Hamon, Jadot : encore un effort avant l’accord

Hamon, Jadot : encore un effort avant l’accord

Le mariage entre Benoît Hamon et Yannick Jadot semble possible, même si le détail de l’accord est toujours en négociation. La très courte discussion entre le socialiste et Jean-Luc Mélenchon a en revanche débouché sur un échec.
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C’est pour bientôt. Les discussions entre Benoît Hamon et Yannick Jadot en vue d’une candidature commune sont en bonne voie. Si l’idée d’un déplacement commun était envisagée aujourd’hui, avant d’être écarté, les deux candidats ont déjeuné ensemble lundi midi, à Bastille.

« Très bon espoir qu’il y ait un accord » au PS

« J'ai confiance dans le fait que nous travaillons bien, avec beaucoup d'intensité et ce sera complètement transparent, sur le fond et sur la forme », a déclaré à BFMTV à la sortie Benoît Hamon.

Globalement, les points de convergences entre le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le socialiste, qui avait tendu la main à ses partenaires de gauche dès le soir de son élection à la primaire, sont nombreux. C’est pourquoi l’eurodéputé PS Guillaume Balas, coordinateur du projet de Benoît Hamon et chargé de discuter avec les équipes de Yannick Jadot, a « très bon espoir qu’il y ait un accord et que ça aboutisse vite dans les jours qui viennent » affirme-t-il à publicsenat.fr. « Après, on n’a jamais de certitude » ajoute-t-il, prudent. Pour l’heure, « on travaille », mais il y a « beaucoup » de convergences.

Les écologistes mettent sur la table quatre piliers : européen, écologiste, social et démocratique. EELV veut notamment faire « évoluer l’Europe vers plus de démocratie et moins d’austérité », une VIe République avec renforcement du Parlement et proportionnelle intégrale, une transition écologique avec un rythme de sortie à terme du nucléaire, la fin « des grands projets inutile » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ou encore le partage du travail ou la sortie de la logique du toujours plus de croissance.

« Il y a encore un certain nombre d’obstacles. C’est du 50/50 » (David Cormand, numéro 1 d’EELV)

Ça tombe bien, Benoît Hamon propose peu ou prou les mêmes orientations. Reste que « le diable se niche dans les détails. Et je suis très attentif aux détails », comme l’explique à publicsenat.fr le secrétaire national d’EELV, David Cormand. Au point que lundi après-midi, le numéro 1 d’EELV se disait « ouvert mais dubitatif. Il y a encore un certain nombre d’obstacles. C’est du 50/50 ».

Il y a accord sur l’idée du principe de la sortie du nucléaire et d’un objectif de 100% d’énergies renouvelables en 2050. Aux yeux de David Cormand, « ça veut dire sortie du nucléaire à l’horizon 2035 ». Reste à se mettre d’accord sur « les points d’étapes » et les centrales à fermer d’ici là. Là, ça discute. Sur le plan institutionnel, au-delà du désaccord entre la proportionnelle intégrale et une dose, que défend Hamon, « la discussion porte sur la mise en œuvre d’une assemblée consultative constituante, sa composition, sa durée puis le vote des Français. Nous souhaitons que ce travail soit mis en place dans les six premiers mois  de la mandature avec une mise en œuvre de la nouvelle Constitution dès début 2018 ». Sur Notre-Dame-des-Landes, les écolos veulent l’abrogation de la déclaration d’utilité publique et non une simple suspension, comme évoqué par Benoît Hamon pendant la primaire.

En cas d’accord, qui doit être trouvé d’ici mercredi soir, il faudra encore le soumettre aux organes internes d’EELV jeudi puis au vote des sympathisants en fin de semaine, avant que Yannick Jadot retire réellement sa candidature. A défaut d’un énorme apport sur le plan arithmétique – Yannick Jadot est crédité de 2% d’intention de vote – Benoît Hamon bénéficierait de la dynamique créée par un accord avec le candidat écologiste. L’étape suivante serait de trouver un accord pour les législatives, comme lors du précédent accord il y a 5 ans. « En cas de victoire, ça veut dire un groupe parlementaire à l’Assemblée  et une soixantaine de circonscriptions avec une candidature commune portée par des écologistes » précise le numéro 1 d’EELV.

