Hervé Morin dénonce «une espèce de condescendance à l’égard des élus» de la part de l’Etat
Le président de Régions de France, Hervé Morin, appelle le gouvernement à plus d’écoute des régions. « Il n’y a aucune posture politicienne dans la démarche des élus territoriaux » assure le président de Normandie.

Hervé Morin dénonce «une espèce de condescendance à l’égard des élus» de la part de l’Etat

Le président de Régions de France, Hervé Morin, appelle le gouvernement à plus d’écoute des régions. « Il n’y a aucune posture politicienne dans la démarche des élus territoriaux » assure le président de Normandie.
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Au lendemain d’un coup de gueule des présidents des associations d’élus, qui ont lancé « l’appel de Marseille » en faveur d’une relance de la décentralisation, le président de Régions de France, Hervé Morin, s’est fait jeudi le relais de leurs préoccupations, lors du Congrès des Régions de France (ex-ARF), dans la cité phocéenne.

Climat détérioré depuis des mois

Sur fond d’économies demandées par l’Etat, après de gros efforts déjà exigés par François Hollande, le climat s’est détérioré depuis des mois entre le gouvernement et les trois principales associations d’élus locaux : l’Association des maires de France, présidée par François Baroin (LR), l’Assemblée des départements de France, avec à sa tête Dominique Bussereau et les Régions de France.

Les trois associations sont dirigées par des élus de droite. Mais le président de la région Normandie a démenti toute « posture politicienne » de la part des élus locaux :

« L’Etat ne peut pas faire grand-chose sans nous et nous ne pouvons pas faire grand-chose sans l’Etat. Nous avions cette volonté de bâtir un chemin nouveau. Il n’y a aucune posture politicienne dans la démarche des élus territoriaux qui sont là devant vous, Monsieur le premier ministre ».

Hervé Morin dénonce un problème de méthode et un manque de communication. Et ses propos tranchent avec le ton habituel de ce genre de discours. « Je vois le ministre de la Fonction publique qui dit on va aider les collectivités locales à passer aux 35 heures. Et ben mon pote, c’est déjà fait ! La région Normandie, elle l’a fait » lance le président de centre droit de Régions de France, qui reproche au gouvernement de ne « même pas passer un coup de fil aux trois présidents de collectivités qui gèrent ces fonctionnaires. C’est quand même ahurissant ! » « Au bout du compte, on a une espèce de condescendance à l’égard des élus » dénonce Hervé Morin.

« Sur la loi Pacte, nous n’avons pas été consultés »

Autre exemple : « Sur la loi Pacte, nous n’avons pas été consultés. Je croyais que nous avions la compétence du soutien aux entreprises ». L’élu de Normandie souligne aussi que les régions n’ont « jamais eu le moindre retour de l’Etat » sur les propositions faites sur le thème de la différenciation et de l’expérimentation.

« On gagnerait beaucoup en efficacité si on gagnait en proximité » croit Hervé Morin. Les régions attendent ainsi « la décentralisation totale des crédits FEADER » dans le cadre de la politique agricole commune. Il dénonce aussi l’absence de « pilotage de la formation professionnelle, car il y a des acteurs infinis, Pôle emploi, les régions, les organisations professionnelles », alors qu’un texte sur le sujet a été adopté il y a peu au Parlement.

Le lapsus de Morin : « Je citais hier le président de la République, qui citait la vinasse… Levinas »

Les contrats que l’exécutif a voulu imposer aux collectivités – limitation de la hausse des dépenses de fonctionnement à 1,2 % par an, via un système de la carotte et du bâton –  sont aussi restés au travers de la gorge. « On a mal vécu le pacte financier, (…) on a mal vécu une leçon qui nous semblait d’autant plus injuste que depuis trois ans, les dépenses de fonctionnement des collectivités baissent » assure l’ancien ministre de la Défense.

Le cahier de doléances est bien rempli. Soulignant que « la confiance, c’est le rapport à l’autre », Hervé Morin y est allé au passage d’un joli lapsus (voir la vidéo ci-dessous) : « Je citais hier le président de la République, qui citait la vinasse… Levinas ». Habituellement à Marseille, c’est pourtant plutôt le Pastis que la vinasse. De quoi philosopher sur la place de la décentralisation en France.

Le lapsus de Morin : « Je citais hier le président de la République, qui citait la vinasse… Levinas »
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