Hamon vise les indécis avec un projet ancré à gauche
Benoît Hamon a présenté son projet revu et corrigé, mais toujours ancré à gauche. Il entend attirer les électeurs de gauche hésitants, qu’ils soient tentés par Mélenchon ou Macron. Benoît Hamon renvoie dos à dos les projets de Fillon et de Macron, qui « expliquent la montée du FN ».

Hamon vise les indécis avec un projet ancré à gauche

Benoît Hamon a présenté son projet revu et corrigé, mais toujours ancré à gauche. Il entend attirer les électeurs de gauche hésitants, qu’ils soient tentés par Mélenchon ou Macron. Benoît Hamon renvoie dos à dos les projets de Fillon et de Macron, qui « expliquent la montée du FN ».
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La « semaine décisive » de Benoît Hamon, c’est maintenant. Le candidat PS à la présidentielle a présenté jeudi midi, à La maison de l’architecture, à Paris, le détail de son « projet pour faire battre le cœur de la France ». Un vrai catalogue de mesures, clairement ancrées à gauche, qui doit permettre au candidat de remonter la pente (voir notre article avec ses principales mesures). « Je suis désolé, mais c’est un projet présidentiel… » lance le socialiste au bout d’une heure, pour justifier sa longueur.  A la traine dans les sondages, Benoît Hamon mise aussi sur son grand meeting de campagne, dimanche à Bercy, et surtout sur le premier débat télé lundi pour réellement décoller.

« Je dis aux Français votez pour et non pas contre »

A plus d’un mois du premier tour, Benoît Hamon veut déjouer l’idée d’un vote utile qui serait le vote Macron. « Je dis aux Français votez pour et non pas contre les autres » lance le candidat. Manière de dire que les jeux ne sont pas faits. « C’est le moment de prendre une décision » entre « trois projets » : celui du passé de Marine Le Pen ; « ceux de François Fillon et d’Emmanuel Macron », qu’il met sur le même plan, projets « d’un monde qui s’éteint » et qui visent « la dérégulation » ; et bien sûr son projet d’un « futur désirable ».

Un projet que le candidat se « réjouit d’avoir enrichi ». « Il a fait des gestes aujourd’hui », souligne sa porte-parole, la sénatrice hollandaise Frédérique Espagnac, « il a revu sa copie ». Mais « c’est tout sauf » « une synthèse » prévient Benoît Hamon. N’est pas Hollande qui veut. S’il est en retrait jusqu’ici, le Président reste d’ailleurs en contact avec le candidat.

« Un programme clairement de gauche »

Pour le proche et trésorier de campagne, le député Régis Juanico, « c’est un programme clairement de gauche, à la fois de gauche de gouvernement et de gauche des idées nouvelles », un « projet complété par une série de mesures à la fois sur le plan social, le pouvoir d’achat, l’emploi » et « des aspects régaliens, des propositions nouvelles pour la justice, la sécurité et la défense ». Regardez :

Régis Juanico : Hamon c'est « un programme clairement de gauche »
01:27

Au titre des nouveautés ou des ajustements, on trouve la défense du « made in France » – merci Montebourg –, la possibilité de nationalisations temporaires, celle pour les couples de se transférer des trimestres pour compléter une retraite ou encore les allocations familiales dès le premier enfant. Comme il l’avait dit, le revenu universel est d’abord centré sur les revenus inférieurs à 2.200 euros nets par mois. Il touchera au total 19 millions de personnes et se traduira par une augmentation de 200 euros pour un salarié au Smic. Manière de recentrer la mesure sur le travail et faire taire les critiques. Pour  financer le revenu universel, il propose une taxe sur les surperprofits des banques. La loi de séparation des activités bancaires, voulue par François Hollande, sera « révisée » pour être effective. C’était l’un des multiples sujets de crispation pour les frondeurs. La sortie du nucléaire en 2050 est toujours là, tout comme le droit de vote des étrangers aux élections locales, soumis à référendum.

REPLAY. Benoit Hamon: "Je créerai le revenu universel d'existence"
02:01

Le 49.3 citoyen est maintenu mais encadré, avec une nécessaire représentation nationale des signataires. Sur la règle des 3% de déficit public, qu’il qualifiait de « non-sens », Benoît Hamon a mis aussi de l’eau dans son vin. Il parle aujourd’hui de « double objectif ». Il entend « s’affranchir d’une règle qui ne peut pas nous sortir de la crise », tout en visant un retour aux 3% en fin de quinquennat. Reste que le cadrage budgétaire du projet sur le quinquennat de ce projet manque encore. Il sera présenté vendredi au QG par les responsables de la campagne.

