Lundi, près d’une centaine d’associations avait invité quatre des onze candidats à l’élection présidentielle à présenter leurs engagements en matière de handicap. Aucun d’eux n’était présent, tous ayant décidé d’envoyer un représentant. Un choix symptomatique de la place quasi inexistante qu’occupe le handicap dans la campagne. Pourtant, presque tous les programmes présidentiels comportent des propositions à ce sujet.
Par Alice Bardo
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Emmanuel Macron
Emmanuel Macron sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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Le leader d’ « En Marche ! » veut faire de la lutte contre la discrimination des personnes handicapées une « priorité nationale » et prévoit à cet effet un système de contrôle aléatoire. Il s’engage aussi à revaloriser l’allocation adultes handicapés (AHH) pour la porter « au-delà de 900 euros par mois ».
Le candidat souhaite que les personnes aidantes puissent bénéficier d’un « don de RTT » de la part de leurs collègues et que leur situation soit prise en compte pour le calcul de l’âge de départ à la retraite. Par ailleurs, il veut « identifier un référent accessible pour chaque personne » et « garantir un emploi stable et un salaire décent » aux auxiliaires de vie scolaire accompagnant les enfants handicapés.
A l’école, il préconise une « sensibilisation systématique au handicap » et il encourage « la tenue d’actions collectives autour du handicap » dans les entreprises et administrations.
L’accessibilité aux transports et espaces publics compte aussi parmi ses priorités. Concernant la vie professionnelle des personnes handicapées, Emmanuel Macron souhaite que l’Etat renfloue leur compte personnel d’activité et veut créer un label pour les formations qui leur sont destinées.
Enfin, il est attaché à faciliter leur accès au logement, en associant à cette démarche les bailleurs sociaux. Ceux-ci devront identifier les logements adaptés dans leur parc et faire des travaux ou proposer des solutions de relogement le cas échéant.
François Fillon
François Fillon sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
POOL/AFP
Le candidat des Républicains veut mettre en œuvre la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qu’il estime être une « loi fondatrice ». Il s’est particulièrement penché sur la situation des aidants, pour qui il prévoit un véritable statut, ainsi qu’un droit à la formation sur le handicap. Il charge la Haute Autorité de santé (HAS) d’établir un « référentiel de bonnes pratiques d’application obligatoire ». Pour finir, il veut mettre en place des « solutions de répit pour prévenir l’épuisement ».
Certaines de ses propositions ont trait à la formation et à l’insertion professionnelle des personnes handicapées. François Fillon veut ainsi améliorer leur accueil de la crèche aux établissements d’enseignement supérieur, en formant les professionnels concernés. Il envisage également une formation adaptée à la situation de handicap.
Comme son adversaire d’ « En Marche », il veut améliorer l’accessibilité des espaces publics, ainsi que celle des transports en commun et des établissements de santé.
En outre, l’ancien Premier ministre veut créer un outil internet communiquant en temps réel les places disponibles dans les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).
Enfin, il souhaite mettre en œuvre un « plan autisme ».
Marine Le Pen
Marine Le Pen sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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Le programme de Marine Le Pen est assez peu précis en matière de handicap. La candidate du Front national veut revaloriser l’allocation aux adultes handicapés, sans préciser de combien. De même pour les moyens supplémentaires qu’elle compte allouer aux Maisons départementales de personnes handicapées. Plus largement, elle veut augmenter l’aide publique aux personnes handicapées et à leur famille.
La lutte contre les discriminations liées aux handicaps figure au nombre de ses propositions. Elle veut également « faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap », sans aucune indication quant à la méthode pour y arriver.
Un chiffre est cependant présent dans l’une de ses propositions, la candidate tenant à « étendre le droit à l’oubli aux majeurs en rémission d’affection de longue durée, avec un délai maximal de 5 ans ». Enfin, à l’image de François Fillon, elle veut « une prise en charge digne de l’autisme ».
