Guyane : « Ce n’est pas prêt de s’arrêter » selon le sénateur Patient

Guyane : « Ce n’est pas prêt de s’arrêter » selon le sénateur Patient

La crise sociale s’intensifie en Guyane, qui commence une grève générale. « Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine » a assuré Bernard Cazeneuve. Pour Georges Patient, sénateur PS de la Guyane, « la ministre des Outre-mer est discréditée et déconsidérée ».
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Par Alice Bardo

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La crise sociale s’intensifie en Guyane.  La collectivité d’Outre-mer entre aujourd’hui dans son premier jour de grève générale, votée samedi par l’Union des travailleurs guyanais (UTG). Le mouvement, débuté mercredi dernier, est appuyé par les citoyens comme par la classe politique locale. Une délégation interministérielle a été dépêchée sur place avant-hier, la ministre des Outre-mer ne souhaitant pas s’y rendre pour l’instant. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve s’est exprimé en fin de matinée.

« Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine », a assuré Bernard Cazeneuve. Il conditionne toutefois son engagement au « respect de l’ordre républicain » et a appelé « l’ensemble des acteurs de Guyane » au « dialogue » et à la « responsabilité ». Accompagné de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts lors de son allocution, il a affirmé suivre « personnellement » la situation. Une manière de reprendre en main ce dossier brûlant à la gestion décriée.

« Les compétences régaliennes de l’Etat ne sont pas assurées »

« Les collectifs veulent voir le président de la République et les ministres concernés, pas la ministre des Outre-mer, qui est discréditée et déconsidérée », confie Georges Patient, sénateur PS de la Guyane. Un discrédit causé par son refus de se rendre sur place tant que les « conditions du dialogue ne sont pas réunies ». Elle tient en particulier à ce que ce dialogue se fasse « à visage découvert ». Une allusion aux hommes cagoulés du collectif citoyen « Les 500 frères », dont l’objectif est de lutter contre l’insécurité en Guyane.

La sécurité compte évidemment parmi les revendications des Guyanais, le territoire ultramarin étant le plus violent de France. Rien qu’en 2016, 42 homicides ont été commis. « Il y a plus de morts qu’en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), mais on n’en parle pas », regrette Georges Patient. Au-delà de l’insécurité, ce sont les « compétences régaliennes de l’Etat » qui sont mises en cause. « Elles ne sont pas assurées », précise t-il. L’éducation et la santé font donc partie des préoccupations de ces citoyens « pas traités de la même manière que les autres Français ».

« Il n’y a pas suffisamment d’établissements scolaires. Certains ferment alors qu’on aurait besoin de six lycées supplémentaires et autant de collèges, déplore M. Patient. Des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés et le nombre d’enseignants est vraiment insuffisant. » Concernant la santé, les hôpitaux manquent cruellement de moyens. C’est pourquoi Jean-François Cordet, ancien préfet de Guyane chargé de piloter la délégation interministérielle dépêchée sur place samedi dernier, a annoncé que « 60 millions d’euros supplémentaires » seraient octroyés au centre hospitalier de Cayenne. En outre, il a fait part de l’intention du gouvernement de renforcer les effectifs des forces de l’ordre.

Des revendications qui « remontent à plusieurs années »

Des annonces qui ne suffisent pas à apaiser une situation qui s’enraye. Ce lundi est le premier jour d’une grève générale votée à la quasi unanimité par les 37 syndicats réunis au sein de l’Union des travailleurs guyanais (UTG). « Les syndicats accompagnent le mouvement engagé par la population », commente le sénateur de Guyane. Une population qui « a décidé de se faire entendre ». D’autant que « certaines revendications remontent à plusieurs années ».  

En 2013, à l’occasion d’une visite en Guyane, François Hollande avait proposé un « pacte pour l’avenir de la Guyanne ». Il devait être scellé un an plus tard mais est finalement resté lettre morte, ce que ne manque pas de rappeler Georges Patient. « Il y a une profonde exaspération, observe le sénateur. Le malaise est général et ce n’est pas prêt de s’arrêter. »

Renforcement des barrages filtrants, port et commerces fermés, grève d’EDF…  Le parlementaire guyanais constate que « la population a quasiment arrêté de travailler » et que « l’activité économique est presque à l’arrêt ». Il ajoute : « L’ambiance est pacifique mais on est déterminés ».

 

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