« Prétexte de la phrase du corbillard »

Si Hamon et Jadot pourraient bientôt convoler après avoir réglé les détails du contrat de mariage, les discussions ont en revanche vite tourné court avec Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes se sont pourtant parlé au téléphone vendredi. Mais le candidat de la France insoumise a aussitôt expliqué qu’il n’avait « pas l’intention d’aller (s)’accrocher à un corbillard » qu’est à ses yeux le PS… Depuis Lisbonne, Benoît Hamon a répliqué qu’il ne comptait pas « courir » derrière Mélenchon et qu’il était « le mieux placé pour rassembler la gauche ».

« Très franchement, je m’interroge encore sur ce qui s’est passé » fait mine de s’interroger Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon. « Benoît Hamon a eu Jean-Luc Mélenchon au téléphone vendredi. Ils ont décidé de se rencontrer. Il y a eu une lettre de Jean-Luc Mélenchon qui met sur la table des garanties en vue de la discussion. C’était plus qu’une main ouverte. Puis vendredi soir, il y a manifestement eu de la part de Cambadélis d’abord, puis de l’équipe de Hamon un raidissement, prenant prétexte de la phrase du corbillard, qui a vraiment été sortie de son contexte. Je pense que c’est une reprise en main de l’appareil du PS » affirme à publicsenat.fr Eric Coquerel, qui avance une autre raison : « On a rencontré EELV de notre côté jeudi. Il y avait l’idée d’avancer ensemble pour avoir des garanties. Peut-être qu’ils ont eu l’inquiétude d’avoir un processus plus compliqué ».

Pour Eric Coquerel, « le plus simple serait que Benoît Hamon réponde à la lettre » du candidat de la France insoumise. Mais il reconnaît que « ça ne sent pas très très bon… »

« Nous espérons encore que Jean-Luc Mélenchon se rende compte de l’impasse dans laquelle il se trouve en restant isolé »

Sur la responsabilité de l’échec, les proches des deux candidats se renvoient la balle. « Nous pensons qu’aujourd’hui, il n’y a pas de volonté de Jean-Luc Mélenchon d’aller vraiment vers une solution de rassemblement, qui est possible. Nous en faisons la démonstration avec Yannick Jadot et d’autres. Nous espérons encore que Jean-Luc Mélenchon se rende compte de l’impasse dans laquelle il se trouve en restant isolé et en refusant de dialoguer en donnant une chance au rassemblement » explique à Public Sénat le député PS Alexis Bachelay, co-animateur de la permanence présidentielle de Benoît Hamon. Il appelle Mélenchon à « surmonter son ego et sa mauvaise humeur ». Regardez (images et sujet : Sandra Cerqueira) :

Alexis Bachelay : "Nous espérons encore que Jean-Luc Mélenchon se rende compte de l’impasse dans laquelle il se trouve en restant isolé"
01:09

Discussions aussi avec le candidat du MRC, Bastien Faudot

La volonté de rassemblement ne s’arrête pas à Jadot et Mélenchon. Car Benoît Hamon discute aussi avec Bastien Faudot, candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC), l’ancien parti de Jean-Pierre Chevènement. L’ancien ministre de la Défense l’a aujourd’hui quitté.

Sur le papier, l’accord semble encore loin. Le candidat du MRC « propose une défédéralisation des institutions européennes » ou que la France retrouve la main sur sa « souveraineté budgétaire et monétaire ». Sur ces points, ce sera « compliqué d’avoir des convergences ». Mais Bastien Faudot note que « sur les questions d’austérité, celle de la sortie du carcan du traité budgétaire européen, on est sur la même logique. Il y a des points de convergence ». Et sur l’idée d’« un Parlement de la zone euro, pourquoi pas ». Sur les questions institutionnelles, plutôt qu’un 49.3 citoyen que propose le socialiste, le candidat MRC « plaide pour un référendum annuel. Il faut rester tout au long du mandat en connexion avec la souveraineté populaire » dit-il. Reste un point difficile : le nucléaire. Bastien Faudot ne veut pas en sortir. Il préfère parler des moyens de lutter contre le réchauffement climatique.

Au-delà du programme, Bastien Faudot défend l’idée d’un « accord politique qui déborde de la présidentielle ». « La victoire de Benoît Hamon a mis un coup d’arrêt à la dérive libérale du PS. C’est heureux pour toute la gauche. Mais il faut être en capacité d’imaginer la gauche des 20 ans qui viennent. Ça passe par des actes et la reconnaissance de la diversité de la gauche et que la gauche républicaine et « souverainiste », que j’incarne, soit mieux reconnue » demande Bastien Faudot. Mais le candidat ne veut pas de « bricolage », ni d’un « revival de la gauche plurielle ». Le rassemblement de toute la gauche, c’est possible ? Pour 2022 peut-être.

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