Grève du 7 mars : le point sur la mobilisation

Grève du 7 mars : le point sur la mobilisation

Alors que la « journée noire » se profile, la quasi-totalité des syndicats a appelé à « mettre la France à l’arrêt ». Ecoles, transports, énergies… Tour d’horizon des secteurs mobilisés.
Caroline Deschamps

Par Romain Ferrier

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Pour cette sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, entre 1,1 et 1,4 million de personnes sont attendues dans les rues, dont 60 000 à 90 000 dans Paris, selon une note des renseignements territoriaux rapportée par LCI. Une fois encore, la guerre des chiffres se jouera entre le ministère de l’Intérieur et les syndicats, bien qu’il soit possible d’estimer l’ampleur de la mobilisation à travers les perturbations des différents secteurs d’activité.

 

Energie

 

Chez les électriciens et gaziers, les grévistes se sont mobilisés tôt. Dès le vendredi après-midi, à l’appel de la CGT, les secteurs de l’énergie ont entamé leur grève reconductible, entraînant des baisses de production dans certaines centrales, sans occasionner de coupures de courant. Le lendemain, le samedi 4 mars, le Sénat votait l’article 1, concernant la suppression de cinq régimes spéciaux.

« Ce n’est que le tour de chauffe, on est en train de monter crescendo […] et à partir de lundi, on se lance dans une semaine noire dans l’énergie, c’est clair » déclarait vendredi le secrétaire fédéral de la CGT Mines et Energie Fabrice Coudour, faisant référence à la grève reconductible. Comme les précédentes mobilisations, des coupures ciblées, des blocages et des « opérations Robin des Bois » (distributions gratuites d’électricité et de gaz à des lieux publics et à des particuliers ayant des contrats suspendus) devraient avoir lieu, selon le secrétaire général de la CGT des électriciens et gaziers, Sébastien Ménesplier.

Les raffineries se joignent aussi au mouvement contre la réforme des retraites, et se mobilisent dès aujourd’hui, soit à la veille de la manifestation nationale. Elles font suite aux précédentes perturbations en février dernier, où les dépôts de carburants des Flandres près de Dunkerque (Nord), de Donges (Loire-Atlantique), et de Feyzin (Rhône) avaient été déstabilisés, sans pour autant entraver l’approvisionnement des stations-service.


 

Transports

 

Sur l’ensemble du trafic, les services devraient être « fortement perturbés », comme l’annoncent la SNCF et la RATP. En moyenne, 1 train sur 2 circulera aux heures de pointe sur les lignes du RER A et RER B, tandis que les lignes de métro 2, 5, 7, 9 et 10 n’auront qu’1 train sur 3 ou 4, et uniquement aux heures de pointe élargies. Seules les lignes les plus automatisées (lignes 1, 4 et 14) auront un trafic relativement habituel, bien que certaines stations pourraient être fermées aux alentours de la manifestation.

A la SNCF, la grève se fera tout aussi sentir, alors que l’entreprise « recommande aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou reporter leurs déplacements prévus ce jour, et de privilégier le télétravail ». Pour les TGV INOUI et OUIGO, comptez en moyenne 1 train sur 5, tout comme pour les TER. Pour les intercités de jour, aucun train ne devrait circuler à l’exception d’un aller-retour Paris-Brive et de 2 allers-retours Paris-Clermont, tandis que les intercités de nuit seront totalement indisponibles dans les nuits de lundi-mardi et mardi mercredi. Un ensemble très perturbé par la grève nationale, qualifié par le ministre des transports Clément Beaune comme « l’une des journées les plus difficiles qu’on ait connue ».

Pour le domaine aérien, Air France devrait assurer 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers. « Toutefois, des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure », prévient la compagnie. La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a aussi appelé l’ensemble des compagnies aériennes à réduire leur programme de vols au départ et à l’arrivée des aéroports de Paris Orly, Paris-Charles de Gaulle, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse. Pour les clients dont le vol est annulé, un avoir ou un remboursement intégral devraient être proposés, grâce aux coordonnées renseignées lors de la réservation.

 

Education

 

Dans un communiqué commun, 7 syndicats du secteur éducatif (CGT éduc’action, SGEN-CFDT, FNEC-FP-FO, FSU, SNALC, SUD éducation et UNSA-Éducation) ont appelé à faire massivement grève le 7 mars, et à la prolonger le 8 mars, durant la journée internationale de luttes pour les droits des femmes. « Nos métiers, exercés majoritairement par des femmes et dans des conditions qui ne cessent de se dégrader, rendent cette réforme d’autant plus inacceptable » détaillent-ils. Le mouvement restera cependant difficilement quantifiable dans l’éducation, puisque le premier syndicat du premier degré, le Snuipp-FSU, n’a pas encore communiqué ses prévisions de grévistes. Les différents syndicats étudiants, comme Solidaires étudiant-e-s, ont aussi prévu de renforcer le mouvement, en multipliant les blocus et les assemblées générales. « Mettons l’Enseignement Supérieur à l’arrêt, et faisons des étudiant(e)(s) un soutien à la grève générale ! » commente-t-il sur Twitter. Le député Louis Boyard (LFI) a d’ailleurs appelé ce week-end aux blocus des collèges et lycées, notamment sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #BlocusChallenge. Un appel décrié par le parti présidentiel, notamment par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, l’accusant de ne pas respecter son rôle de député. « La politique n’est pas un challenge TikTok. […] Respectez votre fonction » a-t-elle tweeté.

 

Eboueurs et métallurgistes : les nouveaux participants

 

Parmi les nouveaux corps de métier, les éboueurs pourraient répondre à l’appel de la CGT. Dans un communiqué datant du 14 février, le syndicat appelait à la grève « dans les secteurs de la collecte des déchets et ordures ménagères, du tri et du traitement des déchets », et ce « à partir du 7 mars et jusqu’au retrait du projet de loi ». Ont aussi été conviés à « se mettre à l’arrêt », ce mardi 7 mars, les travailleurs en métallurgie, notamment ceux des grandes entreprises comme Thalès, Valéo, Stellantis, ArcelorMittal, Forvia, Airbus, Safran ou encore Renault.

Pour la suite des événements, l’intersyndicale se réunira et devrait donner ses directives juste après la manifestation contre la réforme des retraites, dans la journée du 7 mars. L’ensemble des organisations syndicales s’est aussi dit prêt à saisir la journée du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes, afin de « mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes ». S’ensuivra, le 9 mars, une journée d’action et de mobilisation de la jeunesse, aussi pour dénoncer l’impact de la réforme des retraites sur cette tranche d’âge.

 

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