Dans le 20 heures de TF1 et France 2, Michel Barnier dont le gouvernement est en sursis, dans l’attente du vote d’une motion de censure demain à l’Assemblée nationale, en a appelé à la « responsabilité » des députés. Il a considéré que les élus RN devront « rendre des comptes » a leurs électeurs s’ils votaient une motion rédigée « par l’extrême gauche ».
Hausse de la CSG : le gouvernement bat (en partie) en retraite
Par Public Sénat
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C’est un geste d’un coût de 350 millions d’euros, à destination des retraités. Le premier ministre a annoncé jeudi matin sur France Inter que 300.000 retraités « n’auront pas à payer l’augmentation de la CSG dans les années qui viennent ». Face à la grogne des retraités contre cette hausse de 1,7 point de la CSG, permettant de compenser la suppression des cotisations chômage et maladie des salariés du privé, l’exécutif avait déjà consenti en mars un geste fiscal pour 100.000 personnes.
Jusqu’ici, ce sont près de 60% des retraités, soit 7,5 millions d’individus, qui sont concernés par la mesure. Elle s'applique aux retraités dont le revenu fiscal de référence se situe au-dessus de 14.404 euros pour une personne seule, 22.051 euros pour un couple.
La hausse des pensions de retraités, limitée à 0,3%, soit bien en dessus de l’inflation, s’était ajoutée à la rentrée, renforçant le mécontentement dans cette catégorie de la population. Il était temps de marquer le coup. « Arrêtez d'emmerder les retraités », a tranché Emmanuel Macron, en réaction à la proposition de Christophe Castaner, numéro 1 de LREM, de lancer une réflexion sur les droits de succession. Le chef de l’Etat tente visiblement de passer des paroles aux actes.
« On est capable de rectifier si on a fait des erreurs »
Le sénateur LREM Julien Bargeton, membre de la commission des finances, n’y voit pas un geste politique, mais un simple ajustement. « Les mesures techniques se calent au mieux pour que les efforts ne soient consentis que par ceux qui peuvent réellement les faire » explique le sénateur de Paris. « On regarde qui est impacté, et on s’est dit que l’effort doit être recentré, qu’il était peut-être un peu large » ajoute Julien Bargeton.
Pour son collègue député LREM, Sacha Houlié, « c’est l’expression de la philosophie qu’on a portée pendant la campagne. Le Président disait on va faire la loi, mais on va aussi évaluer nos mesures et on sera capable de rectifier, si on a fait des erreurs. C’est une bonne chose ». Le député de la Vienne n’est pas mécontent de l’annonce. Dès février dernier, « j’avais été un de ceux qui en avait parlé en réunion de groupe. On avait fait remonter ces difficultés au premier ministre » raconte-t-il. Mais à l’époque, l’alerte n’est pas prise en compte. « On s’est peut-être trompé en allant demander des efforts à des gens qui ne pouvaient pas les faire » reconnaît Sacha Houlié, « donc on travaille sur le seuil sans toucher au principe de base ».
Alors que le gouvernement a eu tendance à aligner les réformes sans reculer, reste que la méthode change. « Ça veut dire que le message de Gérard Collomb a été écouté » glisse un parlementaire de la majorité. Le ministre de l’Intérieur avait estimé que l’exécutif avait « peut-être manqué d’humilité » jusqu’ici. Il manque surtout de point dans les sondages aujourd’hui. Car si la mesure est présentée comme un ajustement technique, elle arrive après une chute d’Emmanuel Macron dans les enquêtes d’opinion. « Le contexte s’y prête. Tout ça est politique, évidemment », reconnaît un parlementaire LREM, qui ajoute :
« Les personnes âgées sont les personnes qui se mobilisent le plus lors les élections. Nécessairement, il faut aussi être sensible à cet électorat ».
L’arrivée des élections européennes de juin 2019 est bien sûr déjà dans les têtes des stratèges d’En marche.
« Il y a plusieurs millions de retraités qui vont continuer à payer la CSG »
Pour l’opposition, cette décision, qui arrive juste avant la présentation du budget en Conseil des ministres, ne change rien aux critiques. A droite, où on a fait son miel depuis des mois de la hausse de la CSG, le compte n’y est pas. « Tant mieux pour les 300.000, mais j’aurais préféré que ce soit pour les millions de retraités » réagit le sénateur LR Roger Karoutchi. « Soit la mesure est bonne et il n’y a pas d’exonération. Soit la mesure est absurde, confiscatoire, franchement décalée par rapport à la réalité des retraités et il ne fallait pas la prendre. (…) Il y en a plusieurs millions qui vont continuer à payer la CSG. Est-ce que c’est juste ? » demande le sénateur des Hauts-de-Seine. Regardez (images de Béatrice Fainzang et Michaël Alessandri) :
Du côté du PS, le sénateur Rachid Temal souligne la faiblesse du geste, si on compte la hausse des pensions inférieure à l’inflation, ce qui revient à une baisse. « Concrètement, ce gouvernement retire l’an prochain au total 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux retraités. C’est scandaleux. Là, Edouard Philippe donne un petit pourboire. Ce sera je vous donne 300.000 millions d’euros, mais je retire toujours 6 milliards. Il faut voir tout ça dans une logique globale. Il donne 10 milliards d’euros aux plus riches, prend 6 milliards aux retraités. (…) On dit aux plus pauvres « vous allez financer les plus riches ». Même sous Nicolas Sarkozy, ce n’était pas si criant » lance le sénateur PS du Val-d’Oise. Regardez :
« Le gouvernement essaie de désamorcer, d’acheter la paix »
Pour sa collègue socialiste, Sophie Taille-Polian, c’est avant tout « un rétropédalage du gouvernement devant la grogne des retraités. On voit quand même un peu de fébrilité ». La sénatrice du Val-de-Marne ajoute : « On fait payer aux retraités, mais aussi aux usagers du service public les baisses d’impôts pour les sociétés et le maintien dans les critères européens des 3% de déficit ». Elle souligne les récents « sondages, qui ont démontré que parmi les personnes âgées, Emmanuel Macron était en retrait très fort. Le gouvernement essaie de désamorcer, d’acheter la paix. C’est purement électoraliste. Mais les gens ne sont pas dupes ».
Pour la majorité présidentielle, il s’agit aussi de tourner la page de l’affaire Benalla, au lendemain d’une audition très médiatique de l’ancien chargé de mission devant la commission d’enquête du Sénat. « Ce qui permettra de passer au-delà de Benalla, c’est du fond. Jusqu'à présent, ce qui a fait la popularité d’Emmanuel Macron, c’était ça » souligne un parlementaire marcheur. Mais « on ne tire pas encore parti du plan pauvreté ou hôpital ». Pour remonter la pente, l’exécutif devra peut-être faire de nouveaux ajustements. De là à dire qu’il devra battre en retraite…