Hervé Marseille : « La loi 3DS est une brocante où il y a toutes sortes de choses »

Hervé Marseille : « La loi 3DS est une brocante où il y a toutes sortes de choses »

Invité de Parlement Hebdo, le président du groupe Union centriste au Sénat est revenu sur une double actualité qui a marqué la chambre haute cette semaine : l’abandon par le gouvernement du référendum sur le climat suite à un désaccord sémantique entre l’exécutif et les sénateurs, mais aussi le projet de loi de décentralisation 3DS qu’Hervé Marseille trouve « décevant et beaucoup trop timide ».
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« Tout cela est ridicule, c’est de la posture ! Quand quelque chose ne va pas, qu’il se met à pleuvoir, c’est toujours la faute du Sénat ! ». Hervé Marseille n’a pas du tout apprécié que le gouvernement, et notamment son porte-parole, Gabriel Attal, qui accuse les sénateurs d’être « climato-sceptiques », et ainsi de leur faire porter la responsabilité de l’annulation par Jean Castex, de la tenue du référendum sur le climat voulue par la Convention citoyenne.

« Si vous trouvez quelqu’un au Sénat qui a pu parler au gouvernement au sujet de ce référendum, désignez-le-moi ! On n’a jamais eu un seul échange avec eux. Cela montre surtout l’échec du gouvernement et d’Emmanuel Macron en matière d’environnement. On dit que c’est la faute du Sénat, il a bon dos le Sénat ! », lance le sénateur centriste des Hauts-de-Seine. Avant d’ajouter : « Le chef de l’Etat et le gouvernement voulaient utiliser la Constitution pour faire un coup politique. Ce n’est pas en modifiant l’article 1 qu’on va faire progresser l’environnement. Nous au Sénat, nous sommes là pour faire la loi et c’est important de peser les mots. On ne peut pas écrire n’importe quoi pour faire plaisir. Quand on écrit quelque chose dans la Constitution, cela a une forte valeur, il y a du droit derrière tout ça, et des conséquences qui sont afférentes au plan juridique ».

« Si on veut un élan décentralisateur, il faut donner de vraies compétences aux élus »

Concernant le projet de loi de décentralisation 3DS, Hervé Marseille n’est pas plus tendre avec le gouvernement. « C’est un texte qui est décevant et si on remonte le fil du temps, ce texte a pour origine les Gilets jaunes. Entre le grand débat et les annonces faites par Emmanuel Macron, le gouvernement a dit qu’il voulait aller vers les territoires. Mais résultat : ce texte est un peu une brocante où il y a toutes sortes de choses : un peu de décentralisation, un peu de déconcentration, un peu de différenciation et maintenant de la simplification… », ironise le patron des sénateurs centristes.

Pour lui, « c’était la différenciation pour permettre à un territoire d’adapter la loi et surtout sa réglementation » qui était essentielle dans ce texte. « C’est une avancée, mais c’est trop timide. C’est très limitatif. On vous dit, vous allez pouvoir vous différencier avec la réglementation locale mais dans le texte, cela ne concerne que des choses mineures comme les taux de redevance de l’espace public ou le nombre d’administrateurs dans un CCAS (Centre communal d’action social, NDLR). Franchement, c’est peanuts. Cela ne va pas assez loin, si on veut un élan décentralisateur, il faut donner de vraies compétences avec des moyens aux élus locaux », tacle-t-il.

« Le covid ne peut pas devenir une nouvelle maladie nosocomiale »

Hervé Marseille a également livré sa position sur le projet de loi qui devrait arriver prochainement au Parlement notamment pour légiférer sur la vaccination obligatoire des soignants. « Le covid-19 ne peut pas devenir une nouvelle maladie nosocomiale. Si un soignant refuse de se faire vacciner, cela devient une faute dans le droit du travail, et c’est sanctionnable. Le propre d’une clinique ou d’un hôpital c’est de soigner les gens », a réagi le sénateur en se disant également favorable à la vaccination des corps de métier qui approchent des malades ou des personnes fragiles comme les aides-soignants. « J’espère aussi que ce texte permettra de se poser la question de la sortie de l’état d’urgence qui prend fin le 30 septembre », a-t-il ajouté.

« Une primaire à droite et au centre n’a pas de sens »

Enfin, sur l’élection présidentielle de 2022 qui approche à grands pas, Hervé Marseille s’est dit opposé à une primaire de la droite et du centre.

« Il y avait une promesse : ce sont les résultats des élections départementales et régionales, et il ne faudrait pas décevoir un électorat qui reprenait espoir. Je ne suis pas pour une primaire de la droite et du centre car à partir du moment où tout le monde n’est pas d’accord pour concourir dans cette primaire, elle n’a plus de sens. A partir du moment où Xavier Bertrand fait campagne à l’extérieur du périmètre de la primaire, cela n’a plus de sens », a-t-il assuré.

Tout en se questionnant sur les difficultés rencontrées actuellement par la droite et le centre à dix mois de la présidentielle. « Xavier Bertrand a pris une avance, mais tout cela est très difficile à comprendre. Hervé Morin soutient Valérie Pécresse, qui n’est pas encore candidate, et François Baroin ne l’est pas. Le propre de l’élection présidentielle, c’est de rassembler très largement les Français, et Bertrand a tout à fait la capacité, mais d’autres sont encore dans l’observation comme Edouard Philippe ou Michel Barnier. Je pense donc qu’il faut une décantation et attendre la rentrée pour qu’un rassemblement se produise autour d’un candidat ».

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