Dimanche, dans une interview au journal le Parisien, Pierre Gattaz étrille le programme économique de Benoît Hamon. « Voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée » (…) « M. Hamon est dans un scénario destructeur pour l'économie française. Il part sur deux hypothèses farfelues. Un : il n'y a plus de travail en France. Deux : le travail, c'est la souffrance. Et il n'aime pas l'entreprise ». Le lendemain, sur Europe 1, le président du MEDEF enfonce le clou.
Pour Pierre Gattaz: "Benoît Hamon est totalement à l'ouest"
« il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef » : la riposte de Benoît Hamon
La réponse de l’intéressé en deux temps. Des « excuses » exigées par Benoît Hamon en conférence de presse avant de répliquer: « il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef. C’est une insulte de m’associer à Marine Le Pen. Je n’accepte pas, en tant que candidat de la gauche choisi par deux millions d’électeurs, d’être associé par le Medef à Marine Le Pen ». Dans une lettre publiée par Les Echos, le candidat socialiste estime que le patron du Medef s’est « ridiculisé ». « Tout le monde n'a pas la chance d'hériter d'une entreprise » attaque-t-il en référence au père de Pierre Gattaz, Yvon Gattaz dirigeant de l’entreprise Radiall et président du CNPF, l’ancêtre du Medef.
Le Medef, « une force économique » mais pas « politique » pour François Hollande
« Le Medef s’invite dans la campagne », un titre de presse que l’on retrouve régulièrement lorsque l’échéance présidentielle approche. En avril 2012, en affirmant que Nicolas Sarkozy avait accompli « un boulot extraordinaire en intensité, en quantité et sur un certain nombre de choses extrêmement bénéfiques pour les entreprises », Laurence Parisot, alors à la tête du Medef, avait également vexé le candidat socialiste, François Hollande. Certes, dans des proportions bien moindres. « Le patronat doit être entendu, c'est une force économique, ça ne doit pas être une force politique » avait sobrement réagi François Hollande.
Quand Royal demandait à Parisot de sortir du « dogme » des 35H
En mars 2007, Laurence Parisot et la candidate socialiste, Ségolène Royal s’étaient opposées sur la question des 35 Heures sur le plateau de France Europe Express. « Il faut que vous fassiez un effort pour sortir des dogmes » avait exhorté Ségolène Royal à son interlocutrice en lui reprochant de « mettre toujours en avant la question des 35 Heures ». Concernant les négociations entre partenaires sociaux sur le temps de travail, Laurence Parisot avait répliqué : « je n’ai pas besoin d’aide (de l’Etat) j’ai besoin d’air ». Parfois tendu mais toujours courtois, là encore l’échange entre la candidate PS et patronne du Medef est aux antipodes de la violence du clash Gattaz/Hamon.
Royal contre Parisot - F.E.E. du 17 Mars
Jospin/Seillière : « les vieux copains »
En 2002, la relation est plus contrastée entre le candidat PS et le président du Medef. Lionel Jospin et Ernest-Antoine Seillière sont des « vieux copains ». Ils ont fait Sciences-Po et l’ENA ensemble dans la promotion Stendhal. A la fin des années 60, Ils se retrouvent même au Quai d’Orsay dans le service « coopération économique ». En 1997, le patron du Medef déclarait sur RTL : « nous sommes un peu comme deux frères qui se seraient revus au bout de vingt ans. L'un a pris la carrière des armes, et l'autre, disons, une carrière sacerdotale.» En janvier 2002, dans un livre d’entretiens, Ernest-Antoine Seillière qualifiait Lionel Jospin de « combatif, obstiné, loyal, travailleur, puissant ». « C’est un fantastique homme politique (...). Mais je ne lui connais pas une grande imagination. Il n'est pas un homme de vision ». Les 35 heures, mises en place à partir de 2000, ne sont sans doute pas pour rien dans ce dernier jugement.
Mitterrand-Pierre Gattaz : la flexibilité « en guise de nouvel an »
Entre François Mitterrand et le CNPF (ancêtre du Medef) les relations n’ont pas toujours été conflictuelles. Yvon Gattaz le père de Pierre Gattaz ont entretenu sur la fin des relations plutôt cordiales. Certes, après son élection en 1981, le patronat français s’oppose au gouvernement sur la question du passage aux 39 Heures, aux nationalisations ou encore sur la baisse des charges patronales. Mais un projet de loi de 1986 sur l’aménagement du temps de travail, qui laisse le soin aux partenaires sociaux de mettre en place cette évolution, va ramener l’apaisement entre les deux hommes, comme le montre cet échange lors des vœux du Président Mitterrand.
Dernière réplique de Pierre Gattaz
Ce mercredi, l’échange épistolaire continue entre Benoît Hamon et Pierre Gattaz. Le Patron du Medef a répondu par une lettre à la dernière missive de Benoît Hamon. « Expliquer que votre programme économique est absurde, anti-économique et conduirait le pays à la ruine, tout comme celui de Mme Le Pen et de M. Mélenchon, n'est en rien une insulte. C'est un constat ». La dégringolade de Benoît Hamon dans les sondages explique peut-être la franchise de ces échanges…