Benoît Hamon sur la démocratie : 49.3 citoyen, vote blanc et droit de vote des étrangers
02:08

L’équipe du candidat sait qu’elle joue gros. « C’est un moment charnière de cette campagne. A un peu plus d’un mois du premier tour, on sait que beaucoup d’électeurs sont encore indécis et ceux qu’on rencontre sur le terrain s’interrogent beaucoup sur leur choix définitif et les candidatures à gauche » souligne Regis Juanico.

Capter les électeurs qui hésitent, sa seule chance pour se qualifier pour le second tour

L’objectif de Benoît Hamon est de capter ces électeurs qui hésitent, ceux qui font l’élection. C’est sa seule chance pour espérer encore se qualifier pour le second tour. « On constate un effondrement de la certitude du vote Mélenchon. La question, c’est comment on parle à cet électorat là » explique un membre de l’équipe de campagne. Le revenu universel revisité en coup de pouce salarial comme le made in France peuvent y aider. « Quant à Macron, il n’a pas bougé après la présentation de son projet. Alors qu’il aurait pu avoir une consolidation, il y a encore une faiblesse de son électorat » assure (et se rassure ?) le même responsable, qui y croit toujours : « Tout est possible. Le choix de l’électorat de gauche n’est pas encore cristallisé. Rien n’est fait ».

Le député européen Guillaume Balas, coordinateur du projet, souligne « qu’il fallait s’adresser à l’ensemble de la gauche. On a pensé aux électeurs et aux différentes cultures qui existent plutôt qu’à tel ou tel notable ». Pour embrasser l’ensemble de la gauche, il faut parler « aux bas salaires » comme « aux électeurs attachés à la faisabilité ». A ces derniers, qui pourraient s’inquiéter des nombreuses mesures nouvelles et plus ou moins coûteuses, « il ne faut pas être sur la photo, mais l’ensemble, sur le film. On démontre que c’est une stratégie ». Pour convaincre les indécis, les socialistes misent beaucoup sur le débat télé où « tout se joue », va jusqu’à dire un membre de l’équipe.

« Les projets d’Emmanuel Macron et de François Fillon (…) sont les politiques qui ont expliqué la montée du FN »

Si Benoît Hamon veut convaincre une majorité de Français, il peine encore à le faire au PS. Les soutiens de Manuel Valls sont nombreux à être tentés par l’aventure Macron et l’ex-premier ministre ne ferme pas la porte à une future majorité sous forme de coalition, autour de son ancien ministre de l’Economie (voir notre article). Et ce ne sont pas les nouvelles attaques contre Emmanuel Macron qui arrangeront les choses.

Alors que Benoît Hamon avait accusé la semaine dernière le projet de Macron d’être un « marche-pied » pour le FN, provocant l’ire des vallsistes, il réitère ses attaques. « Les projets d’Emmanuel Macron et de François Fillon (…) ce sont ces politiques qui ont expliqué la montée du FN » a lâché Benoît Hamon… Regardez :

Hamon : « Les projets d’Emmanuel Macron et de François Fillon (…) sont les politiques qui ont expliqué la montée du FN »
01:07

Reste que s’il remporte la présidentielle, le candidat PS devra bien trouver une majorité. Ça ne s’annonce pas simple. Mais dans Le Parisien, ce matin, il semble prêt à s’adapter. Il explique vouloir « entièrement respecter » le Parlement « dans son rôle de législateur ». Les législatives « détermineront les contours d’une majorité mais aussi des orientations qui viendront compléter la présidentielle »… Au point d’écouter les avis des futurs frondeurs issus de la droite du PS ? Le sénateur David Assouline, en charge de la riposte, explique qu’il faudra « s’enrichir de l’ensemble des composantes de la majorité qui voudraient gouverner avec Benoît Hamon ». « Durant le quinquennat Hollande, les frondeurs existaient car ils n’étaient jamais écoutés » rappelle Guillaume Balas, « mais la fronde s’est faite car il n’y avait pas eu de contrat de départ ». La constitution d’une majorité stable risque d’être difficile, avec des législatives qui s’annoncent incertaines. Mais avant, reste un léger détail : gagner la présidentielle…

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