Revoilà François Hollande. En cette fin de campagne, le chef de l’Etat sort de sa cure médiatique. Il ne devait pas intervenir avant l’élection, du moins le premier tour. Il a changé d’avis. Jusqu’ici, c’est la menace du FN qui semblait inquiéter davantage le Président. Mais c’est visiblement la montée de Jean-Luc Mélenchon qui le pousse à sortir de sa réserve.
Dans un échange avec Franz-Olivier Giesbert, publié jeudi dans Le Point, il donne son analyse de cette campagne qui lui a échappé (voir le sujet de Quentin Calmet). « Il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l'on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte », a déclaré le chef de l'Etat, selon des propos rapporté par Le Monde. Tout le monde comprend qu’il parle de celui qui anime la fin de campagne.
S’il tacle Mélenchon, il ne soutient pas pour autant Benoît Hamon, au plus mal dans les sondages. On savait que François Hollande penchait plutôt sur le fond du côté d’Emmanuel Macron. Interrogé sur la candidature du leader d’« En marche ! », François Hollande se fait assez clair : « Je considère que la politique a besoin de renouvellement ». L’un des axes de la campagne de son ancien ministre de l’Economie.
« Tous s’allient contre nous. C’est une forme d’hommage du vice à la vertu » (Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon)
Une sortie de François Hollande qui n’ébranle pas l’entourage de Jean-Luc Mélenchon. « J’accueille ça avec un vaste éclat de rire, tellement tout ça et grossier et caricatural. Tous s’allient contre nous. C’est une forme d’hommage du vice à la vertu » répond Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, interrogé par publicsenat.fr.
« Il y a une dynamique populaire telle autour de Jean-Luc Mélenchon que tous les défenseurs de l’ordre actuel sont terrorisés. Ils racontent n’importe quoi. C’était les mêmes qui expliquaient en 1981 que les chars russes allaient défiler sur les Champs-Elysées. François Hollande était silencieux et sort de sa boîte pour nous injurier. Mais plus ils grognent et plus ça veut dire que nous avons raison. C’est un peuple qui se lève. Le printemps est de retour ! » s’enthousiasme Alexis Corbière. Pour le porte-parole, c’est François Hollande qui est « responsable du péril, avec un millions de chômeurs en plus, une parole piétinée sur le traité européen, qui devait être renégocié. Et il vient nous donner des leçons… Qu’il arrête de mépriser les gens ».
Hollande sur Konbini : Snoop Dog et petites blagues
Le plan com’ de François Hollande, qui veut montrer qu’il est là jusqu’au bout, ne s’arrête pas là. Outre Le Point, le président de la République parle au Monde au sujet de la Syrie. Pour cibler les jeunes, tentés par Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou l’abstention, François Hollande a même enregistré la semaine dernière une interview à Konbini. Vidéo ultra montée, Snoop Dog pour la bande son : c’est du Hollande destiné aux réseaux sociaux. Un extrait de 5 min a d’abord été diffusé aujourd’hui sur la page Discover, fonctionnalité de Snapchat, avant d’atterrir sur le Facebook de Kombini.
Et que fait François Hollande quand il parle aux jeunes sur les réseaux ? Du François Hollande. Interrogé pour savoir ce qu’il dirait à un de ses électeurs de 2012, alors qu’il y a aujourd’hui un candidat PS ? « Je lui dis qu’il faut continuer » répond le Président, semblant ouvrir la porte à un vote Hamon… En fait, non. « Il y a des candidat, même s’ils sont différents. (…) Il faut aller vers ceux qui sont plutôt dans la suite. L’histoire ne s’arrête pas. Il faut aller vers la marche du progrès »… De quoi renvoyer à Macron. A-t-il un héritier ? « J’en ai même plusieurs » répond François Hollande qui, fidèle à lui-même, ne peut s’empêcher de faire une blague : « En cas d’insomnie, j’ai Kombini ». Là encore, du Hollande tout craché.