Premier d'une série de cinq documentaires consacrés par France 3 aux présidents de la Ve République, "Hollande, le mal-aimé" réalisé par Jean-Michel Djian, dresse le bilan du quinquennat et le portrait en creux d'un président devenu "victime expiatoire d'un système à la dérive".
Dans son film, diffusé lundi soir sur France 3, l'auteur a recueilli les témoignages d'une vingtaine de personnalités qui éclairent de souvenirs et d'analyses ce qu'il appelle "le désamour" du président Hollande par les Français.
Des politiques tels que Julien Dray, Daniel Cohn Bendit, Cécile Duflot, Jack Lang et François Bayrou, des journalistes dont Edwy Plenel, patron de Mediapart, ou le président du Medef, Pierre Gattaz, mais aussi la créatrice Agnès B. qui l'a relooké, tous livrent leur vision de ce président qui voulait être "normal".
"Ça, ce n'était pas supportable pour les Français, ils sont trop anxieux pour avoir à leur tête un président normal", a déclaré à l'AFP Jean-Michel Djian. "Il ne veulent pas de sa normalité, ils veulent un président extraordinaire."
Au contact de François Hollande, dans un dîner, "on oublie vite qu'il est président", déclare Yves Jeuland, cinéaste, auteur d'"Un temps de président", intervenant dans le film.
Chaque chef d’État a eu une manière de s'adresser aux Français, note encore Jean-Michel Djian. "Charles de Gaulle savait parler à la France, François Mitterrand savait parler aux Français, mais aujourd'hui François Hollande, lui, parle aux journalistes."
Il est "dans le dédoublement", poursuit le réalisateur. "Sa force c'est cela. Un président formica, tout glisse sur lui", ajoute-t-il, citant la formule d'un correspondant de l'AFP à l’Élysée, Hervé Asquin, dans le film.
"Quand le président a compris qu'il devrait se soumettre aux fourches caudines de la primaire de la gauche, il ne s'y est pas résolu", dit Jean-Michel Djian. La primaire véhicule l'idée que "tout le monde peut être président": François Hollande est "la victime expiatoire d'un système à la dérive, mis en place par ses prédécesseurs".
Pour le réalisateur, à partir du 1er décembre, date à laquelle il renonce à candidature, François Hollande devient "le spectateur éclairé de sa propre défaite".