Élisabeth Borne les avait invités pour évoquer la réforme des retraites, mais voilà que la grève des raffineries et des dépôts pétroliers qui se prolonge depuis la fin septembre s’est invitée également dans les échanges. Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, et Olivier Marleix, son homologue à l’Assemblée nationale, étaient les premiers présidents de groupes parlementaires à ouvrir le bal des consultations ce 13 octobre à Matignon.
Le président du groupe sénatorial a d’abord reproché un manque de réactivité de la part du gouvernement dans cette crise, qui se manifeste par des pénuries importantes dans près d’une station-service sur trois du pays. « Le temps qu’a perdu le gouvernement pendant des semaines à ne rien faire se répercute aujourd’hui », s’est exclamé le sénateur de Vendée, qui plaidait pour des réquisitions dès dimanche. « Le gouvernement a trop tardé. Il a laissé s’enkyster dans le pays un mouvement qui désormais lui échappe. Il faut qu’il agisse qu’il continue à agir. » Agir n'est cependant pas pour lui synonyme de pression sur les entreprises. Dans un tweet, Bruno Retailleau a déclaré au ministre de l'Économie et des Finances que l'État n'avait pas à « dicter la politique salariale des entreprises ».
S’ils font la une de l’actualité, les salariés TotalEnergies et d’Esso-ExxonMobil ne sont pas les seuls à débrayer pour obtenir de meilleures rémunérations. Les conflits sociaux ont également gagné plusieurs centrales nucléaires, un nouveau conflit sur le front énergétique qui paralyse les travaux de maintenance dans huit réacteurs. La centrale de Gravelines, la plus importante de France, pourrait se joindre au mouvement ce jeudi. Ce jeudi, la CGT a appelé à élargir la grève à l’ensemble du secteur de l’énergie. « Il y a quelque chose de très inquiétant. Nous avons dit de ne pas tarder », a réagi le chef de file de la droite sénatoriale.
Le gouvernement n’a pas été le seul visé par les critiques. Le sénateur a aussi vitupéré contre l’action de « minorités agissantes », et notamment de la CGT. « Il n’y avait pas de négociation, il y avait une prise d’otage », a-t-il répété. « C’est l’inverse d’une négociation. C’est ce que j’appelle la gréviculture, la culture de la grève en France ».
Bruno Retailleau n’a d’ailleurs pas partagé les prévisions d’Emmanuel Macron, qui a annoncé la veille un retour à la normale « dans le courant » de la semaine prochaine pour l’approvisionnement en carburant « Je voudrais y croire, je le trouve très optimiste. »