Guerre en Ukraine : « Nous sommes une Union de paix, mais notre projet maintenant ce sera la défense » plaide le président finlandais

ENTRETIEN EXCLUSIF. Au lendemain du sommet de la « coalition des volontaires » organisé à l’initiative de la France et du Royaume-Uni à Paris, le 27 mars 2025, le président de la République de Finlande, Alexander Stubb, interrogé par Caroline de Camaret, dit vouloir accentuer la pression sur Moscou sans pour autant faire de la question de l’envoi de troupes européennes en Ukraine le principal moyen d’y parvenir. Un entretien exclusif à voir en intégralité dans l’émission Ici l’Europe sur Public Sénat.
Mathieu Terzaghi

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’est une parole rare en France. Au lendemain du sommet de la « coalition des pays volontaires » qui a réuni, le 27 mars dernier, 31 pays à Paris pour imaginer une force de réassurance dans le cadre d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, le président finlandais rappelle dans l’émission Ici l’Europe que si le déploiement de 20 à 30 000 soldats peut « aider un peu, ce n’est pas pour aller en première ligne ». Il dit miser davantage sur le renseignement, la « situation dans les airs, dans les mers » et que la protection apportée l’Ukraine « n’est pas une question de soldats », qui est assez « symbolique ». Pour le dirigeant scandinave, l’Ukraine dispose de « 400 000 soldats » entraînés et formés, qui sont déjà en première ligne.

La Finlande occupe une position particulière en Europe. Seul État nordique à avoir adopté l’euro, ce pays de 5,6 millions d’habitants membre de l’Union européenne depuis 1995, a adhéré à l’OTAN en 2023 sur fond de guerre en Ukraine et partage 1300 kilomètres de frontière avec la Russie.

« Je voudrais bien voir l’Ukraine dans l’OTAN un jour » affirme Alexander Stubb

Interrogé sur la possibilité d’un cessez-le-feu partiel de 30 jours limité aux infrastructures énergétiques et civiles, il défend la nécessité d’un cessez-le-feu complet : « C’est la seule possibilité ». Pour le chef de l’État finlandais, « les Ukrainiens veulent un cessez-le-feu complet, les Européens veulent un cessez-le-feu complet, les Américains veulent un cessez-le-feu complet, mais qu’est-ce que font les Russes ? Ils proposent un cessez-le-feu partiel et en plus demandent d’autres conditions. C’est une stratégie de négociation de Poutine, donc il ne veut pas de cessez-le-feu », poursuit-il. Afin d’éviter un nouveau conflit à l’avenir, le Finlandais explique vouloir « voir l’Ukraine dans l’OTAN un jour ».

Vers une « Union européenne à la carte » ?

Partisan d’une Europe de la défense, l’ancien premier ministre finlandais plaide pour le réarmement du continent. « Nous sommes une Union de paix, c’est clair », selon Alexander Stubb, cependant, « on a toujours eu des grands projets », assure-t-il. « Avant, c’était le marché intérieur, c’était l’euro, maintenant, ce sera la défense ».

Garder l’allié américain

Mais l’Europe aura du mal à se passer totalement des États-Unis, admet-il. Alors, à la question de savoir si le gouvernement de Donald Trump est encore notre allié, le président finlandais répond : « J’espère que oui. Ce sera très important de continuer notre dialogue avec l’administration américaine et le président français Emmanuel Macron fait un très bon travail », avance-t-il. Si « ce n’est pas une situation facile maintenant », il souhaite « continuer de travailler avec les Américains ».

Retrouvez l’intégralité de cette émission sur notre espace replay.

Partager cet article

Dans la même thématique

Guerre en Ukraine : « Nous sommes une Union de paix, mais notre projet maintenant ce sera la défense » plaide le président finlandais
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Guerre en Ukraine : « Nous sommes une Union de paix, mais notre projet maintenant ce sera la défense » plaide le président finlandais
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le