Hamon, l’homme qui veut bousculer les codes de la présidentialité
Investi candidat dimanche par le PS, Benoît Hamon a adopté depuis son entrée en campagne un style décontracté mâtiné d’autodérision qu'il entend...
Par Lina TRABELSI
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Investi candidat dimanche par le PS, Benoît Hamon a adopté depuis son entrée en campagne un style décontracté mâtiné d’autodérision qu'il entend bien imposer comme sa vision - frondeuse - de la présidentialité.
"Je ne suis pas l’homme providentiel. Pas de chance, hein ? Non seulement je ne le suis pas mais je ne le demande surtout pas", a-t-il dit à La Mutualité, rejetant ce "costume".
En décembre, alors qu'il n'était encore que le troisième homme de la primaire à gauche, Benoît Hamon, 49 ans, s'était affiché parlant état d’urgence, vote blanc ou nucléaire entre deux frites trempées dans de la sauce harissa dans un kebab du XIXe arrondissement. "Le kebab c’est le régime présidentiel, même si niveau calories vous êtes mal", plaisantait ce "frondeur".
Illustration de "son côté pas froid aux yeux" et de son souci "de sortir de l’institutionnel, de casser les codes" : accepter d'aller dans des médias où autres ne vont pas, selon Alexis Bachelay, son porte-parole.
Benoît Hamon candidat officiel du PS à la présidentielle
AFP
Avec ses "euh" quand il cherche parfois ses mots devant les micros, son anorak de tempête, ses interviews où il parle rap ou football, Benoît Hamon cherche à apparaître comme le "boy next door (le voisin de palier normal) sincère et accessible", selon la formule du député européen Emmanuel Maurel.
Entre spontanéité et improvisation, il contraste avec son rival de la primaire, Manuel Valls, rompu aux exercices de communication jusqu'à en perdre sa spontanéité, et au style plus classique.
Parti avec l'intention de donner un coup de pied à "la vieille politique", Benoît Hamon brocarde le diktat vestimentaire des candidats à la présidentielle, quitte à se livrer à un spectacle d’autodérision.
- Ne l'appelez plus P'tit Ben -
"J’ai changé de costard... il paraît que je ne faisais pas assez président", "Mais c’est quoi faire président ?", s’interrogeait Benoît Hamon en meeting à Lille, avant le second tour de la primaire.
Pour son porte-parole, Guillaume Balas, il lui faut "rester lui-même, être sérieux sans tomber dans la caricature de l’homme politique statufié et arriver à faire passer ses convictions tout en étant un homme d’Etat, (sans) perdre ce côté sincère".
Benoît Hamon, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon à la convention du PS à la Mutualité à Paris le 5 février 2017
AFP
Il s’agira d'aller à contre-courant "du côté majestueux de la Ve République, de l’orgueil absolu que ça engendre", car les électeurs "ne supportent plus ce qui est de l’ordre du privilège", ajoute-t-il.
Est-ce une déclinaison du "président normal" que voulait incarner François Hollande ? "C’est beaucoup plus politique que le président normal", juge Alexis Bachelay, pour qui "il faut beaucoup plus associer citoyens et société civile dans l’exercice du pouvoir" car "les hommes politiques ne sont pas omniscients".
"Les gens qui vont voter en ont peut-être un petit peu marre du conventionnel, du classicisme (...) et plébiscitent celui qui oserait enfin dire certaines vérités, parler des sujets qui dérangent", défend-il.
D'ici à la présidentielle, celui que les barons du PS surnommaient avec mépris "P'tit Ben" entend faire la preuve que le costume n'est pas trop grand pour lui.
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