Benoît Hamon
Benoît Hamon, candidat socialiste à l'élection présidentielle, sur le plateau de BFM TV et CNews le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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« Je ferai de l’accessibilité un des principes de la 6e République », s’engage le candidat du Parti socialiste. L’accessibilité de l’enseignement supérieur est quant à elle « un des chantiers prioritaires de (son quinquennat) ».
L’ancien ministre de l’Education est attaché au bien-être des enfants handicapés à l’école, puisqu’il souhaite « diminuer les effectifs des classes en fonction de (leur nombre) ». En entreprise, il souhaite « aménager des postes de travail et favoriser le télétravail ».
Lui aussi veut améliorer la prise en charge au sein des Maisons départementales des personnes handicapées, avec pour mots d’ordre : « simplification, personnalisation, réduction des délais, participation des usagers ». Benoît Hamon prévoit également de financer des places d’accueil en établissements.
Enfin, il prévoit d’augmenter l’allocation aux adultes handicapés de 10%, soit environ 80 euros (elle est actuellement de 808,46 euros par mois).
Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Melenchon sur le plateau de BFM TV et CNews le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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« J’étais malentendant de naissance. On ne l’a su que bien après. (…) Sur le moment, on disait de moi tout le temps : ‘Il est dans la lune’ » a confié le candidat de La France insoumise. Pour lui, le handicap est une affaire publique et il s’est fixé un objectif : le « zéro obstacle », qui implique une « tolérance zéro contre les entraves ». En outre, la lutte contre la discrimination fait partie intégrante de ses mesures.
Jean-Luc Mélenchon veut revaloriser l’allocation aux adultes handicapés au niveau du SMIC pour ceux qui sont en incapacité totale de travailler. Enfin, il s’engage à « titulariser les personnes accompagnant des élèves en situation de handicap et recruter pour renforcer les capacités d’accueil et d’accompagnement ».
François Asselineau
François Asselineau sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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Comme c’est le cas pour Marine Le Pen, les propositions du candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) sont assez vagues. Il souhaite notamment « revaloriser les aides » aux personnes handicapées, « accompagner, former et soutenir financièrement les aidants », « revaloriser le salaire des professionnels » et « pérenniser les allocations ». Il tient également à ce que les entreprises, les communes et les citoyens s’engagent plus en faveur des personnes en situation de handicap.
Philippe Poutou
Philippe Poutou sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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Seules quatre mesures en faveur des personnes handicapées figurent au programme du candidat du NPA : respecter un quota d’obligation d’emploi à hauteur de 6%, interdire les salaires inférieurs à 1700 euros net, rendre gratuit les frais de santé et d’appareillage et créer un droit effectif à l’éducation et à la scolarisation.
Jean Lassalle
Jean Lassalle sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
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Jean Lassalle souhaite « définir une politique d’ensemble sur les handicaps, intégrant les handicaps non visibles ». Il prévoit de former les enseignants en charge d’élèves handicapés, d’allouer la prestation de compensation du handicap sans limite d’âge, d’assurer un montant minimum d’Allocation pour adulte handicapé « quel que soit le revenu du conjoint », mais aussi de construire des hébergements de vacances destinés aux personnes handicapés comme aux aidants, d’ « autoriser des travaux d’adaptation au handicap dérogeant aux normes » et de rendre accessible des équipements urbains.
Jacques Cheminade
En 2012, le candidat proposait d’augmenter l’Allocation aux adultes handicapés au niveau du SMIC, de donner plus de moyens aux Maisons départementales des personnes handicapées, de créer des places en foyer pour les personnes atteintes d’autisme et de favoriser la présence d’un enfant handicapé dans les classes pour sensibiliser les autres élèves.
Nicolas Dupont-Aignan
AFP
Le candidat de Debout la France veut revaloriser l’Allocation aux adultes handicapés de 200 euros, accorder une part fiscale complète aux familles ayant un enfant handicapé et promouvoir le télétravail pour les personnes en situation de handicap.
Nathalie Arthaud n’a formulé aucune proposition à ce sujet.
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