Le candidat socialiste Benoît Hamon a jeté mercredi ses dernières forces dans la bataille de la présidentielle, appelant lors d'un grand rassemblement citoyen et festif Place de la République à Paris les électeurs à se "réveiller" et à résister aux injonctions du "vote utile".
"Voilà mon appel, qui n’est ni celui d’un césar ni celui d’un tribun mais celui d’un des vôtres (...) Citoyennes, citoyens, puisque vos dirigeants ne le sont pas, soyez, vous, à la hauteur ! Citoyennes, citoyens, réveillez-vous, parce que vous seuls pouvez éviter un cauchemar pour la France !", a déclaré le candidat, devant quelque 20.000 sympathisants selon le chiffe qu'il a lui-même annoncé à la tribune.
A la peine dans les sondages, où il est désormais relégué à la cinquième place, dix points derrière Jean-Luc Mélenchon, M. Hamon a revendiqué sa "méthode", consistant à parler à "l'intelligence" des électeurs selon sa définition, plutôt qu'à "agiter les passions, attiser les tensions, flatter les mauvais penchants".
Sans les nommer, il a lâché ses coups contre les quatre candidats en tête des sondages, rejetant aussi bien le Front national que la "faillite des élites" qui forge son succès.
Marine Le Pen, "représentante d'une "extrême droite dont les idées tuent, qui forme un couple infernal avec l’intégrisme religieux, avec le terrorisme islamiste"; François Fillon, "châtelain qu'aucune honte n'arrête" qui explique que "l'injustice est une fatalité"; Emmanuel Macron, du "giscardisme relooké par quelques bonnes agences de communication", un candidat estampillé du "tampon de la droite allemande, bon pour l'austérité"; Jean-Luc Mélenchon, qui veut "claqu(er) la porte de l’Union européenne et de l’euro" pour rejoindre "l’alliance bolivarienne".
"Voulons-nous, le 7 mai au soir, avoir un président fasciné par Poutine, tyran de son peuple et complice du bourreau Assad ? Voulons-nous, le 7 mai au soir, être la risée de toutes les grandes démocraties, avec un président qui sera investi sous un concert de casseroles ?", a-t-il demandé.
- +Pas de lavage de cerveau+ -
"Soyons bien clairs: je sais où est mon camp, ma famille, je ne vous appelle pas à un vote utile", a affirmé le candidat socialiste et ex-"frondeur", appelant les électeurs à le rejoindre par fidélité à leurs convictions plus qu'à un parti.
"Je sais que vous vous êtes souvent sentis trahis ces dernières années - et croyez moi...je sais de quoi je vous parle", a-t-il ironisé, dans une allusion au feuilleton des trahisons qui a empoisonné sa campagne, depuis sa victoire à la primaire du PS fin janvier.
Rejeté par une partie des siens, M. Hamon a revendiqué d'avoir "remis la gauche sur son axe historique: le chemin du progrès", et souligné dans une longue anaphore avoir "tenu bon" sur l'écologie, le revenu universel, le récépissé de contrôle d'identité, etc.
Assumant sa "différence", M. Hamon n'a pas hésité à se dépeindre en mal-aimé de la politique. "Il y a dans cette campagne présidentielle des candidats qui représentent les vestiges du vieux monde politicien, je représente le monde qui vient (...) Je crois, au fond, que je suis tout ce qu’ils détestent", a-t-il lancé.
Affirmant ne pas "prendre date", l'ancien ministre de l'Education s'est néanmoins projeté résolument vers le futur. "Je me battrai parce que nos solutions sont celles qu’appelle le monde nouveau, je me battrai dimanche et je me battrai après", a-t-il lancé en conclusion à la foule.
De nombreux socialistes et écologistes avaient pris place à la tribune au côté de M. Hamon, dont les ministres Najat Vallaud-Belkacem, Christophe Sirugue, Emmanuelle Cosse, Hélène Geoffroy.
Prenant la parole avant lui, la maire de Lille Martine Aubry avait appelé les électeurs pas se laisser influencer par les "injonctions au vote utile".
"Le message c'est pas de lavage de cerveau, oubliez les sondages (...) Au premier tour on vote pour ses idées !", a lancé l'ancienne première secrétaire du PS.