Grogne sociale : pour Patrick Kanner, les retraites pourraient être « l’étincelle qui mettra le feu à la situation »
Président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner alerte sur le risque d’embrasement face à la réforme des retraites. Invité de Public Sénat mardi 18 janvier, l’élu du Nord considère que le projet du gouvernement s’inscrit dans un contexte social marqué par de vives tensions en raison du « caractère insupportable des inégalités ».

Grogne sociale : pour Patrick Kanner, les retraites pourraient être « l’étincelle qui mettra le feu à la situation »

Président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner alerte sur le risque d’embrasement face à la réforme des retraites. Invité de Public Sénat mardi 18 janvier, l’élu du Nord considère que le projet du gouvernement s’inscrit dans un contexte social marqué par de vives tensions en raison du « caractère insupportable des inégalités ».
Romain David

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À 24 heures de la première journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, jeudi 19 janvier, la gauche table sur un million de personnes dans les rues pour déclencher un électrochoc contre le projet du gouvernement. « Ça se mobilise très fortement, je le sens dans les services publics et les entreprises. Il y aura aussi beaucoup de retraités dans la rue qui craignent pour leur pouvoir d’achat », prédit Patrick Kanner, le chef de file des sénateurs socialistes, invité mardi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.

« Gilets Jaunes puissance 10 »

« Pour moi, il y a un seul fautif à tout cela, c’est Emmanuel Macron », tacle l’élu du Nord qui estime que le ras-le-bol social arrive à son paroxysme avec l’inflation et la hausse des prix de l’énergie. « Le problème, c’est la colère qui est en train de monter. Les gens n’en peuvent plus », alerte le socialiste qui évoque un effet « Gilets Jaunes puissance 10 ». « Il y a un terreau de colère face au caractère insupportable des inégalités sociales. Est-ce que cette réforme des retraites n’est pas l’étincelle qui mettra le feu à la situation ? Je suis inquiet ».

Argument largement repris par les partis d’opposition, notamment à gauche de l’échiquier politique : le caractère superflu d’un report de l’âge légal de départ à la retraite, alors que l’exécutif invoque la nécessité d’équilibrer le système pour en assurer la pérennité. « Il n’y a pas eu de réflexion sur de potentiels contributeurs », s’agace notre invité, rappelant que son camp a défendu la mise en place d’une taxation exceptionnelle sur les superprofits réalisés par certaines entreprises pendant la crise du covid-19. « 13 milliards d’euros [montant qu’attendra le déficit du système des retraites en 2030, selon les estimations du gouvernement, ndlr], pour chacun d’entre nous c’est une somme qui paraît incommensurable, mais c’est un trait de plume par rapport au budget de l’Etat et au déficit. »

Les sénateurs socialistes « prêts à prendre tous les moyens pour dire non à cette réforme injuste »

LFI table sur une obstruction parlementaire pour marquer son opposition au texte durant les débats à l’Assemblée nationale ; Mathilde Panot, à la tête des députés insoumis, a évoqué le dépôt de 1 000 amendements pour chacun des élus de son groupe. Les socialistes, en revanche, s’interrogent encore sur la stratégie à adopter dans l’hémicycle. « L’obstruction parlementaire n’est pas notre tradition. Si on doit en arriver là face au risque de 49.3, voire de 47.1 avec une contrainte du temps de débat, ce serait une révolution dans la pratique des parlementaires socialistes. Mais même au Sénat, je sens mon groupe prêt à prendre tous les moyens pour dire non à cette réforme injuste », glisse Patrick Kanner.

Interrogé sur l’alternative à la réforme portée par l’accord de la NUPES - à savoir un retour à un âge de départ à 60 ans avec 40 annuités - cet ancien ministre de François Hollande rappelle que cet engagement reste un point de rupture chez les socialistes. « C’est peut-être un objectif à très long terme, mais aujourd’hui, ce retour à 60 ans n’est pas raisonnable », assume-t-il. « Cet accord a été signé dans les conditions que l’on sait, sur un bout de table, au bout de la nuit, sans consultation des militants. Je considère que c’est un accord d’opportunité. Pistolet sur la tempe, tête au sol, le genou sur la gorge, nous l’avons signé. Mais je ne me sens pas concerné par cette mesure, parce que c’est 80 milliards d’euros pour y arriver. Dans le cadre des grands déséquilibres financiers de l’Etat, ça ne peut pas être une priorité.

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