Hamon dans la Creuse à la rencontre du « pays réel »
Quatre jours après son investiture par le PS, Benoît Hamon s'est rendu jeudi dans la Creuse, au chevet du "pays réel qui rame, qui souffre" avec...

Hamon dans la Creuse à la rencontre du « pays réel »

Quatre jours après son investiture par le PS, Benoît Hamon s'est rendu jeudi dans la Creuse, au chevet du "pays réel qui rame, qui souffre" avec...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

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Quatre jours après son investiture par le PS, Benoît Hamon s'est rendu jeudi dans la Creuse, au chevet du "pays réel qui rame, qui souffre" avec, dans sa besace, non pas des solutions "miracles", mais des réponses qu'il veut concrètes et crédibles.

Le vainqueur de la primaire du PS et de ses alliés, parfois caricaturé en candidat des "bobos", et qui avait déjà réservé son premier déplacement de campagne présidentielle aux ouvriers de Moselle, a commencé son périple par une rencontre à La Souterraine avec des salariés de GM&S, un sous-traitant de l'automobile placé en redressement judiciaire.

Interpellé "virilement", comme il l'a dit lui-même, par ces salariés, M. Hamon s'est gardé de leur promettre l'impossible. "Je ne suis pas venu avec de la poudre de perlimpinpin", a souligné auprès de la presse celui qui avait été accusé d'être un marchand de rêves pendant la primaire PS.

M. Hamon a souhaité que les donneurs d'ordre de l'entreprise, PSA et Renault, prennent des engagements "durables" pour pérenniser son activité. "Il faut se tourner vers ceux qui ont pris l'agent public, ceux qui ont été sauvés par l'argent public", a-t-il affirmé, alors que le Premier ministre Bernard Cazeneuve doit lui aussi rencontrer les salariés de cette entreprise vendredi.

Le candidat à la présidentielle Benoît Hamon lors de son discours à Guéret dans la Creuse, le 9 février 2017
Le candidat à la présidentielle Benoît Hamon lors de son discours à Guéret dans la Creuse, le 9 février 2017
AFP

M. Hamon s'est engagé, s'il est élu président de la République, à infléchir la stratégie de l’État actionnaire afin de privilégier "l'activité sur le territoire français, la relocalisation chaque fois que c'est possible", plutôt que la perception de dividendes.

"C'est un beau slogan, le +Made in France+", a souri M. Hamon, dans une allusion au mot d'ordre d'un de ses adversaires de la primaire, Arnaud Montebourg.

Le député "frondeur" s'est aussi engagé à promouvoir une autre "loi travail", fustigeant la réduction de la rémunération des heures supplémentaires que permet la loi El Khomri. "Un sujet qui serait intéressant" à explorer dans cette nouvelle loi serait celle du "pouvoir des salariés dans les entreprises", autre thème de la campagne de M. Montebourg.

S'il n'a pas été question du revenu universel d'existence lors de cette visite, M. Hamon l'a en revanche à nouveau défendu devant les jeunes d'une mission locale, à Guéret.

- Marine Le Pen, un "monstre" -

Sautant d'une coopérative agricole au théâtre d'Aubusson, en passant par "l'éco-maternité" du centre hospitalier de Guéret, M. Hamon a évoqué les "sujets du quotidien" qui lui tiennent à coeur: alimentation de qualité, lutte contre les perturbateurs endocriniens, défense des services publics... Il a notamment proposé de revoir "le financement de l'hôpital" afin qu'il "repose pour partie sur la tarification à l'activité mais pour une autre partie sur un financement mixte qui s'intéresse davantage au temps que les patients passent dans les hôpitaux".

Le candidat à la présidentielle Benoît Hamon à La Souterraine, en France, le 9 février 2017
Le candidat à la présidentielle Benoît Hamon à La Souterraine, en France, le 9 février 2017
AFP

Dans la soirée, le candidat a tenu une réunion publique à Guéret, devant au moins 600 personnes.

S'il s'est à nouveau défendu d'être "l'homme providentiel" -se moquant au passage des allures christiques d'Emmanuel Macron, et d'un François Fillon "pas très chrétien" sur les migrants- il s'est appliqué à prendre de la hauteur et peut-être à endosser plus franchement le costume présidentiel, en mettant en garde contre les "monstres" qu'engendre la disparition du "vieux monde", dans une allusion à une célèbre formule d'Antonio Gramsci.

Benoît Hamon en campagne à Guéret, en FRance, le 9 février 2017
Benoît Hamon en campagne à Guéret, en FRance, le 9 février 2017
AFP

"Il faut toujours prendre conscience des moments dans lesquels nous vivons. Il y aujourd'hui une éclosion des nationalismes partout", a-t-il souligné, en pointant "l'instabilité" engendrée par Donald Trump comme par Vladimir Poutine.

"Voilà la situation dans laquelle nous sommes, et dans ce clair-obscur peut naître un monstre, vous en avez le nom, c'est une femme, elle est portée aujourd'hui par un puissant mouvement populaire qu'il ne faut surtout pas sous-estimer", a-t-il dit dans une allusion évidente à Marine Le Pen.

Face au risque de l'extrême-droite, M. Hamon a réaffirmé la nécessité de ne pas se contenter d'un "petit projet", et de "tout mettre en oeuvre pour tenter de rassembler la gauche". Il a promis pour ce faire "des initiatives nouvelles, cette semaine et la semaine prochaine".

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