Ce jeudi, une conférence rassemblant intellectuels et parlementaires français ont apporté leur soutien au peuple arménien dans le conflit avec l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh. Ils appellent à une action européenne.
Haut-Karabagh : au Sénat, élus et intellectuels alertent sur « l’épuration ethnique et religieuse » en Arménie
Ce jeudi, une conférence rassemblant intellectuels et parlementaires français ont apporté leur soutien au peuple arménien dans le conflit avec l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh. Ils appellent à une action européenne.
« C’est une épuration ethnique et religieuse qui se déroule devant nos yeux ». Bruno Retailleau, le président du groupe LR du Sénat n’a pas caché son inquiétude sur la situation des Arminiens dans le Haut-Karabagh. L’élu de Vendée est à l’origine d’une conférence qui se tenait au Sénat ce jeudi où cours de laquelle plusieurs intellectuels français, tels que les écrivains Sylvain Tesson, Pascal Bruckner ou encore Erik Orsenna ont apporté leur soutien au peuple Arménien.
Hasard du calendrier, ce même jour l’Arménie a affirmé vouloir recourir à l’ONU pour prévenir un « génocide » des Arméniens de l’enclave du Nagorny Karabakh qu’elle se dispute avec l’Azerbaïdjan. Le Haut-Karabagh est un territoire montagneux de 440 kilomètres carrés que se disputent l’Arménie, à majorité chrétienne, et l’Azerbaïdjan, à majorité chiite. En 2020, un cessez-le-feu avait scellé la défaite d’Erevan qui avait perdu le contrôle militaire du Haut-Karabagh peuplé à 95 % d’Arméniens. La Russie était intervenue auprès des deux anciennes républiques de l’Union soviétique. 2 000 soldats russes avaient été dépêchés pour enrayer la reconquête militaire de l’enclave disputée. Mais l’Arménie accuse les soldats de la paix russes de ne pas remplir leur rôle.
Les combats entre Azéris et Arméniens ont repris en septembre dernier. « L’Azerbaïdjan a même envahi une partie de l’Arménie. Il ne s’est pas contentée de menacer le Haut-Karabagh. Depuis le 12 décembre, le couloir de Latchin est bloqué par des soi-disant manifestants écologistes qui sont manipulés par le pouvoir de l'Azerbaïdjan », explique Gilbert-Luc Devinaz (PS), président du groupe d’amitié France Arménie. En effet, depuis près de 100 jours, des militants azéris bloquent l’unique route qui pourrait permettre à quelque 120 000 Arméniens de quitter le pays.
« Ce n’est pas qu’une guerre territoriale, c’est une guerre de civilisation »
« C’est une épuration ethnique et religieuse. L’Arménie témoigne cette volonté de ne pas s’effacer face au rouleau compresseur islamiste […] Ce n’est pas qu’une guerre territoriale, c’est une guerre de civilisation. Erdogan et Aliev sont porteurs d’un islam conquérant. Ce sont des nostalgiques de l’empire Ottoman et pour eux, l’Arménie est une anomalie », considère Pascal Bruckner.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, présent à la conférence évoque « un blocus hermétique qui prive de biens, de vivre, de médicaments et de liberté ». Il plaide « pour un grand effort international, en particulier européen ». « Si quelqu’un peut organiser cette conférence internationale, c’est Emmanuel Macron », estime l’ancien ministre.
« Les propos d’Emmanuel Macron sont forts mais au-delà des propos, il faut passer à l’action »
En octobre dernier, le chef de l’Etat avait apporté son soutien à l’Arménie, mettant en cause la Russie, qui aurait « joué le jeu » de l’Azerbaïdjan avec une « complicité turque ». « Les propos d’Emmanuel Macron sont forts mais au-delà des propos, il faut passer à l’action […] Evidemment, quand on regarde au niveau européen, la France est en pointe par dans la défense de cette cause. Mais, ce n’est pas suffisant. Et pour passer à l’étape supérieure, il faut l’Union européenne, entraîner l’ensemble de l’Europe. Aujourd’hui des empires renaissent en Europe et leurs ennemis ce sont les démocraties, et les démocraties, c’est nous », insiste Gilbert-Luc Devinaz.
Mais pour Bruno Retailleau, c’est plutôt « l’indifférence générale » qui règne au niveau européen. « Pire, Mme von der Leyen (présidente de la Commission européenne) a fait un accord gazier à Bakou avec l’Azerbaïdjan ». Le sénateur LR dénonce le « deux poids de mesures ». « Quand la souveraineté ukrainienne est violée, on réagit. Mais est ce que la vie et les douleurs des Arméniens ne valent pas aussi ? ».
Bruno Retailleau réitère sa demande de sanctions à l’encontre de l’Azerbaïdjan. Pour mémoire à l’automne dernier, le Sénat avait adopté à l’unanimité moins une abstention une proposition de résolution visant « à appliquer des sanctions à l’encontre de l’Azerbaïdjan et exiger son retrait immédiat du territoire arménien, à faire respecter l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 ».
« Nous pouvons dire que nous progressons, que nous sommes dans une approche qui peut permettre d’aboutir à un compromis », a salué le premier secrétaire, Olivier Faure, après une nouvelle rencontre avec le premier ministre. Une « discussion cash », qui n’a pas encore permis de lever toutes les interrogations. Alors que le bloc central est divisé, certains au PS, comme le sénateur Rachid Temal, défendent le recours à « un 49.3 de compromis ». Mais Sébastien Lecornu écarte toujours cette possibilité.
Le Premier ministre et la ministre des Armées ont rassemblé cet après-midi les parlementaires des commissions chargées des sujets de défense, dans une réunion à huis clos. Au menu des discussions : la hausse des crédits budgétaires militaires et l’organisation d’un débat sur ce thème à l’Assemblée nationale, et au Sénat.
À quatre mois des municipales, le Rassemblement national (RN) a donné, lundi 1ᵉʳ décembre, le coup d’envoi de sa campagne pour les élections municipales de 2026. Le parti d’extrême droite entend faire de ce scrutin un moment charnière de son implantation locale, longtemps considérée comme son principal point faible. En 2020, il n’avait conquis que dix municipalités, dont une seule de plus de 100 000 habitants.
Fondé sur le principe du pollueur-payeur, un amendement porté par la droite sénatoriale au budget 2026 propose de taxer les bateaux de croisières lors de chaque escale en France, à hauteur de 15 euros par passager. Son rendement est évalué à 75 millions d’euros par an.