François Hollande, qui avait soutenu du bout des lèvres Emmanuel Macron avant le premier tour, lèvera "très clairement" et "rapidement" toute ambiguïté pour appeler à voter en faveur de son ancien protégé et ministre au second tour face à Marine Le Pen.
De quelle manière? L'Elysée préserve l'effet de surprise, se contentant d'indiquer qu'il le fera "sous la forme qu'il décidera".
Mais le soutien du chef de l'Etat au leader d'En Marche ! ne fait désormais plus l'ombre d'un doute. "Bien entendu, le président exprimera très clairement son choix pour le deuxième tour de l'élection", dit-on à l'Elysée.
"Le président, dès qu'il a eu les premières estimations solides, vers 20H15, a appelé Emmanuel Macron pour le féliciter pour sa qualification pour le deuxième tour", ajoute-t-on de même source.
"Vous imaginez bien son choix entre un de ses anciens ministres qui a travaillé avec lui et la représentante de l'extrême droite", a insisté un proche du chef de l'Etat, qui constate qu'Emmanuel Macron "est en situation de remporter l'élection présidentielle", ayant su, selon lui, "proposer une offre renouvelée qui a permis de rassembler".
Ces dernières semaines, le chef de l'Etat s'était abstenu de soutenir ouvertement l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée et ministre de l'Economie, soucieux de ne pas donner du grain à moudre au candidat de la droite François Fillon, qui faisait d'"Emmanuel Hollande" l'une de ses cibles de prédilection.
- "Baiser de la mort" -
C'eût été "le baiser de la mort", avait analysé le politologue Gaël Sliman, directeur de l'institut Odoxa, le leader d'En Marche ! risquant de perdre, avec ce soutien encombrant, "une grande partie des électeurs de droite" qu'il avait réussi à séduire.
En privé, François Hollande assurait pour sa part que si la candidate du Front national Marine Le Pen se qualifiait pour le second tour, il appellerait à voter pour son adversaire, quel qu'il soit.
L'enjeu du second tour est "qu'elle fasse le score le moins élevé possible", souligne à présent un proche du chef de l'Etat.
Mais les relations entre le président et son fils spirituel n'ont pas toujours été sans aspérités. François Hollande avait ainsi estimé que l'ascension d'Emmanuel Macron n'était que le fruit d'un "concours de circonstances", dans une interview au Point.
Ceci "ne suffit pas, il faut un contenu qu’il doit affirmer encore", avait-il encore averti, semblant douter de sa carrure présidentielle.
Réponse peu amène d'Emmanuel Macron à son ex-mentor: ni les Français ni les candidats n'attendent la position politique du chef de l'Etat. Quant au "concours de circonstances", il relevait selon lui d'une "profonde erreur" d'analyse des "gens de gauche comme de droite (qui) ne veulent pas voir ce qui est en train de se passer".
"Ce que nous portons c'est une rupture, un changement profond des pratiques de la vie politique et de son organisation. Ils ne veulent pas comprendre, qu'importe ! Les gens comprennent", avait-il opposé.