Grèves: trafic toujours “très perturbé”, Macron appelle à la trêve

Grèves: trafic toujours “très perturbé”, Macron appelle à la trêve

Depuis Abidjan, Emmanuel Macron a appelé samedi les grévistes opposés à la réforme des retraites à "savoir faire trêve" alors que le premier...
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Par Boris CAMBRELENG

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Depuis Abidjan, Emmanuel Macron a appelé samedi les grévistes opposés à la réforme des retraites à "savoir faire trêve" alors que le premier week-end des vacances de Noël restait marqué par des perturbations très importantes à la SNCF et la RATP.

"Les mouvements de grève se justifient, ils sont constitutionnellement protégés. Mais je crois qu'il est des moments dans la vie d'une nation où il est bon aussi de savoir faire trêve pour respecter les familles et la vie des familles", a souligné le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse au côté de son homologue ivoirien en répondant - fait rare - à une question concernant l'actualité française lors d'un déplacement à l'étranger.

"Chacun comprendra que la trêve ne veut pas dire l'acceptation ou l'abandon", a ajouté M. Macron, évoquant "le respect dû aux Françaises et Français qui parfois sont séparés et veulent se retrouver en ce moment de fête".

Un temps espérée par le gouvernement, une trêve de Noël dans le mouvement lancé il y a 17 jours contre la réforme des retraites, et notamment la fin du régime spécial des cheminots, ne s'est pas matérialisée.

Vendredi, au lendemain d'une multilatérale à Matignon, la CFDT-Cheminots a maintenu son appel à la grève, à l'inverse de l'Unsa ferroviaire, favorable à "une pause", mais pas forcément suivie par sa base.

Des voyageurs sur les quais de la Gare de Lyon, le 20 décembre 2019 à Paris lors de la grève contre la réforme des retraites
Des voyageurs sur les quais de la Gare de Lyon, le 20 décembre 2019 à Paris lors de la grève contre la réforme des retraites
AFP

Et la CGT-Cheminots et SUD-Rail, qui avaient décidé dès jeudi de poursuivre le mouvement, ont invité leurs troupes "à organiser des initiatives de Noël pour interpeller les représentants de la majorité gouvernementale" et à s'inscrire "dans les actions qui seront organisées" samedi 28 décembre "partout en France"

Le premier week-end des vacances de Noël restait ainsi marqué par un trafic SNCF "très perturbé" et s'annonçait tout aussi difficile dimanche, comme à la RATP.

La SNCF a assuré samedi que tout était "raccord" par rapport à ses prévisions de la veille. L'objectif de faire voyager 850.000 détenteurs de billets jusqu'à dimanche est maintenu, a déclaré un porte-parole.

Rail : prévisions de trafic
Prévisions de trafic de la SNCF pour le samedi 21 et le dimanche 22 décembre
AFP

La compagnie a prévu samedi et dimanche de faire rouler la moitié des TGV, 30% des TER et 20% des Transiliens, ainsi qu'un Intercités sur quatre, les trains devant être moins nombreux à partir de lundi. La suspension annoncée pour le week-end de son service prenant en charge les 4-14 ans a finalement été levée, avec 5.000 places dimanche dans 14 TGV exceptionnels.

Samedi, le trafic RATP est resté très perturbé avec huit lignes de métro toujours fermées. Il le sera encore davantage dimanche, avec seulement deux lignes en circulation sur 16.

Conséquence, les bouchons se sont accumulés samedi soir en Ile-de-France, le baromètre Sytadin évoquant 225 kilomètres de ralentissement à 19H00, un niveau plus qu'"exceptionnel".

- "Faire réagir le gouvernement" -

Dans les gares, l'épuisement avait gagné beaucoup d'usagers en galère, comme Françoise Lambert, en gare Montparnasse à Paris, qui cherchait à se rendre à Evron, en Mayenne, à 60 km du Mans. "Je vais jusqu'à la gare TGV du Mans et après je n'ai pas de solution. C'est stressant", déplorait cette assistante de direction.

Avant l'ouverture de la station de métro Porte d'Orleans, à Paris le 20 décembre 2019
Avant l'ouverture de la station de métro Porte d'Orleans, à Paris le 20 décembre 2019
AFP

Pour Quentin, dont le TGV Paris-Angers a été maintenu samedi, c'est "dommage que cela impacte les particuliers" mais c'est selon lui le seul moyen de faire réagir le gouvernement.

Autre action notable, celle de la CGT Energie qui a revendiqué samedi sur Twitter les deux coupures de courant intervenues pendant les rencontres de Top 14 de rugby Agen-Toulouse et Castres-Lyon.

"Les choses sont en train de s'améliorer (...) et nous continuerons d'œuvrer", a souligné M. Macron, qui a par ailleurs renoncé par avance à sa future retraite d'ancien président de la République (soit 6.220 euros bruts mensuels).

"Il n'y a pas de volonté d'affichage", seulement "une volonté de cohérence" de la part d'Emmanuel Macron, a indiqué l'Elysée à l'AFP, confirmant une information du journal Le Parisien.

De son côté, le nouveau secrétaire d'Etat aux Retraites, Laurent Pietraszewski, a exhorté à la reprise du travail. "Les appels à une trêve lancés par certains responsables syndicaux doivent être entendus" et "les propositions qui ont été mises sur la table à la RATP et à la SNCF (...) doivent permettre de reprendre le travail", a-t-il déclaré au JDD. Et de rayer d'un trait la suppression des régimes spéciaux.

"C'est vrai, nous ne reviendrons pas sur la suppression des régimes spéciaux. Mais le dialogue social se poursuit avec les confédérations syndicales", a assuré le "M. Retraites" du gouvernement.

Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, le soutien des Français à la grève s'effrite légèrement. Si 31% des Français soutiennent le mouvement de protestation et 20% ont de la sympathie pour lui, ce total de 51% d'avis positifs représente 3 points de moins par rapport à une précédente enquête menée par le même institut une semaine plus tôt.

Le gouvernement promet de nouvelles réunions début janvier sur le projet, attendu en Conseil des ministres le 22 janvier, tandis que l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 9.

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