Hollande fait irruption dans la campagne pour mettre en garde contre le « péril » Mélenchon

Hollande fait irruption dans la campagne pour mettre en garde contre le « péril » Mélenchon

A 11 jours du premier tour de la présidentielle, François Hollande a fait irruption dans la campagne pour mettre en garde contre le "péril"...
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Par Sabine WIBAUX

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A 11 jours du premier tour de la présidentielle, François Hollande a fait irruption dans la campagne pour mettre en garde contre le "péril" Mélenchon, dont la percée dans les sondages pourrait constituer une menace pour son ex-ministre Emmanuel Macron, souvent présenté comme son héritier.

Depuis des semaines, le chef de l'Etat ciblait ses attaques contre le camp des populistes et des extrémistes, visant principalement la candidate du Front national Marine Le Pen.

François Hollande au salon du livre le 23 mars 2017 à Paris
François Hollande au salon du livre le 23 mars 2017 à Paris
POOL/AFP

Cette fois c'est dans sa propre famille, la gauche, qu'il voit le danger poindre, avec l'ascension du leader de La France insoumise. Désormais crédité de 18 à 19% d'intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon, brillant orateur, séduit nombre d'électeurs de gauche déboussolés entre un candidat PS, Benoît Hamon, en perdition dans les sondages et le leader d'En marche! naviguant aux marges de la droite.

"Il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l’on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte", a clairement mis en garde le chef de l'Etat dans des confidence à l'hebdomadaire Le Point à paraître jeudi.

"Cette campagne sent mauvais", aurait, selon Le Monde,aussi confié le président en privé, redoutant un second tour Marine Le Pen / Jean-Luc Mélenchon.

Le président français François Hollande (g) et le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, lors de la visite d'une usine à Sablé-sur-Sarthe, le 4 mai 2016
Le président français François Hollande (g) et le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, lors de la visite d'une usine à Sablé-sur-Sarthe, le 4 mai 2016
AFP/Archives

Samedi, depuis Madrid, le président de la République avait déjà sonné l'alarme : "La tradition de la gauche ce n’est pas le protectionnisme (...) Ca n’a jamais été de se replier", avait-il affirmé à l'issue d'un sommet européen, rappelant que "c'est François Mitterrand qui a voulu l’ouverture, qui a fait en sorte que nous puissions bâtir l’Europe".

Dans le droit fil des confidences présidentielles, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, fidèle lieutenant de François Hollande, a réagi de la même manière à l'issue du conseil des ministres. Dans cette campagne, "on est en train de sortir de l'enjeu démocratique, il faudrait y revenir de manière sérieuse et argumentée", a-t-il dit.

"Ce ne sont pas les discours et les meetings qui comptent", il faut aussi "tout simplement regarder ce qui est proposé : Mélenchon sur le fond c'est quoi, c'est 270 milliards de dépenses publiques supplémentaires avec des conséquences sur les impôts", et c'est la "sortie de la France" de l'Union européenne, a ajouté le ministre de l'Agriculture.

Il y a encore une semaine pourtant, l'hôte de l'Elysée semblait beaucoup plus serein. "Aujourd'hui le vote de Mélenchon n'est pas un vote de victoire. Personne n'imagine que Mélenchon puisse prendre le pouvoir", confiait-il à des visiteurs.

- " Baiser de la mort " -

Le président, qui s'était engagé à ne pas intervenir dans la campagne en faveur d'un candidat avant le premier tour, laisse percer en privé sa préférence pour Emmanuel Macron, sans trop s'avancer.

"Aujourd'hui, il ne rendrait pas service en parlant, parce que toute l'argumentation de ceux qui contestent Macron c'est de dire que c'est Hollande bis", explique un de ses proches.

Le président français François Hollande (g) et son ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 22 février 2017 au dîner annuel du Crif à Paris
Le président français François Hollande (g) et son ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 22 février 2017 au dîner annuel du Crif à Paris
EPA/AFP

L'ancien conseiller et ex-ministre de François Hollande garde quant à lui soigneusement ses distances. "Je ne fais pas de décryptage. Je cherche le soutien de 51% des Français. Je ne vais pas faire l'exégèse des propos des uns et des autres", a-t-il éludé mercredi lors d'un déplacement dans le sud-ouest, en réaction aux propos présidentiels.

Pour Gaël Sliman, directeur de l'institut Odoxa, la marge est étroite pour François Hollande. "S'il dit explicitement qu'il soutient Macron, c'est le baiser de la mort" pour le candidat d'En Marche! Celui-ci perdrait alors "une grande partie des électeurs de droite" qu'il a réussi à séduire, explique-t-il.

En revanche, le chef de l'Etat peut "légitimement" s'en prendre à Jean-Luc Mélenchon qui est "désormais bien plus que le troisième homme, devenant un outsider très sérieux en mesure de se qualifier pour le second tour".

Le président, qui craint par dessus tout une réédition du 21 avril 2002 où Jean-Marie Le Pen avait accédé au deuxième tour en éliminant le socialiste Lionel Jospin, va continuer à battre de la campagne. Cette semaine il sera jeudi dans l'Yonne puis dans les Deux-Sèvres, vendredi à Sochaux, et dimanche dans l'Aisne pour la commémoration de la bataille du Chemin des Dames.

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