De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Fillon, les charges anti-médias, facilitées par les réseaux sociaux, se...
Haro sur les médias ou quand la campagne présidentielle se « trumpise »
De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Fillon, les charges anti-médias, facilitées par les réseaux sociaux, se...
Par Charlotte HILL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Fillon, les charges anti-médias, facilitées par les réseaux sociaux, se multiplient dans la campagne présidentielle, stratégie qui fait écho à celle du président américain Donald Trump.
La candidate du Front national, qui proteste régulièrement contre un traitement médiatique jugé "militant", a intensifié ses attaques contre le quatrième pouvoir ces dernières semaines, sur fond d'affaires.
En meeting à Nantes dimanche, elle a accusé les journalistes de faire campagne "de manière hystérique pour leur poulain", Emmanuel Macron, s'en prenant notamment à Pierre Bergé, un des propriétaires du Monde.
Le candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon en campagne à Pierrefitte en Beauvaisis, près de Paris, le 27bfévrier 2017
AFP
A l'autre bout du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon, qui avait parlé dès 2010 de "métier pourri", assume son aversion des médias.
Le candidat de La France insoumise, qui a lancé sa chaîne YouTube pour contourner les "médias traditionnels", a notamment accusé dernièrement France Inter de "déloyauté" ou l'AFP d'avoir fait "deux fausses dépêches" concernant ses positions sur la Syrie. En novembre 2016, il s'en était aussi pris nommément à une journaliste du Monde, évoquant "les pauvres rubricards (qui) restent accrochés à leur sujet comme les moules à leur rocher".
Pour l'historien des médias Patrick Eveno, "les attaques contre les journalistes ne sont pas nouvelles: on peut en retrouver dans les années 30 et de la part de De Gaulle, Pompidou, ou Mitterrand qui avait comparé les médias à des +chiens+ contre Pierre Bérégovoy", le jour de ses obsèques.
Mais "la situation est beaucoup plus violente", observe-t-il. "Les politiques sont de moins en moins bien considérés, les journalistes aussi, chacun se renvoie la balle face à l'opinion."
- Un "climat nauséabond" -
Début février, le candidat de la droite François Fillon a accusé les médias d'en avoir "trop fait" pour le "lyncher" sur des présumés emplois fictifs de sa femme. Et ciblé Mediapart: "Moi, je n'ai jamais eu de redressement fiscal." Reporters sans frontières s'était alors inquiété d'un "climat nauséabond".
Le candidat de droite à l'élection présidentielle François Fillon à Meaux, près de Paris, le 27 février 2017
POOL/AFP
Pour Dominique Wolton, spécialiste en communication politique au CNRS, l'étape, "bien symbolisée par Trump", ce sont des politiques qui "essayent de faire une alliance avec l'opinion publique contre les médias" dans une forme de "revanche".
Aux Etats-Unis, Donald Trump a fait des attaques anti-médias sa marque de fabrique, classant certains comme "ennemis du peuple". Son administration a même privé plusieurs titres phares (New York Times, CNN, ou Politico) du briefing de la Maison Blanche.
En France, Mediapart et "Quotidien" (TMC) se sont notamment vu refuser des accréditations pour des meetings FN.
Récemment, le vice-président du parti Florian Philippot a aussi repris une formule du président américain pour qualifier l'AFP de "fake news" concernant une infographie sur les programmes des candidats.
La directrice de l'information de l'AFP Michèle Léridon relève que "depuis l’élection de Trump, la critique, voire le harcèlement des médias, est devenue une stratégie pour certains politiques".
"Ils utilisent le terme +fake news+ pour des informations exactes, mais qui n’ont pas l’heur de leur plaire. Nous ne répondons pas au coup par coup pour ne pas participer à cette partie de ping-pong virtuelle et malsaine. Notre meilleure réponse, c’est d’être le plus rigoureux possible", dit-elle.
Pour le patron de Mediapart, Edwy Plenel, "cette surenchère, cette haine, cette violence (...) sont le témoignage d'une immense crise démocratique". Mais, sans information "rigoureuse", "documentée" ou "loyale", "je peux voter en étant aveugle, donc voter pour mon pire malheur".
Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, souligne que "pour donner l'impression d'être anti-système, le plus simple est de taper sur les médias" et que la nouveauté de l'interpellation directe par des politiques "dans des blogs ou sur Twitter" crée autour des journalistes "un climat de tension".
Directeur de BFMTV, Hervé Beroud note aussi que les attaques "commencent plus tôt et plus fort qu'avant", même si, "déjà pour la campagne de 2012, lorsque le camp Sarkozy sentait venir la défaite, les relations (...) dans les meetings étaient très compliquées".
Selon un récent sondage Odoxa, si les Français doutent de l'impartialité des journalistes, 74% pensent que les critiques des politiques sont le plus souvent "un moyen d’éviter des questions qui les gênent".
Invité sur Public Sénat pour réagir aux propos de Bruno Retailleau, qui estime que le ministre Sébastien Lecornu doit assumer l’usage du 49.3 pour débloquer le budget, Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, a tenu un discours sans ambiguïté, il ne voit aucun problème à recourir à cet outil constitutionnel.
Une étude réalisée par le Cevipof et l’ObSoCo (Observatoire Société et Consommation) établit un classement des préoccupations des Français. Pour ce premier baromètre trimestriel public conçu pour mesurer la hiérarchie des priorités des Français, l’instabilité politique actuelle arrive largement en tête des préoccupations.
À quatre mois des municipales, socialistes et écologistes s’enlisent dans des négociations aussi intenses que fragiles. Alors que Rachida Dati domine les sondages et impose un sentiment d’urgence, PS, PCF et EELV tentent d’arracher un accord de premier tour sans perdre la face. La gauche parisienne avance à pas comptés vers une union qui semble à la fois indispensable et désormais à portée de main.
Invité de la matinale de Public Sénat, le député de Paris, Emmanuel Grégoire défend les négociations menées par le Parti socialiste avec le gouvernement sur le budget de la Sécurité sociale. Ce dernier croit à un la possibilité de nouer un compromis et de faire adopter le budget de la Sécu par l’Assemblée nationale.