Guerre en Ukraine : « Nous allons réduire de deux tiers notre dépendance au gaz russe », indique Thierry Breton
Lors d’une conférence interparlementaire organisée au Sénat, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton a décrit le cap pour faire de l’Europe une véritable puissance politique et économique.
Par Public Sénat
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C’est une conférence interparlementaire dont le thème, l’autonomie stratégique et économique de l’Union européenne, tombe à point nommé. Elle était « décidée bien avant l’invasion de l’Ukraine », a souligné, en introduction des débats qui se déroulent ce lundi dans l’hémicycle du Sénat, la présidente LR de la commission des affaires économiques, Sophie Primas, qui arborait pour l'occasion une écharpe jaune sur robe bleue.
« C’est désormais un moment de vérité pour l’Union européenne », a estimé, à son tour, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, pour qui « Il est temps de démontrer encore plus que nous défendons ensemble les valeurs qui nous unissent, la démocratie, la solidarité, qui sont l’essence même de notre projet européen ».
« Un vrai changement d’état d’esprit »
Face au bouleversement de l’ordre mondial, le commissaire souhaite que l’Europe réévalue « son positionnement en tant que puissance politique et économique ». Selon lui, « la série de crise » auxquelles l’Europe est confrontée depuis deux ans, a entraîné « un vrai changement d’état d’esprit ».
A ce titre, Thierry Breton se félicite « du cap » fixé par les chefs d’Etat européens, réunis à Versailles, la semaine dernière. « Celui d’une Europe souveraine et de la réduction de nos dépendances ».
A la demande du Conseil européen, d’ici le mois de mai, la Commission européenne présentera son plan que nous avons intitulé « Repower EU » afin de réduire la dépendance au gaz russe, de deux tiers d’ici la fin de l’année. « Le gaz russe dans le mix énergétique sur l’ensemble de l’UE représente 9,2 % de tous nos approvisionnements en énergie. Nous allons passer de 9 % à 3 % d’ici la fin de l’année », a-t-il rappelé assurant que l’UE allait accompagner ceux qui sont plus dépendants que les autres. « C’est ça la solidarité européenne », a-t-il appuyé.
Toutefois, il ne s’agit pas pour l’Europe « de vivre en autarcie ». Ce n’est sûrement pas la politique que nous voulons mener. Il s’agit de construire une politique industrielle ouverte […] mais désormais à nos conditions », a-t-il précisé en citant l’exemple des GAFA, particulièrement visée par les deux projets de règlements européens, Digital Services act, et Digital Markets act.
« Produire au moins 20 % des microprocesseurs sur le territoire européen, c’est possible »
A l’ère numérique, l’Europe reste fragile du fait de sa trop grande dépendance à l’Asie en matière de semi-conducteurs (matériaux nécessaires à la fabrication de microprocesseurs comme le silicium). « Nous devons être en capacité d’ici la fin de la décennie, de produire au moins 20 % des microprocesseurs sur le territoire européen, c’est possible », assure Thierry Breton.
Enfin, en matière de défense européenne, Thierry Breton rappelle l’engagement des chefs d’Etats européens. « Nous devons résolument investir dans nos capacités de défense dans nos technologies de défense et de plus en plus mutualiser ». « Beaucoup d’Etats membres ont annoncé qu’ils allaient passer à 2 % de leur PIB consacrée à la défense […] Si tout le monde monte à 2 %, ça veut dire qu’on va investir tous les ans entre 65 et 70 milliards d’euros, de plus, pour la défense. Faisons-le de façon mutualisée. Dans ce domaine l’union fait la force, c’est une opportunité à ne pas rater ».
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