Hollande, « le spectre de l’Elysée » hyperactif
"Il court, il court", souffle une petite main de l'Elysée, devant la ronde infernale des déplacements présidentiels. Depuis qu'il...

Hollande, « le spectre de l’Elysée » hyperactif

"Il court, il court", souffle une petite main de l'Elysée, devant la ronde infernale des déplacements présidentiels. Depuis qu'il...
Public Sénat

Par Hervé ASQUIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

"Il court, il court", souffle une petite main de l'Elysée, devant la ronde infernale des déplacements présidentiels. Depuis qu'il a renoncé à se représenter, François Hollande tourbillonne pour continuer d'exister, même relégué à l'arrière-plan par la campagne.

Sa voix porte moins ? Les journalistes ont déserté le "Holland'Tour" ? Ses conseillers quittent le navire ? Qu'importe ! Lui qui a abdiqué le 1er décembre continue, envers et contre tout, et surtout l'indifférence qui gagne inexorablement.

Les fins de mandat cruelles et crépusculaires sont légion. Celle-ci l'est sans doute davantage encore après ce renoncement, sans précédent sous la Ve République.

Mercredi, une poignée de journalistes suivaient sans conviction le compte-rendu du Conseil des ministres, expédié par Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Ils étaient des dizaines encore il y a quelques semaines.

"Je suis le spectre de l'Elysée", plaisantait le chef de de l'Etat dans le livre des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Désormais, il s'emploie surtout à repousser l'ombre envahissante de sa fin de règne.

Depuis quelques semaines, les déplacements se succèdent à un rythme effréné, comme un antidote aux adieux qui l'attendent à la mi-mai, quand il remettra les clefs de l'Elysée à son successeur : Malte, l’Allier, la Drôme, Aubervilliers, Brest, Rennes, Ivry-sur-Seine, Malaga...

Hyperactif, François Hollande peut tenir trois discours dans une même journée. Lundi, il sera encore à Chartres et Dreux pour parler de la police, mardi à Angoulême pour évoquer la ligne de train à grande vitesse Tours-Bordeaux, avant la Corse, jeudi sans doute.

Il s'agit de "remettre en perspective, les yeux dans les yeux, l'action conduite depuis le début du quinquennat à l'aune des premiers résultats" même si "l'on aurait souhaité que, notamment dans le domaine économique et social, ces résultats viennent plus vite", explique son entourage.

Au contact de ses compatriotes, M. Hollande prend son temps et parfois aussi de la hauteur comme jeudi lors de l'inauguration du nouveau campus de Normale Sup', aux portes de Paris, qui l'aura vu disserter au côté de brillants esprits sur les vertus de la mondialisation et du libre-échange.

- 'Il s'exprimera' sur la présidentielle -

Tout juste laisse-t-il poindre une trace d'amertume quand il plaisante à ses propres dépens, invitant les universitaires qui l'entourent à lui communiquer leurs travaux pour que les "résultats" d'un prochain quinquennat qui ne sera pas le sien soient meilleurs.

Soucieux de réhabiliter son bilan, François Hollande est hanté aussi par la montée du populisme et des extrémismes, avec en ligne de mire le Front national et le président américain Donald Trump qu'il ne manque jamais de railler, la parole libérée puisqu'il ne devrait par croiser son chemin avant la fin de son mandat.

Pour le reste, le président sortant se tient à l'écart du débat politique. "S'il avait voulu peser dans la présidentielle, il aurait été candidat", souligne son entourage.

François Hollande avait déjà brillé par son absence lors de la primaire élargie du PS, prenant ses distances, au propre comme au figuré. Tandis que les électeurs du premier tour glissaient leurs bulletins dans l'urne, il contemplait l'air songeur l'immensité du désert chilien d'Atacama, à 12.000 kilomètres de la France.

Même détachement à l'égard de la campagne. Mais il pourrait n'être que provisoire. "Le moment venu, il s'exprimera", assure un proche. Quand et comment ? Fidèle à ses habitudes, le président devrait jouer l'effet de surprise pour mieux marquer les esprits.

Dans la coulisse, il s'emploie à recaser son entourage: le fidèle conseiller social Michel Yahiel à la tête de France Stratégie où il succède à l'économiste Jean Pisani-Ferry, parti rejoindre Emmanuel Macron, Vincent Feltesse, son conseiller politique, à la Cour des comptes...

A 62 ans, pas encore l'âge de la retraite, lui-même songerait à la présidence du Conseil européen qui supposerait toutefois un double adoubement, par son successeur et les Vingt-Sept.

Il lui reste aussi à effectuer de nombreux déplacements à l'étranger, la plupart dictés par l'agenda européen mais certains aussi organisés par l'Elysée comme la tournée asiatique qui le conduira fin mars en Malaisie, à Singapour et en Indonésie. La dernière avant le clap de fin.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hollande, « le spectre de l’Elysée » hyperactif
2min

Politique

Education nationale : « Je suis malheureux de l’instabilité ministérielle », déclare Jean-Michel Blanquer

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien ministre de l’Education nationale et auteur de « Civilisation française » (aux éditions Albin Michel) s’est exprimé sur la valse de ministres à l’Education nationale depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Selon lui, « il y aurait dû avoir un ou une ministre après moi, pendant 5 ans ».

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le