont unis, comme pendant la réforme des retraites », alors « on doit nous donner la vérité des prix ».