Guillaume Lacroix (PRG) refuse l’accord NUPES : « Il aurait fallu abjurer 30 ans de vie politique »
Invité de notre matinale, Guillaume Lacroix est revenu sur l’accord électoral signé par LFI, EELV, le PCF et le PS. D’après le président du Parti Radical de Gauche, les partis de gauche se sont reniés en s’alignant sur les positions de LFI.

Guillaume Lacroix (PRG) refuse l’accord NUPES : « Il aurait fallu abjurer 30 ans de vie politique »

Invité de notre matinale, Guillaume Lacroix est revenu sur l’accord électoral signé par LFI, EELV, le PCF et le PS. D’après le président du Parti Radical de Gauche, les partis de gauche se sont reniés en s’alignant sur les positions de LFI.
Louis Mollier-Sabet

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Le plus vieux parti politique de France, qui avait pris part aux grands mouvements d’union de la gauche, du Bloc des Gauches au Programme commun de 1972, en passant par le Front populaire, a cette fois passé son tour. Guillaume Lacroix explique ainsi que le PRG a investi 80 candidats dimanche, et qu’il en soutiendra d’autres, comme la PS Lamia El-Aaraje dans la 15ème circonscription de Paris. L’objectif serait ainsi d’atteindre 150 candidats investis ou soutenus par le Part Radical de Gauche, en concurrence, donc, avec les candidats investis par la NUPES. « Il y avait une belle occasion de recréer les conditions d’un programme commun. Mais le programme commun allait du PCF au Parti radical, avec un Mitterrand qui s’érigeait en point d’équilibre. Là il a fallu que chacun à gauche abjure 30 ans de vie politique et aille se soumettre à la plateforme programmatique de la partie la plus à gauche du spectre. Oui, il y a une occasion manquée pour la gauche d’avoir une unité crédible », a ainsi déclaré le président du PRG.

« Quand on est prêts à abjurer 30 ans de vie politique, je me demande si c’est bien utile que l’on continue de se présenter aux élections »

D’après lui, des divergences de fond insurmontables existent avec les positions de LFI, et le PS et EELV, qui ont renié leurs convictions en scellant cet accord électoral et programmatique : « Autant d’écart idéologique entre ce que certains racontaient il y a quelques semaines et aujourd’hui, cela relève plus de la gymnastique que de la politique. Par ailleurs, comment défendre un projet républicain, laïc et universaliste et co-investir des candidats qui combattent cette vision de la République ? Comment faire croire que l’on est un parti européen et que l’on va désobéir tout le temps ? Il y a aujourd’hui un marché de dupes sur ce projet politique et la sincérité manque. On ne peut pas à ce point changer d’avis en 15 jours. » Il ajoute : « Quand on est prêts à abjurer 30 ans de vie politique, je me demande si c’est bien utile que l’on continue de se présenter aux élections. » Guillaume Lacroix veut ainsi créer un « espace de centre gauche capable d’entendre la colère sociale et de la transformer en réformes positives. »

« Je souhaite que la gauche capable de gouverner arrive à Matignon, cela ne peut pas être sur le projet des Insoumis. On ne va pas soutenir des femmes et des hommes qui portent des discours qui combattent la construction européenne, la République universaliste et laïque, ce n’est plus la gauche ! » Ainsi, Guillaume Lacroix « a parlé » à Bernard Cazeneuve et « échangé » avec Carole Delga : « On est au moment d’une recomposition politique qu’on le veuille ou non, et elle nous amène à nous interroger sur comment nous allons pouvoir faire évoluer ou pas la gauche de gouvernement. Je ne veux pas être gardien d’un musée ou d’un temple. Bien sûr qu’il y a besoin d’une gauche qui se réinvente, mais elle ne peut pas combattre ses fondamentaux. » Le président du PRG « ne veut rien s’interdire, tant que l’on défend un projet cohérent », et ce futur « espace de centre gauche » pourrait aller d’après lui de déçus venant du PS ou d’EELV jusqu’à « l’aile gauche de la Macronie », dont beaucoup « quittent la majorité présidentielle. » « Nous avons investi deux candidats qui voulaient être en indépendance par rapport au Président de la République », a précisé Guillaume Lacroix.

Burkini : « On est dans une affaire de pure provocation »

L’un des sujets sur lequel le Parti Radical de Gauche a du mal à se reconnaître dans la nouvelle alliance de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES), c’est la laïcité. Or, aujourd’hui, Éric Piolle propose à son conseil municipal de modifier le règlement des piscines pour autoriser le port du burkini dans les piscines grenobloises. « Si j’avais le moindre accord sur le progrès social avec Éric Piolle ça se saurait. Il est malhonnête intellectuellement dans cette affaire et il le sait. On ne fait pas la police du vêtement dans ce pays, mais on ne promeut pas le prosélytisme religieux », a réagi Guillaume Lacroix. D’après le président du PRG, « on est dans une affaire de pure provocation et de communication pour buzzer en dénonçant une restriction des libertés. Dans ce pays, rien n’est demandé de plus aux musulmans, mais rien de moins non plus. Chacun s’habille comme il veut dans la rue, dans les piscines il y a des enjeux de santé publique qui doivent rentrer en compte, mais globalement on ne va pas se faire la courte échelle permanente sur les provocations qui viennent de quelques tenants extrémistes [religieux]. »

Sur le fond, Guillaume Lacroix estime que « c’est une atteinte aux principes mêmes de la République universaliste, mais c’est aussi, qu’on le veuille ou non, un sujet sur le fait que les religions traitent les femmes d’une manière très particulière. On n’aide pas les femmes en leur interdisant le burkini, mais on ne les aide pas en leur imposant le burkini non plus. » Par ailleurs, le conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes renvoie dos à dos Éric Piolle et Laurent Wauquiez, puisque le président de région a menacé de couper les subventions de la ville de Grenoble si cet arrêté municipal était voté : « De provocateur à provocateur j’ai du mal à m’y retrouver. »

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